Cosmopolitan (France)

CAROLE

Paris Elle vit depuis dix ans à seule ou et a déménagé cinq fois, ses à deux, mais toujours avec le bras. machines à coudre sous Elle vient La couture, c’est sa passion. l’enseigner. d’ouvrir un atelier pour

- Par Martine Tartour. Photo Julie Ansiau.

Petite, je dessine, je couds des robes pour mes poupées, je fabrique des cabanes pour mes souris blanches… À Nantes, où je grandis, mon grand-père a un atelier, une vraie caverne d’Ali Baba pour moi. À 16 ans, mes parents divorcent. Je bifurque plutôt vers un bac pro en communicat­ion commercial­e. Pas vraiment ce que j’aimerais, mais je veux surtout décrocher un bac, peu importe lequel. Après le divorce, je m’installe chez mon père. Ma belle-mère a une machine à coudre et me montre comment m’en servir. Je ne sais pas encore que ce sera l’objet qui m’accompagne­ra toute ma vie. Je veux être styliste. Il y a bien le Lycée de la mode à Cholet qui prépare à des BTS, mais les critères d’entrée sont hyper exigeants. Je me tourne vers le privé et je retiens Esmod à Rennes. Mais c’est cher. Réunion de famille. Mes parents, mes grands-parents m’aideront, et je travailler­ai aussi à côté. Deux ans, en mode boulot-boulot-boulot. Je ne fais que travailler pour rendre mon travail à Esmod en temps et en heure. Car, en plus, je cumule les petits jobs : femme de chambre, serveuse… À 21 ans, impératif, la 3e année se fait à Paris. Me voilà dans la capitale, et pourtant, je ne cours pas les fashion weeks. Je découvre d’ailleurs un univers qui ne me plaît pas trop. Alors plutôt qu’un stage chez un couturier, j’en décroche un à la Comédie-Française, parmi les lingères. J’aime cet endroit qui semble appartenir à un autre siècle. Je m’installe avec mon petit ami qui est comédien. Mais rien de sérieux entre nous. Après un master, je travaille six mois dans deux différents ateliers, et je crée ma marque de vêtements, KCO, que je vends sur le Net ou à des ventes éphémères. La couture, c’est très chronophag­e. Peu de rendement, par rapport au temps passé, et peu de revenus. Déçue par la mode, je commence à fabriquer des bijoux. À 25 ans, je suis auto-entreprene­ur chez un bijoutier qui fait des créations plutôt ethniques et décalées. Il est togolais. Il y a des stagiaires, et comme il voyage beaucoup, c’est moi qui les forme. J’adore enseigner. Avec mes copains d’Esmod, on fait le même constat : free lance, CDD, l’embauche ferme est rare. Je continue la couture, je fais quelques ventes éphémères, mais je rentre à peine dans mes frais. J’ai un nouveau petit copain avec qui je m’installe. On part en Thaïlande. À mon retour, je ne veux plus essayer de créer des vêtements, j’arrête ma marque et je deviens prof de couture. À 28 ans, j’ouvre un atelier de couture pour adultes et enfants. Un lieu, six machines à coudre. Ça démarre en octobre 2013. Cours collectifs, adultes et enfants, il y a même des hommes qui viennent apprendre à faire des ourlets. Je fais du sur-mesure aussi. Tailler une robe ou un manteau aux bonnes mensuratio­ns, personne ne le propose vraiment. À 40 ans, j’aimerais développer mon atelier. Mais il me faudra embaucher et c’est quasi impossible. Me voilà avec des problèmes d’entreprene­ur ! Et j’aurai sûrement une famille...

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