Cosmopolitan (France)

Premier tango à Buenos Aires

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près les treize heures de vol de nuit, c’est un bonheur d’arriver au Sofitel Arroyo – prononcez Arrocho et ça y est, vous parlez argentin. Ce bâtiment Art déco de vingt étages, achevé en 1929, été merveilleu­sement rénové : calme et pourtant vivant, lumineux et néanmoins feutré, et surtout, on s’aperçoit qu’il est encore l’heure du petit déjeuner. « Tu as déjà pris ton petit déjeuner dans l’avion ! – Oui, mais c’était moins bon… » On découvre les medialunas, la version locale, plus mince et plus cambrée du croissant, on reprend un café, qui lui-même appelle un alfajor, croisement de macaron et de sablé fourré au dulce de leche, qu’on fait passer avec un autre café… Nonobstant le décalage horaire, on commence à se sentir bien réveillée. « Tu viens, on va se promener ? – Je finis d’explorer la chambre ! » Et que je joue avec le wifi, et que je regarde la télé, et que je range tout partout et décide de prendre une douche (un hammam m’avait vaguement tentée. Ou une petite piscine ? On verra demain) et je n’ai pas tout à fait fini de profiter de la volupté du peignoir. J’arrive, j’arrive. «Et ce soir, on dîne où ? – Ben… ici, ça a l’air bien ! » On a poussé, à pied, jusqu’au nouveau quartier de Puerto Madero bâti sur les quais du Rio de la Plata, on sait qu’on est tout près du légendaire cimetière de la Recoleta où Eva Perón et bien d’autres sont inhumés dans une ambiance fantasmago­rique, on a compris qu’en métro on est à vingt minutes du quartier néobobo de Palermo. On en a plein les yeux, plein les baskets aussi. Le tango sera pour un autre jour. Seule question : le restaurant Le Sud, ou le Café Arroyo ? Seul le hall les sépare. «Pile le gastronomi­que, face les empanadas ? — Fais voir ta pièce, d’abord. » Au restaurant Le Sud, cuisine raffinée d’inspiratio­n franco-argentine, nappes blanches ponctuées de roses rouges ; au Café Arroyo, où de sublimes photos de chevaux en noir et blanc se détachent sur les murs rouge intense, l’ambiance est plus couleur locale. Pas de pile ou face qui tienne : « Je n’ai jamais goûté d’empanadas ! » Miam : servis brûlants dans une corbeille serviettée de blanc, les chaussons à la viande, au jamón y queso, au maïs, fondent délicieuse­ment dans la bouche, encore mieux si on les accompagne d’un verre de malbec. Je sens que peu à peu, l’esprit du tango s’empare de moi… Et même de nous.

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