Cosmopolitan (France)

GAËLLE

Traductric­e d’anglais, elle devient de terminer pro du poker, au point du monde, ce 10 au championna­t n’a jamais fait. qu’aucune Française

- Par Martine Tartour. Photo Julie Ansiau.

Petite, je veux être astronaute. Je vis avec mes parents et un grand frère en Alsace, dans un village, à 80 km de Strasbourg. Côté distractio­ns, les jeux de société, tous ! Même la bataille avec mes grands-parents. À 18 ans, fac d’anglais à Strasbourg. Et j’arrive en licence nickel. Il y a alors une place en échange universita­ire en Australie. Là-bas, un samedi soir, des copains anglais me montrent comment on joue au poker. À 23 ans, c’est ma première partie de poker. Je n’ai aucune technique, mais de la chance. Je rentre en France après un an. Je continue un master 2 d’anglais à Grenoble. Et je joue au poker sur internet, en argent fictif. Quand je me sens d’attaque, je joue par tranche de 2 dollars, pas plus. À 25 ans, je m’installe seule à Paris. Je commence une école de traduction, en alternance. Pour rencontrer du monde, je m’inscris dans un club de jeux, dans l’idée aussi de progresser. Je me sens d’attaque pour mon premier gros tournoi à… 11 dollars. Je finis première. À 26 ans, dernière année de fac, je dois décrocher mon diplôme de traductric­e. Je joue moins. Mais j’ai acquis un très bon niveau. J’ai les qualités requises « pour être une grande joueuse », me disent les pros. Rigueur, patience, et surtout un très bon mental. Plutôt réservée, je ne m’enthousias­me jamais très vite. Et surtout, je sais gérer mes gains. À 27 ans, je décide de prendre une année sabbatique, pour voir jusqu’où je peux aller. Mais pour ça, je dois progresser. Je vais sur des sites de coaching, je lis un tas de livres. J’ai toujours mes copains de la fac, on sort, on s’amuse. Mais le poker, c’est ma vocation. Je passe pro. À 28 ans, Winamax, leader du poker en ligne en France, me propose d’intégrer leur team pro. Je connais les dangers d’un sponsor, surtout quand on est une fille : on veut des gagnantes. Mais je sens un vrai esprit de famille. D’autant qu’en 2012, je me présente au championna­t du monde à Las Vegas. 6 598 joueurs. Je finis 10e… une horreur ! Pourquoi ? Les neuf derniers joueurs reviennent trois mois après pour la finale. Aucune femme n’a jamais intégré la table finale. À 29 ans, je suis en couple avec un journalist­e. Je voyage beaucoup avec la team Winamax. On est une des équipes les plus titrées d’Europe. Et d’ici mes 40 ans : le poker, encore un peu. Des voyages encore beaucoup.

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