« Wilderness Hunter » : Bergara signe une carabine pour le chasseur baroudeur
Précision, robustesse, fonctionnalité et prix réduit. La Wilderness de Bergara vous offre toutes ces qualités et un tempérament de baroudeuse.
Précision, robustesse et fonctionnalité assorties de prix toujours justes et contenus. Telles sont les qualités des carabines Bergara. La « petite dernière », la Wilderness, ne déroge pas à la règle et pour 1145 euros seulement vous offre toutes ces qualités et un tempérament de baroudeuse qui ne craint ni les coups ni les mauvaises conditions climatiques.
Bergara a débuté sa carrière en France il y a moins de dix ans avec deux modèles. La firme espagnole proposait une petite carabine basculante toute simple en composite légère et économique, la B13 (toujours au catalogue), et une carabine à verrou take-down mais ventrue et assez moche, la BX11. Ces deux carabines n’auguraient pas du succès que rencontrerait la marque jusqu’à… ce qu’on les essaie. Jusqu’à la deuxième balle en fait. C’est alors, en regardant la cible, que vous compreniez qu’au-delà des apparences, ces carabines avaient une qualité indéniable, la qualité que nous recherchons tous : une précision incroyable. Les essayer c’était les adopter.
Logique après tout, il y a peu de temps encore Bergara était exclusivement un fabricant de canons rayés. La marque produisait des canons pour d’autres grands manufacturiers. Elle était donc inconnue ou presque des chasseurs et tireurs à l’exception d’une poignée de passionnés. Mais ça c’était avant… Avant donc que Bergara ne se dise qu’il était sans doute dommage de ne pas profiter de son savoir-faire et de ses canons pour réaliser sous son nom des carabines de tir et de chasse. Et la marque a mis les bouchées doubles. Si les premiers modèles étaient donc assez laids ou quelconques, mais précis, très vite, notamment avec le modèle B14
elle a trouvé un design et une arme moderne et agréable qu’il lui suffirait ensuite de décliner. Et c’est ce qu’elle a fait avec la régularité et surtout la vitesse d’un danseur de flamenco. Olé !
Tout temps, précis et éco
Année après année, la gamme s’est enrichie de nouveaux modèles, souvent tout temps, toujours précis et riches d’une grande offre de calibres – lorsque l’on fabrique ses canons il serait dommage de se limiter à deux ou trois cartouches par modèles. Après les modèles Hunter, Timber, Woodsman et Ridge, voici cette année une nouvelle déclinaison du B14, la Wilderness. Que l’on pourra traduire par région sauvage, qui traduit bien à quoi se destine cette carabine. Une version améliorée de la B14 qui de l’avis même de Bergara doit faire le lien entre cette dernière et la série Premier Deux carabines composent cette nouvelle famille, une Hunter qui comme son nom l’indique est destinée aux chasseurs, et une Terrain – il faut faire preuve d’un peu plus d’imagination – davantage tournée vers les tirs lointains ou la cible. Vous vous en doutez, surtout si vous avez lu le titre de cet article, c’est le modèle Hunter que nous avons décidé de tester et de vous présenter. La particularité de cette carabine, dans les deux versions d’ailleurs, est de disposer d’une crosse d’un nouveau genre même si, extérieurement, sa relime est la même que celle des autres B14 et n’est pas vraiment originale. On retrouve des formes connues et appréciées depuis toujours. Le busc fixe est droit, la poignée pistolet assez peu prononcée et peu renflée, le devant long et rond, avec une surface plane d’une petite dizaine de centimètres juste devant le puits du chargeur amovible. Bref, du classique auquel s’ajoute un quadrillage moulé à triple pointe conforme à celui des autres modèles de la marque et d’une grande partie de ses concurrentes.
Mais j’ai bien précisé que cette crosse était différente… Dans sa composition tout d’abord. Elle est faite de polymère, renforcée de fibre de verre, dans lequel ont été noyés des inserts d’acier pour plus de rigidité et de précision. Dans sa finition aussi elle innove. Elle est revêtue d’une robe camouflée originale proche de ce que Weatherby proposait il y a déjà quelques années pour ses Van Guard dans des déclinaisons Desert ou Stone. Ici ce
serait plutôt une inspiration pierre ou montagne qui semble avoir prévalu. La crosse est en effet composée de nuances colorées grise, kaki et beige plus ou moins foncées et dégradées qui créent un effet camouflé et naturel du meilleur effet, peintes à la main, il faut le signaler, chaque modèle étant en quelque sorte unique. À ces nuances s’ajoutent de petits filets noirs, façon dégoulinures ou fêlures, qui viennent casser l’impression de masse et aider un peu encore à donner à cette monture l’apparence de la roche. Ces traits noirs sont en relief et forment comme un grip supplémentaire à la surface de la crosse. Mais ce n’est pas tout. La crosse une fois colorée a reçu une finition Soft Touch, un effet velours apposé au pistolet et qui crée une pellicule moelleuse et douce en surface. De fait, dès que vous touchez la crosse à main nue, vous n’avez pas l’impression de toucher du plastique froid et dur. Au contraire l’impression est une grande douceur, un matériau sinon chaud du moins à température ambiante. Ainsi revêtue, la crosse semble offrir une moindre résonance aux chocs et donc moins de bruits capables de vous trahir.
Elle se termine enfin par une plaque de couche noire et pleine en plastique avec là encore un effet caoutchouté. À noter, il n’y a pas de joue sur cette crosse, pas plus que sur la majeure partie des armes à crosse composite.
Deux grenadières classiques équipent cette arme pour l’installation d’une bretelle ; malgré sa vocation approche et affût ou encore baroud, du fait de sa robe camouflée, on ne trouve pas ici de grenadière supplémentaire pour l’installation d’un bipied.
