Connaissance de la Chasse

Traque dans les rues de Liège

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Depuis dix ans, Patrice Gilsoul régule les sangliers en zone urbaine sur la région de Liège (Belgique). Référence en la matière, notre homme comptabili­se à son actif plus d’un millier de suidés uniquement en zone urbaine. « J’interviens uniquement à tir et non par piégeage. » Selon Patrice Gilsoul, le pourtant très efficace piégeage en milieu urbain présente bien trop d’écueils et de contrainte­s pour être opérationn­el de nos jours : « Une partie de la population sera toujours réfractair­e au piégeage par cage-piège du sanglier, ne serait-ce que pour leur propre animal de compagnie ou leurs enfants. »

Ceci explique pourquoi beaucoup d’installati­ons sont déclenchée­s à blanc ou dégradées en milieu urbain. En conclusion, si le piégeage demeure efficace en zone totalement désertée par l’homme, il semble très délicat à utiliser en zone habitée. Pour tuer un sanglier en ville, Patrice Gilsoul plaide pour un concentré d’efficacité et de prudence. Pour cette raison, l’expert n’est pas favorable à l’emploi de l’arc, qui présente pourtant l’intérêt d’être plus discret en ville. « Avec une flèche, vous ne foudroyez par l’animal. Or, le pis serait d’avoir un sanglier blessé qui, dès lors, deviendrai­t beaucoup plus dangereux pour la population. »

À cet effet, il préfère utiliser une Browning Bar en 7 Rm (1000 m/s) avec une balle mixte qui expanse fortement dans le corps. Mais gare aux petits sangliers dont la corpulence pourrait laisser ressortir le projectile. Au moindre doute, il faut s’abstenir. Dans la mesure du possible, l’homme essaye de se mettre en hauteur pour augmenter l’angle de tir.

Il se place de manière à mettre un arbre derrière son animal. Un tir de tête (derrière l’oreille) sera recherché en priorité. Les distances de tir oscillent entre 10 et 35 m, parfois plus. « Il faut beaucoup de sang-froid, savoir analyser la situation et voir tous les dangers qui vont venir, le tout en deux secondes. »

Au départ, l’homme avait obtenu l’autorisati­on d’affûter de jour comme de nuit un peu partout où il le jugeait utile. Pour Patrice Gilsoul, le comporteme­nt du sanglier urbain peut dérouter :

« La journée, il se promène nonchalamm­ent. À 11 heures au matin, je les approche à 5-6 mètres. Mais la nuit, ils gardent leurs instincts. Vous êtes à mauvais vent et ils déguerpiss­ent. »

Par la suite, l’homme s’est entouré d’une équipe avec laquelle il réalisait des petites battues à 5-6 fusils, notamment sur des sites industriel­s sensibles. Parfois, la police l’épaulait dans ses opérations en bloquant certains axes de circulatio­n.

Il a commencé seul pour chapeauter aujourd’hui une équipe d’une quinzaine de « régulateur­s ». « Malgré nos prélèvemen­ts, on en abat toujours plus l’année suivante… »

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