BIEN DANS MA PEAU
Bronzage écru, tongs râpées, libido hors contrôle... La devise de Cosmo : plus on s’en fout, plus on rit !
Bronzage écru, tongs râpées, libido hors contrôle… La devise de Cosmo : plus on s’en fout, plus on rit ! Par Fiona Schmidt.
Mon body pas 100 % ready
Avant, je passais l’été en noir et en XXL, histoire de camoufler tous les cours de gym que j’avais séchés. À la plage, je m’emballais dans mon paréo façon McWrap, avec la salade, heu, les bras qui dépassent. Et je lançais des regards autour de moi pour constater que tout le monde sur cette plage était mieux gaulé que moi, plus bronzé, plus à l’aise, plus heureux, quoi… Cet été, je ne me flagelle pas avec les lacets de mes baskets flambant neuves, car je me le dis et répète : moi aussi j’ai un corps prêt pour l’été. Vu que j’ai un tronc entouré de deux bras et deux jambes, et qu’on est en juillet. Et pour le cas bien improbable où cette mise à jour de mes bases en anatomie ne suffirait pas à éclipser mes complexes, je me radote que personne n’échappe à la summer parano. Coups de soleil, transpiration, maquillage qui coule, jambes gonflées, marques de maillot asymétriques, et que dire des taons et des moustiques… La moindre balade court vêtue en plein soleil devient une épreuve de « Koh-Lanta » pour l’ego. La solution : la confiance en soi. Donc je pose ce jeté de canapé avec lequel je comptais m’habiller, j’enfile une tenue summer friendly, je regarde les mecs (ou le paysage) plutôt que les filles, et je déambule, gracieuse et souriante, jusqu’à ce que Kate Middleton me follow.
Mon bronzage
Avant, je préparais mon hâle dès le 15 mai avec un soin maniaque. Au moindre rayon de soleil, je me précipitais dehors en rongeant une carotte, je marchais le visage tourné vers le ciel au risque de choper un torticolis (et des lampadaires) et je prenais des bains d’autobronzant pour éviter d’entamer le mois d’août avec un teint de méduse. Une fois en vacances, j’arrivais à la plage avec une malle de crèmes solaires grâce auxquelles j’enduisais chaque centimètre carré de mon corps et j’attrapais des crampes à force de bronzer les doigts de pied en éventail pour éviter les marques. À la fin de l’été, j’étais plus bronzée qu’une merguez oubliée sur un barbecue, signe que je m’étais vraiment bien amusée. Non ? Cet été, je laisse à Donald Trump le plaisir de gagner le grand chelem du bronzage, et les rides qui vont avec, y compris à l’intérieur de la tête. Je choisis un indice de crème solaire
AVANT, J’ATTRAPAIS DES CRAMPES À FORCE DE BRONZER LES DOIGTS DE PIED EN ÉVENTAIL POUR ÉVITER LES MARQUES. À LA FIN DE L’ÉTÉ, J’ÉTAIS PLUS BRONZÉE QU’UNE MERGUEZ OUBLIÉE SUR UN BARBECUE, SIGNE QUE JE M’ÉTAIS VRAIMENT BIEN AMUSÉE. NON ?
qui correspond à mon type de peau, et je la laisse vivre sa vie : si j’ai la marque du maillot, tant mieux, si j’ai pas la marque, tant mieux aussi, Kristen Stewart, Scarlett Johansson ou Emma Stone ne l’ont pas non plus. La seule marque qui compte en vacances, c’est celle de l’oreiller sur la joue, signe qu’on s’est bien reposée… ou qu’on s’est bien éclatée à ne pas du tout se reposer.
Mes allers-retours dans l’eau
Avant, j’allais nager à 6 heures du mat ou à 6 heures du soir pour être sûre de ne croiser personne sur la plage, pas même une mouette. Je longeais la plage avec ma serviette nouée autour des reins, que je posais sur un rocher tellement au bord de la mer qu’elle finissait par tomber dedans. J’hésitais alors à me planquer derrière un bouquet d’algues façon Jean-Claude Dusse, et je marchais en crabe jusqu’à mon parasol, les mains en étoile plaquées sur le haut des cuisses. Bref, j’avais l’air d’une cruche. Enfin, d’une amphore. Cet été, j’arrête d’aller me baigner avec la tête que je fais sur le fauteuil du dentiste lorsqu’il dit : « Ne vous inquiétez pas, ça ne fait pas mal. » Je me redresse, je bombe la poitrine, je rentre le ventre, et je sors de l’eau comme si je venais d’être peinte par Botticelli. Sans rajuster mon maillot trempé sur mes fesses en tirant bien jusqu’aux mollets, évidemment.
Ma destination
Avant, je simulais le jet lag pour qu’on ne me soupçonne pas d’avoir passé un mois chez mamie, qui a le mauvais goût d’habiter sur le même fuseau horaire que moi. Je disais que j’allais dans le Sud même quand je partais dans la Creuse, qui est au sud de Paris, que je sache. Ou alors je répondais : « En Bretagne. ET SI, IL FAIT SUPER BEAU, KESSEKYA ! » sur le ton de l’ado à qui l’on demande comment s’est passé son contrôle de maths. Cet été, je dis que je vais à Limoges si je vais à Limoges et à Los Angeles si je vais à Los Angeles, avec le même ton détaché de celle que l’avis des gens ne concerne pas. Naturellement, si pour une raison ou une autre je reste à la maison, je l’annonce sans prendre l’air de l’ado privé de sortie après le résultat de son contrôle de maths, et je me réjouis de pouvoir redécouvrir la région comme une touriste.
