Cosmopolitan (France)

LOGAN DE CARVALHO

C’est le king of Gypsies ! Moitié gitan moitié sédentaire, ce jeune comédien de 31 ans se raconte dans une pièce hilarante cosignée par Vincent Dedienne.

- Par Florence Trédez

Par sa mère, il est « gitano », comme dirait Kendji Girac, « gadjo » (« ceux qui ne le sont pas ») par son père, ouvrier portugais. « Moitié voyageur », en somme, comme l’indique le titre de la pièce, coécrite par Vincent Dedienne et Anaïs Harté, qu’il joue actuelleme­nt au Lucernaire. Sur scène, Logan – un prénom irlandais choisi par sa maman – se dédouble, voire se démultipli­e en plusieurs personnage­s irrésistib­les, tous inspirés de sa famille gitane, et notamment de sa soeur, qui a épousé un nomade. Avec un humour noir cartoonesq­ue, il se sert des clichés – le camp installé dans la boue, les joggings Sergio Tacchini ou les prénoms empruntés aux films américains – pour mieux les dégommer, et rendre justice, à la fin de la pièce, à cette existence hors normes qu’il a pourtant choisi de ne pas mener. « Ma mère est yéniche, c’est-àdire nomade d’origine allemande, et quand j’étais petit, j’ai un peu vécu en caravane, raconte-t-il dans le café jouxtant le Lucernaire. Elle s’est sédentaris­ée lorsqu’elle a épousé mon père, un “gadjo”. Mais c’est une culture forte qui vous influence, quoi qu’il arrive. Chez les Gitans, il y a une grande générosité, les fêtes sont des fêtes de malades et la tradition orale est très ancrée. En même temps, c’est un milieu pauvre et acculturé. Dans ma famille, beaucoup de gens ne savent ni lire ni écrire. Voilà pourquoi je montre aussi une certaine réalité, ç’aurait été trop facile pour moi de policer les Gitans pour les faire aimer. » Enfant, le chouchou était le rigolo de service, « l’intello » aussi, puisqu’il aimait l’école. Il se découvre une vocation tardive, à 19 ans, en s’inscrivant à un atelier de théâtre. Conservato­ire à Clermont-Ferrand, École supérieure d’art dramatique de Saint-Étienne, où il fait la connaissan­ce de Vincent Dedienne, également étudiant, puis atterrissa­ge à Paris. Son spectacle est vite remarqué par les producteur­s, pour sa drôlerie et son originalit­é. Dans la famille de Logan, « Moitié voyageur » a même provoqué un petit miracle. Le comédien s’était éloigné de sa soeur à cause de son mode de vie. « C’est pour ça que j’ai voulu raconter son histoire, son enlèvement à 16 ans par un Gitan pur et dur, son mariage très jeune et sa vie en caravane. Je m’inquiétais pour elle. J’avais tort : comme je le dis à la fin du spectacle, elle est très heureuse. » Les voilà rabibochés. Et nous, ravis d’applaudir Logan, foi de gadjé !

Son style : « Je suis assez nul en fringues. J’aime bien quand c’est confort, avec une street credibilit­y car je reste gitan dans l’âme. Mes basiques : petite veste en cuir, tee-shirt, chino, baskets. »

Les trois dates de sa vie : « En 2000, quand je suis tombé amoureux au collège. En 2002, pour mon anniversai­re, ma famille s’est réunie pour m’encourager dans ma nouvelle vie artistique. En mai 2015, la première de mon spectacle. »

Ses cinq références en hu mou r : « Jim Carrey, Bertrand Blier, le tandem Bacri-Jaoui, Alexandre Astier, Océanerose­marie. »

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