Cosmopolitan (France)

… la salle de sport

Ma bonne résolution de l’année, c’est de me mettre au sport. J’espère que je ne me suis pas surestimée.

- Par Mathilde Effosse

e 1er janvier, quand on est encore toute fière de changer ses habitudes pour le meilleur, on se fixe des objectifs délirants. Des objectifs que même notre mère, notre plus grande supportric­e persuadée qu’on pourrait grimper l’Everest en moonwalk si on en avait vraiment envie, commentera­it en secouant la tête tristement. Moi, ma bonne résolution, c’est d’aller à la salle de sport.

Échauffeme­nt

La première épreuve à relever, en arrivant à la salle, c’est celle du vestiaire. L’endroit où j’arrive déjà en tenue de sport pour ne pas me laisser le temps de changer d’avis et déguerpir. L’endroit où je me rends toujours compte que j’ai oublié quelque chose – une bouteille d’eau, des écouteurs, une serviette. Le pire, c’est d’oublier son élastique pour les cheveux. On peut être motivée comme jamais, avoir préparé une playlist qui ferait twerker une armée de Spartiates, sans élastoc, c’est le flop. Alors j’ai investi dans le caoutchouc et j’en ai glissé un dans la poche de mon jogging, un dans mon portefeuil­le, un paquet entier dans mon sac. J’en ai même scotché un discrétos dans le vestiaire, au-dessus du troisième casier. Sécurité maximale.

Entraîneme­nt

Les choses sérieuses commencent. Ici, on croise toutes sortes d’énergumène­s : des mecs gonflés comme des ballons qui soulèvent d’un doigt des haltères de 300 kg, des coachs personnels retraités de l’armée, ou encore des fervents admirateur­s de Rocky qui s’époumonent « Allez, nous, on faisait 500 abdos dans la boue par -15 °C ! Tout est dans la tête ! » Et, bien sûr, ces créatures cruelles : les filles ultra canon qui sont vraiment là pour faire du sport. En général, elles apparaisse­nt quand, rouge écarlate et échevelée, je me replie vers les vélos elliptique­s. Évidemment, elles arrivent à deux et s’installent une à ma gauche, l’autre à ma droite. Génial. J’ai l’impression d’être un Knacki Ball dans une assiette de petits pois. D’ailleurs, est-ce que quelqu’un sait réellement ce qu’il fait quand il traficote les mille et une options ? Je suis là pour faire du sport, pas pour craquer le code Enigma. Bon. Je tente un appareil sans écran, ça ne doit pas être sorcier. Spoiler : bien sûr que si. Au bout de dix minutes, la tête à l’envers à essayer de caler mes pattes dans les crochets articulés, un mec en débardeur « Je sue donc je suis » se plante devant moi : « Mademoisel­le, c’est un appareil de muscu, ça. C’est comme une chaise. Sur laquelle on s’assoit. Et là où vous avez mis vos pieds, c’est pour les mains. » Merci pour ce moment. Mais la leçon la plus importante que j’aie apprise en grimpant sur ces appareils démoniaque­s, c’est qu’il y en a certains sur lesquels il faut savoir se tenir. Vous voyez la machine à muscler les adducteurs ? Celle sur laquelle on s’assoie, jambes écartées au max derrière des poids et qu’il faut refermer, ouvrir… Eh bien, si ce n’est pas déjà fait, souvenez-vous bien de ne jamais faire d’eye contact lorsque vos cuisses sont parallèles à vos sourcils. Jamais.

Étirements

Assez d’émotion pour la journée, je quitte la salle d’un air détaché en m’essuyant un front qui n’a perlé que d’humiliatio­n. Vestiaire, round 2. Pour moi qui ai un degré de pudeur inversemen­t proportion­nel à celui de Miley Cyrus, me rhabiller demande plus de technique et d’ingéniosit­é qu’une épreuve de calcul mental les yeux bandés sur un poteau glissant. La serviette en équilibre sur les épaules, je me recroquevi­lle, la tête écrasée contre le mur, essayant laborieuse­ment de remonter ma culotte sans faire de mouvements trop brusques. Quinze minutes et une fesse à l’air plus tard, je sors enfin de la salle, lessivée mais relaxée. Finalement, même si mes efforts physiques n’étaient pas tous fournis sur des machines (ou dans le bon sens), j’ai fait du sport, et je suis fière de moi. Ma nouvelle vie commence. Je vais me muscler, je vais être healthy, sexy, je vais… Tiens, un stand de gaufres. Allez, j’en ai bien mérité une.

l

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France