Mon look
Avant, j’étais sexy parce que c’était l’été, et qu’il fallait bien rentabiliser toutes ces nano-fringues tellement plus chères au kilo que les sweats oversize dans lesquels je vis toute l’année. Je passais donc la journée et/ou la soirée à tirer sur ma jupe pour la rallonger de quelques millimètres, et je mettais une heure à rentrer chez moi à petits pas de pigeon anxieux, parce qu’il était hors de question de prendre un vélo ou même de lever la main pour héler un taxi. Cet été, je cherche avant tout à être à l’aise, parce que rien n’est moins sexy qu’une fille en apnée dans une robe plus moulante qu’un préservatif. Je privilégie donc les matières légères qui ne se froissent pas au moindre battement de cils et les superpositions qui s’adaptent à toutes les variations climatiques. J’évite le blanc qui ne le reste jamais longtemps et je n’ai aucun scrupule à troquer mes talons de 10
contre des tongs en caoutchouc. Parce que plus je fais flip flop quand je marche, plus c’est les vacances.
Mes cheveux
Avant, l’été était un vrai cauchemar pour mes cheveux : la chaleur les fait frisotter, l’air sec les rend cassants, le sel et la crème solaire leur donnent une texture de moquette en soldes… J’essayais bravement de ménager la susceptibilité de mes cheveux avec l’optimisme candide d’un dompteur de lion affamé : je lissais, j’enduisais de soins, je tressais, j’attachais, je priais sainte Brushing. Comme le reste de l’année, le chant des cigales en moins. Cet été, casquette. À l’envers comme chez Gucci, visière devant comme chez Off-White, de côté comme chez Chanel. Et si quelqu’un y trouve à redire, je réponds : « Parle à mon Karl. »
Ma paresse intellectuelle
Avant, j’organisais un planning d’activités pour « profiter à fond » de la région, alors que je rêvais secrètement de m’arrimer au parasol, la main en position Playmobil autour d’un cocktail. Au lieu de quoi, je mettais le réveil à 8 heures pour attaquer les dix derniers Nobel que je n’avais pas eu le temps de lire les neuf dernières années, aller voir une chapelle du xixe siècle, un atelier de peinture sur galets, une fabrique de liqueur de mûre, une charmante cascade blottie au fond d’une adorable vallée inaccessible à quiconque n’est pas un mouflon… Je profitais à fond, mais j’avais bizarrement envie d’en coller une au premier qui me demandait si je m’étais reposée. Cet été, je me tourne sept fois les pouces avant de faire le moindre effort, surtout si en temps normal, j’ai un point de côté en nouant mes lacets. Profiter, c’est bien. Risquer le claquage neuronal en lisant autre chose que la carte des cocktails du bar de la plage ou le vieux Cosmo grec d’avril 2011 trouvé dans la loc, ce serait ballot.
Mon rythme de vie gériatrique
Avant, je n’osais pas avouer à la cantonade que j’irais bien au lit, plutôt qu’au Macumba jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Alors je levais les bras sous la boule à facettes et je me sentais comme une dinde à un réveillon vegan. Je me réveillais le lendemain à 8 h 30, alerte et disposée à tremper mes biscottes dans ma chicorée, au lieu de quoi j’avalais deux Euphytose pour faire la grasse mat et me réveiller comme les autres à midi, en simulant une gueule de bois que je n’avais jamais, vu que je ne bois que du cidre, et encore, juste pour mon anniversaire. Cet été, je ne m’excuse pas d’avoir envie de me reposer pendant mes vacances. Sorry de ne pas passer mes après-midi à chercher du wifi le smartphone tendu au bout du bras, et mes nuits à picoler comme une Porsche Cayenne. Moi je suis là pour déconnecter vraiment, écouter les oiseaux, faire la sieste et des confitures. Qui m’aime me suive au terrain de pétanque.
Ma libido
Avant, c’était systématique, les plombs de ma timidité sautaient dès que le thermomètre dépassait les 20 °C, et la voiture, le péage de Lyon. J’avais envie de faire l’amour tout le temps, un peu partout, avec un peu tout le monde. Mais comme je ne voulais pas passer pour une nympho, je décollais mon regard de la chute de reins du barman en rajustant mon col Claudine, et j’attendais que toute la maisonnée dorme – surtout mon mec – pour me caresser discrètement sous les draps, histoire de calmer l’appétit des papillons carnivores qui me dévoraient le ventre. Cet été, je prends les choses en main, métaphoriquement ou moins métaphoriquement. Parce qu’on est en 2017, parce qu’il est grand temps de briser le plafond de verre sexuel, parce que si je suis avec un monsieur, il y a fort à parier qu’il encouragera cette belle initiative, et parce que si je suis seule… Ma foi, rester seule en été avec une libido pareille, ce serait un peu comme aller à la pizzeria pour manger une salade, pas vrai ?
AVANT, JE PROFITAIS DE MES VACANCES À FOND, MAIS J’AVAIS BIZARREMENT ENVIE D’EN COLLER UNE AU PREMIER QUI ME DEMANDAIT SI JE M’ÉTAIS REPOSÉE.