Cosmopolitan (France)

SARAH

Américaine, elle s’installe en France par amour, et s’inscrit dans une école de joaillerie. elle Et espère que, bientôt, rêvera en français.

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Je grandis à Chicago, entourée de parents hippies qui prônent le bio et le grand air. On skie beaucoup dans ma famille, et en snowboard, je me débrouille super bien, au point que mes entraîneur­s me poussent à passer pro. Une bague en or, c’est le cadeau de mon grand-oncle pour mes 15 ans. C’est mon premier bijou, et je suis fascinée par la joaillerie. J’aimerais bien en faire mon métier. Mais on me répète que je suis tellement douée pour le snowboard. Et comme je serai à la retraite à 25 ans, je ferai ça après. Je fais une grave chute à 20 ans. Fini le rêve de la compétitio­n. Je repense alors à la joaillerie, mais j’aime aussi la mode, et on me dit – on me donne beaucoup de conseils ! – que c’est plus facile d’intégrer une école de stylisme. Pendant quatre ans, je vis à New York. On ne survit dans cette ville que si on a trois boulots. Alors, quand on me propose aussi de faire du mannequina­t, parce que je suis grande, j’accepte. En fait, ça consiste à traverser la ville quatre fois par jour mon book sous le bras. Je sais bien que quelque chose me manque : je vis avec un garçon mais comme je vais mal, mon couple bat de l’aile. À 26 ans, adieu l’amour. Ma période mannequina­t aussi. Au fond, je ne suis pas faite pour ça. Je veux créer des bijoux, et cette fois, je n’écouterai plus les conseils qu’on me donne “pour mon bien”. Je prends des cours dans un studio de joaillerie. Je vis de mes économies. Après la folie des sorties, je suis seule, mais enfin en accord avec moi-même. Je pars skier en France faire un trip snowboard avec une amie. Un de ses potes français, Nico, doit nous rejoindre. Mais mon amie a un petit accident et elle doit rentrer. Je reste seule avec Nico, le temps de tomber amoureuse. S’ensuit un an d’amour à distance, et quand il me demande de vivre avec lui, je dis oui. Avec mon visa étudiant, je m’inscris à l’Académie des métiers d’art, section joaillerie. Je m’y perfection­ne encore avec une formation en deux ans, que je paie avec ce qu’il me reste de mes années de mannequi- nat. J’apprends à sculpter la cire, façonner le métal, choisir les gemmes. Je viens de créer ma première collection sous ma marque, Sarah Appleton. En même temps, j’apprends le français, pas facile comme langue. Le plus dur ? Suivre une conversati­on de plus de trois personnes. Les gens ici sont curieux, la vie sociale est plus “intime”. Aux États-Unis même un dîner entre copains se passe au restau. Et je rassure les Américains qui se demandent s’il y a des magasins bio en France : oui, plein. À 40 ans, je me vois près de l’océan, dans un bureau-atelier dans lequel je créerai mes collection­s de bijoux. Avec mon mari et mes enfants.

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