Jane
Auteure, pas geek, elle signe une websérie, « Machine et Machinette », où une fille partage la vie d’un robot.
Petite, je veux être journaliste. Parce que j’aime observer. Lire aussi. En vacances, j’ai ma bande : mon frère, mes cousins, chacun a son surnom… Je leur promets des tas d’aventures palpitantes mais il ne se passe jamais rien. À 19 ans, je m’installe à Lille pour faire Sciences Po. Après deux ans, je pars à Milan en échange universitaire. Et je conclus mes études par un mémoire : « Bling-bling vs snobisme du sac Lidl ». À 23 ans, j’enchaîne les stages dans la pub en tant que concepteur-rédacteur, on est en 2008, et c’est la crise. Les CDI sont rares. J’accepte un nouveau stage à Londres, j’y vis en coloc, j’écris des petites chroniques sur ma vie british. La pub, ça m’amuse moyennement mais j’affûte mon sens de la formule. À 25 ans, à Paris, je décroche un job dans la distribution de films. Commerciale, c’est encore moins mon truc, mais la productrice me promet d’intégrer le service création après. Et elle tient parole. Je quitte mon studio pour un deux-pièces. J’adore les fêtes et j’en organise une mémorable quand on est les premiers Français à vendre un programme télé aux Japonais. À 27 ans, on signe avec ma mère Marie Perron, illustratrice, « le Kamasutra cul(te) ». On se marre vraiment à l’écrire. Et c’est un succès en librairie. Là, un producteur me propose d’intégrer le pool de scénaristes de la série « En famille » sur M6. Écrire, enfin ! Enfin laisser aller mon imagination ! On se réunit une fois par semaine dans une writing room à la Cité du cinéma. On est une quinzaine avec les piliers historiques. À 29 ans, la plateforme Web de France Télévisions lance un appel d’offres pour une websérie. Le thème : métroboulot-robot. Tous les geeks y vont de leur univers intergalactique. Je crée « Machine & Machinette », la rencontre entre une jeune fille spécialiste de la glandouille au bureau et un robot ultraproductif. Et je gagne. Deux ans avant de voir la websérie aboutir… mais c’est vite oublié quand le premier épisode est mis en ligne en janvier : on a 40 000 vues la première semaine. La réponse à la question « peut-on apprendre à glander à un robot ? » est sur YouTube en douze épisodes aujourd’hui. D’ici mes 40 ans. Une tonne de nouvelles histoires
à raconter.