Cosmopolitan (France)

J’ai conduit 2 000 kilomètres

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Avec le papa de Lou, ça fait deux ans qu’on est séparés. Cette année elle a 7 ans, et je décide de casser la tirelire pour un road-trip mère-fille de trois semaines aux ÉtatsUnis. Seule ombre au tableau : je ne suis pas super à l’aise au volant. J’ai eu mon permis à 18 ans et depuis, j’ai très peu conduit. Dès l’aéroport, je commence à flipper. Je ne comprends pas comment démarre cette fichue bagnole ! Je panique : c’est n’importe quoi, il vaudrait mieux prendre un petit hôtel et rester tranquille. Lou me lance « Maman, pourquoi tu démarres pas ? » Pour elle c’est une évidence : sa mère va y arriver. Et là, j’assure : parce que je ne peux pas renoncer. J’ai tout checké depuis des mois… Décevoir ma fille et faire « petit » alors que je rêve en grand ? Pas question. Je me calme en me répétant comme un mantra : « Tu peux y arriver, tu vas y arriver. » La première heure, je perds un litre de sueur tellement je stresse. Bretelles d’autoroute, embranchem­ents XXL… Seule avec un enfant, je n’ai pas le choix : personne pour me rassurer, pas de copilote, c’est à moi de gérer. Je fixe la route en donnant des petits coups d’oeil au GPS, hyper concentrée. Arrivée à notre première étape, je suis fourbue mais ultra heureuse. On ne s’est pas perdues, on n’a pas eu d’accrochage… I did it ! Sur la plage, face à l’océan, je savoure l’instant. J’envoie plein de photos sur Facebook, comme si j’avais réalisé l’exploit du siècle. Et pour moi, c’est un peu ça. Le lendemain, je suis moins tendue. Et les jours suivants ça va encore mieux. Il y a des galères, c’est sûr : je mets une demi-heure à faire le plein d’essence, je me plante de route une ou deux fois… Mais je m’en sors. Et j’arrive triomphant­e à New York, où je retrouve des copains américains qui nous accueillen­t chez eux. Ils n’en reviennent pas, moi qui n’avais jamais conduit sans mon mec… Je me sens forte. Et sereine : on recommence­ra !

Claire, 30 ans

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