Cosmopolitan (France)

PAULINE

Avec ses allures de poupée, elle est la seule femme club en France à diriger un de foot, le Red Star.

- Par Martine Tartour. Photo Julie Ansiau.

Petite, je rêve d’être journalist­e sportive. Je vis à Marseille, quatrième d’une fratrie de cinq filles. Pas beaucoup de fans de foot à la maison donc, mais moi, à 2 ans, je cours après le ballon. À 10 ans, je découvre l’ambiance du Stade Vélodrome un soir de match. Ça vient d’où, cette passion ? Ça reste le grand mystère familial. J’intègre le lycée Thiers en prépa littéraire. Puis je m’installe à Aix pour faire Sciences Po. J’ai toujours en tête d’être journalist­e, mais plutôt en militante, à la Françoise Giroud. Avec quelques amis du Stade Vélodrome que je recrute à Aix, tous les samedis, on part en car : je ne rate pas un match. 22 ans, année de césure à Paris. Plutôt sympa la capitale, je vis en coloc, mais je reste une énigme pour les autres. « La Marseillai­se, comment ça se fait qu’elle n’a pas d’accent ? » Soupir. Je prépare mon master à l’ESCP, une école de commerce à Paris, section médias. Toujours en coloc, mais avec deux garçons. J’ai aussi trouvé un boulot dans une boîte de prod, où je travaille sur des documentai­res traitant de sujets aussi variés que l’art culinaire ou la guerre d’Indochine. Et je réponds à une annonce : Sport 24, la chaîne sportive du Net, cherche une commentatr­ice. L’entretien se passe bien : « Elle s’y connaît en foot, pour une nana. » Eh oui, être une fille dans le monde du foot, ça intrigue. Et on veut toujours vous piéger : « Allez, meilleur buteur à la Coupe du monde de foot de 1966 : Eusébio ou Pelé ? » En attendant, je commente plus de quatre matchs par semaine. Ensuite, j’entre dans une boîte de conseil pour faire du consulting. Ce n’est pas une passion, plutôt pour faire comme tout le monde après une école de commerce. C’est là que Dailymotio­n me contacte pour un poste de responsabl­e du contenu sport. Eurêka ! Tout me convient, le travail intense, l’équipe (de 30 à 150 personnes), l’ambiance, avec des tables de pingpong au milieu des salles de réunions… Je vais souvent à Marseille encourager l’OM. À 26 ans, ma rencontre avec le Red Star. J’adore ce club, il a une vraie histoire, son fondateur est l’homme qui a créé la Coupe du monde au début du xxe siècle : Jules Rimet. Sans les moyens du PSG, loin de là, ce club a tellement d’authentici­té ! À 28 ans, je deviens directrice générale, je négocie les salaires des joueurs, visse le budget, supervise le marketing. J’assiste à tous les matchs, mais jamais de familiarit­é avec les joueurs. Et qu’on gagne ou qu’on perde, ça rejaillit sur moi. Ce métier, c’est une passion hyper chronophag­e. Mais c’est une expérience extraordin­aire. D’ici mes 40 ans : je ne sais pas. Comme on dit : « On fait des plans, mais là-haut, Dieu se marre. » À 18 ans, je ne me voyais pas du tout diriger un club de foot !

l

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France