Cosmopolitan (France)

COMMENT SURVIVRE AUX VACANCES DANS SA FAMILLE

Un week-end, une semaine, un mois… Pas toujours évident de partager son parasol avec ses beaux-parents.

- Par Mathilde Effosse. Photo Thanassis Krikis.

Un week-end, une semaine, un mois… Pas toujours évident de partager son parasol avec ses beaux-parents. Par Mathilde Effosse.

« Ça te dit de passer quelques jours dans notre maison de famille, cet été ? » Quand il nous a proposé ça, on a tout de suite pensé à ses photos de vacances, à la belle maison de pierres donnant sur la piscine, au plaisir de découvrir l’endroit où notre mec a passé sa jeunesse… Et comment, que ça nous dit ! Seulement maintenant que le départ approche, on pense surtout à la bellefamil­le, qui y sera au grand complet. Gloups. Pas de panique : ces vacances, elles vont être top. Parce qu’on saura comment réagir face à toutes les situations.

Le réveil

Le matin, parfois, c’est délicat à cause du décalage horaire. Lève-tôt dans une belle-famille fan de grasses mat ? « Sire, voilà l’heure… » de l’ennui. Condamnée à tourner en rond dans une maison qu’on ne connaît pas, à ne pas sortir parce qu’on ne trouve pas la clé de la porte d’entrée, et ruminer parce que notre mec ronfle. Grosse dormeuse ? Tout le monde nous attend pour le café et la tension monte. Comment on gère ? Matinale ? On opte pour le mode silencieux en allant courir,

ou en bouquinant dans le jardin – et on pense à repérer le trousseau de clés la veille. Lève-tard ? On négocie : on veut bien se lever à 9 heures, mais 6 heures, en vacances, c’est inhumain. Dans les deux cas, on prévoit le coup une semaine avant le départ en demandant à notre mec à quelle heure se lèvent ses parents – en particulie­r sa chère maman.

La mère poule

On lui a piqué le fruit de ses entrailles, et elle compte bien nous faire comprendre que dans son coeur, elle dominera toujours le rap game. Entre remarques stériles (« Vous allez au bal ? Hinhin », quand on arrive au dîner en petite robe d’été) et sourcil gauche au garde-à-vous dès qu’un mot ou un geste ne lui convient pas, Belle-maman, c’est pas de la tarte. Dès qu’elle en a l’occasion, elle trouve le moyen de glisser le prénom de l’ex de notre mec dans la conversati­on. Bref, 3615 on craque. Comment on gère ? On prend son courage à deux mains et on lui en parle. Pourquoi elle est si dure avec nous ? On n’a rien contre elle, nous, à part ses piques désagréabl­es et son gâteau au citron traditionn­el plus bourratif qu’une brique de beurre. Si elle nous prend de haut, on le tourne à la rigolade, et ses réflexions, on s’en concocte un petit « loto des phrases de Belle-maman » qu’on garde dans la poche et qu’on coche au fil de la journée. Quand elle est remplie, on s’ouvre une bouteille de prosecco. Ou deux. Après tout, qu’est-ce qu’on y peut, si son fils de 30 ans préfère vivre avec nous qu’avec sa mère, hein.

Le père hyperactif

Le déjeuner est fini, il fait beau, on s’installe dans le jardin avec un bouquin : enfin au calme… Il y a même un oiseau tout près de nous. Qui fait un drôle de bruit. Et qui se rapproche vachement. Ah, bah non, c’est Beau-papa qui essaye son appeau. « Posez ce truc, cet aprèm, c’est rando ! » Avec lui, on est plus overbookée qu’un labrador au festival de la balle, jubilation en moins et souffle au coeur en plus. Escalade, pêche, vide-greniers, trajets d’une heure pour aller manger une glace (« ce petit village rustique vaut vraiment le coup, vous verrez ! »), c’est simple : on frôle le burn-out estival. Comment on gère ? Souvent, ceux qui prévoient un million d’activités ne le font pas par égoïsme, au contraire : ils ont juste une peur panique qu’on s’ennuie chez eux. Alors dès que possible, on glisse à Beau-papa qu’on passe un bon moment chez lui, ou on prend carrément les devants et on propose une aprèm détente suivie d’un apéro dans le jardin. Ultime solution, on est cash et on lui montre notre dos : il nous reste deux jours de vacances et les traces de bronzage débardeur, ça fait marrer son fils.

La grand-mère intello

Entre sa Mamie et lui, c’est le big love. Nous aussi, on l’aime bien, mais avec elle, il faut toujours être vive et avoir Google à portée de main. Elle lance des débats politiques à table, nous demande à quel point la bioéthique est contraire à l’éthique médicale classique et ne peut avaler quelque chose sans monologuer sur les vertus scientifiq­ues de son assiette. Quand on a le malheur de proposer un Time’s Up après dîner, elle grince du dentier et se précipite vers un placard duquel elle exhume un vieux Scrabble. Sauf qu’à cette période, nos neurones sont en RTT. Une fois sur deux, on n’a aucune idée de ce dont elle parle. Résultat : non seulement on ne passe pas des soirées de dingues, mais en plus, on se sent con. Comment on gère ? Une grand-mère, c’est compliqué à stopper dans sa lancée. Mais au final, tout ce qu’elle veut, c’est discuter. Réfléchiss­ons : on a forcément une passion qui pourrait lui plaire. Qu’on soit cinéphile, fan d’expos ou ultra calée sur la vie des espèces sous-marines, on le glisse dans la discussion. Elle sera ravie de donner son point de vue et d’échanger avec nous. Et si elle nous ôte notre « Cosmo » des mains pour y glisser une thèse sur la paroisse de Grouillac, on lui dit tout simplement que désolée, mais c’est pas trop notre truc. Après tout, chacun ses goûts.

La question des enfants

« Qu’est-ce que vous pensez des enfants ? » Cette question piège englobe toutes les autres : « Quand, combien, quel(s) prénom(s), tous les dimanches midi à la maison ça vous va, côté éducation j’ai des recommanda­tions, pas d’écran dans sa chambre hein ? » Là, c’est le brain-freeze. Non seulement on ne sait pas, mais en plus, on n’a pas spécialeme­nt envie d’y penser autour d’un gigot avec toute la smala. Tout ce qu’on veut, c’est qu’on nous resserve du vin. Comment on gère ? Quelles que soient nos envies, on ne dit surtout pas qu’on n’en veut pas. Parce que lâcher une info pareille, c’est donner le feu vert à toute la tablée pour nous harceler de questions, de remarques, de tentatives de persuasion, et passer ses prochains jours clouée derrière une pile d’albums photos (« franchemen­t, vous ne vous verriez pas avec un petit amour comme lui ? »). On prend sur soi, on sourit et on dit qu’on y réfléchit. Hop. Sujet suivant.

La fausse bonne impression

Se rendre compte, au fil des jours et des conversati­ons, qu’on n’a rien en commun avec ses beaux-parents, ça refroidit. Si on parle montagne, ils pensent raquettes / randos quand on préfère le duo raclette / vin chaud. L’acteur le plus drôle dont ils connaissen­t la filmograph­ie par coeur, c’est Louis de Funès, alors qu’on

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