Complémentaire
Malgré tout, elle tourne. Malgré le pangolin, malgré la période singulière que les humains traversent, la vie terrestre poursuit son petit bonhomme de chemin. Ainsi, parmi d’autres espèces, chevreuils, sangliers et cerfs vivent, s’alimentent, se reposent, se reproduisent et meurent. Pas assez, aussi l’homme doit-il particulièrement chasser les ongulés sauvages. Au-delà des problèmes de dégâts et de collisions routières, le risque sanitaire est réel. Tuberculose et peste porcine africaine, entre autres, demeurent des menaces. Rappelons que si la Ppa a disparu de Belgique, la maladie sévit désormais dans certaines régions d’Allemagne et de Pologne. Mais comment chasser collectivement le grand gibier en période de confinement tandis que nous devons respecter les gestes barrières, lesquels limitent… le collectif ? Figurezvous qu’il existe des alternatives à la battue traditionnelle.
Ainsi il existe des pratiques cousines de la battue. Fort anciennes car s’inspirant des chasses à l’arc du temps jadis, comme le révéla Henri de Ferrières dans le premier traité de chasse en langue française paru quelques saisons avant celui du plus connu Gaston Fébus, à la fin du XIVe siècle. Bref, la battue peut se marier de façon harmonieuse avec l’approche et l’affût. Ce qui permet de chasser
semi-collectivement le grand gibier.
Il ne s’agit pas ici de discréditer la battue bruyante, de se détourner de la traque avec moult chiens, courants ou non. Pour ma part, amateur d’approche comme de vènerie, aimant le travail et la musique des chiens, je ne hiérarchise pas les modes de chasse, cela reviendrait d’ailleurs à hiérarchiser les hommes. Je crois davantage à la complémentarité des choses.
Ce mois-ci, à travers un dossier inédit [p. 34], nous vous invitons à découvrir la poussée, l’affût-poussée et la traque-affût. Le principe de ces modes de chasse, pratiqués essentiellement dans le Nord-Est, est double : lever les animaux sans les effrayer ; poster les chasseurs de façon isolée, au plus près du gibier, au coeur des enceintes. Double révolution. Ces techniques sont particulièrement adaptées aux territoires petits et moyens, péri-urbains et… aux temps confinés. Car s’ils peuvent agir simultanément en nombre, les chasseurs oeuvrent individuellement.
La tradition est souvent évoquée, or, en matière de chasse à tir, celle-ci est somme toute récente. Comparée à la plurimillénaire chasse à la glu supprimée par le gouvernement actuel, à l’arc, aux chasses piégeantes, à la vènerie.
Il est stimulant et réconfortant de songer qu’à l’aube de 2021 la chasse peut se réinventer, et que diverses pratiques peuvent cohabiter. Vive la biodiversité cynégétique !
Nous vous recommandons également l’excellent billet de Guy Bonnet [p. 20], lequel constitue une réflexion sur la remise en cause de la chasse par certains. Remise en cause qui concerne en réalité des pans entiers de notre société, au nom de la cancel culture, mouvement venu des États-Unis consistant en une étrange détestation de soi-même.
L’équipe de Connaissance de la Chasse vous souhaite de belles fêtes de Noël, et vous présente ses meilleurs voeux à l’occasion d’une nouvelle année enfin normale. Bonne lecture à toutes et à tous.
François-Xavier Allonneau fx.allonneau@editions-lariviere.com