Cosmopolitan (France)

Lucie

Elle coordonne une ferme urbaine avec les habitants du quartier. Ni veggie ni bobo, elle veut remettre des potagers dans les villes.

- Par Martine Tartour. Photo Julie Ansiau.

Petite, je veux être institutri­ce, comme ma mère. Je grandis entourée de deux frères plus agés que moi et d’une soeur jumelle, Suzanne. Jusqu’à mes 15 ans, vacances chez ma grand-mère en Normandie. Bêche à la main, on plante et on replante du matin au soir en suivant les conseils des adultes. À 17 ans, je veux ouvrir une herboriste­rie. J’invente une décoction contre le mal de tête, une tisane pour le ventre. Je teste sur les copains, et sur Bastien, mon petit ami : on s’est rencontrés au collège, mais on sort ensemble depuis le lycée. Après deux ans de fac de bio, on entre en école d’agronomie, moi à ClermontFe­rrand, lui à Toulouse. Pendant mon cursus, je découvre que peu d’étudiants veulent se retrouver sur un tracteur. La plupart se voient travailler dans les chambres d’agricultur­e ou pour de grands groupes agro-alimentair­es. Pour moi, pas question d’être diplômée sans avoir les mains dans la terre. À 24 ans, tour du monde avec Bastien, financé par nousmêmes. Deux ans de petits boulots. On commence par trois mois au Cambodge. Puis six mois au Costa Rica avec l’associatio­n française Kokopelli, qui distribue des semences bio. Ensuite, le Pérou et la Bolivie. Retour chez mes parents. Je retrouve ma soeur jumelle, qui est avocate. J’intègre une équipe de recherche et je travaille sur la mutualisat­ion des petits maraîchers. Je mange de la viande, je ne descends pas dans la rue dès qu’on égorge un poulet, mais j’aime la terre et je veux me battre pour prouver qu’on peut être petit et exister. 27 ans : je m’installe avec Bastien. Je réponds à une annonce de la REcyclerie, à Paris : dans une ancienne gare, un resto-cantine, mais aussi un atelier de réparation, des expos, des cours de yoga… Stéphane Vatinel, le patron, veut y créer une ferme urbaine. Banco. Le concept plaît tout de suite. Un potager collectif de 400 m2, un jardin des aromates, un atelier pour les enfants et les adultes au quotidien. Les habitants ont pris l’habitude de rapporter leurs déchets pour faire du compost. Ma grande fierté : un poulailler avec 20 poules et la création cette année d’une serre aquaponiqu­e. Et d’ici 40 ans : changer… construire de nouveaux projets, retaper une maison avec un grand jardin.

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