Quatre calibres pas plus
Le canon rond mesure 56 cm, la norme chez Bergara pour les calibres standard. Il est réalisé dans un acier au chrome molybdène, du 4140 CrMo pour les spécialistes. Pour les magnums on passe à 61 cm. Deux calibres magnums et deux standards sont proposés – pour le moment – sur cette carabine, il s’agit du 7 Rem. Mag, du .300 Win. Mag, du .308 Win. et du 6,5 Creedmoor, le calibre que nous avons testé. Dommage au passage que Bergara, comme la plupart des fabricants de canons et de caraplus
bines, n’ait pas encore compris que le 6,5 Creedmoor, à la différence du .308 Win par exemple, a besoin d’un canon long pour donner la pleine mesure de son immense potentiel et de toutes ses qualités balistiques. Il lui faudrait lui aussi un « tube magnum » ou si vous préférez une longueur de 61 cm. Mais dans l’immédiat, il faudra se contenter de 56 cm. Ce canon est dépourvu d’organes de visée et n’est pas fileté. Là encore c’est étonnant et regrettable, les modérateurs sonores sont enfin autorisés chez nous depuis quelques saisons et un filetage d’usine aurait été le bienvenu plutôt que de devoir le faire réaliser ensuite. Si le filetage est pour vous indispensable, jetez alors un oeil à la version Wilderness Terrain
Dans les deux cas la culasse reste libre, ce qui permet de la manipuler et de la décharger sans avoir à ôter la sûreté. J’avoue préférer les sûretés à trois positions ou celles à deux positions mais avec une culasse bloquée et une pédale de débrayage car à l’approche, cela évite de découvrir que la culasse s’est ouverte involontairement et qu’une cartouche se promène dans la nature. Néanmoins, à la décharge de Bergara, disons que la culasse ne s’ouvre pas trop facilement et qu’une telle déconvenue ne devrait pas être fréquente. Le pontet abrite une détente directe qui est remarquable. Cette détente est le modèle mis au point par la firme espagnole et dénommé Performance Trigger, un nom qui suffit à la qualifier et qui n’est pas usurpé.
Ce boîtier abrite une culasse mobile cylindrique à deux tenons de verrouillage avant. Du classique, les tenons débordent – de plus en plus on voit des culasses dont le corps possède un diamètre supérieur à la circonférence des tenons, ce n’est pas le cas ici. Ces deux tenons nécessitent une rotation de 90° du levier d’armement, mais ces opérations se font en douceur. Non seulement parce que les ajustages sont bons mais aussi parce que la face antérieure des tenons est conique afin de faciliter la rotation. La tête de culasse est en forme de cuvette et elle abrite un éjecteur sous la forme d’un piston sous tension de ressort et une petite griffe d’extracteur logée dans un usinage du tenon droit. Le corps de la culasse est soigneusement poli glace sans aucune aspérité ou rail ni usinage de guidage. Le chargeur amovible est à simple pile et permet de loger trois cartouches standard et deux magnums.
Lors de nos essais, nous nous sommes rendus au stand de tir de l’armurerie Cauchoise à Yvetot (Seine-Maritime). Pour cet essai nous disposions de deux types de munitions, des Hornady Hunter ELD-X de 9,3 g (143 gn) et des Winchester Extreme point de 8,1 g
(125 gn). La cible publiée qui contient cinq balles est celle réalisée avec les balles Hornady, celle réalisée avec les Winchester et qui ne comportait que trois balles est identique. Même si le groupement est bon, il est, reconnaissons-le, moins bon que ceux réalisés avec d’autres Bergara B14. La raison tient sûrement au grossissement maximal de 4x seulement de notre lunette, là où d’ordinaire nous testons souvent des 10x.
Les 3,2 kg de la Wilderness ne sont pas trop lourds et surtout l’arme est ainsi très bien équilibrée, ce qui lui donne une bonne balance et de l’inertie lors des tirs en mouvement qui aident au contrôle du swing, ce que je constaterai très vite car pour parachever notre séance et même si la vocation du 6,5 Creedmoor n’est sans doute pas là, nous l’essayons au sanglier courant. Au programme quelques allers et retours pour jauger de la fluidité du réarmement mais aussi de la montée à l’épaule de l’arme et de ses qualités pour des tirs à bras francs. Les balles qui viendront frapper le sanglier au défaut de l’épaule attestent sur tous ces plans des qualités de cette arme.
Bien sûr je continue de regretter l’absence de filetage ou le canon un peu court pour une 6,5 Creedmoor, mais il est rare aujourd’hui de trouver une carabine de cette qualité, de cette précision avec un tel équipement (Cerakote, crosse renforcée, peinte à la main et revêtement Soft
Touch) pour 1 145 euros seulement. Bref, une séance sans heurt qui confirme que cette Wilderness est bien née mais aussi tout le bien que nous pensons de ces carabines espagnoles à petit prix et douces. La preuve que les Ibères ne sont plus du tout rudes…
Culasse : avant.
Boîtier de culasse : acier, prévu pour embases de Remington 700. Extraction : éjecteur piston et griffe d’extracteur.
Calibres : .308 Win., 7 Rem. Mag, .300 Win. Mag et 6,5 Creedmoor (calibre testé).
Crosse : busc droit poignée pistolet et devant rond en composite + fibres de verre avec inserts d’acier, peinte à la main avec une finition Soft Touch. Prix : 1145 euros.
Autre version : Wilderness Terrain à canon fileté + frein de bouche, busc réglable et chargeur long
(1 400 euros).