Margaret Qualley
Égérie Kenzo, elle le clame fièrement. Qui est sa célèbre mère, elle le murmure à peine, parce que ce n’est pas l’essentiel. Cette fille a un talent fou. Rencontre à New York.
Dans sa biographie, on trouve qu’elle est l’héroïne de la série « The Leftlovers », et au même plan qu’elle a tourné la pub Kenzo World, mise en scène par Spike Jonze. Un morceau d’anthologie, « un clip totalement barré pour un parfum », disent les connaisseurs. On n’en attendait pas moins de celui qui a signé des collabs iconiques avec Björk ou Daft Punk. Le clip de Spike Jonze pour le parfum Kenzo World est totalement déjanté, et son héroïne, Margaret Qualley, en robe vert flamboyant, y est incroyable. À cette ex-ballerine, on a tout demandé : saltos arrière et cavalcades, décrochement de mâchoire et yeux révulsés, jusqu’à un saut de l’ange final. Le chorégraphe, c’est Ryan Heffington, celui qui a signé la choré du clip « Chandelier » de Sia, un milliard et demi de vues sur YouTube. C’est dire si on a mis le paquet sur le clip, et sur « la femme Kenzo, jamais blasée, qui sort du lot », comme Margaret. On va le vérifier.
FILLE DE L’ÈRE Ce jour-là, Margaret est venue de L.A. jusqu’à New York en grande fille, sans sa mère, Andie MacDowell, ça y est on l’a dit, mais accompagnée d’un chaperon de son âge. Soit sa meilleure amie, chargée de gérer le chrono de l’inter-
view. Nous, habillée voire endimanchée, sur des talons de 12 comme Carrie Bradshaw, on se dit qu’on en a fait trop : Margaret porte un manteau camouflage militaire qui lui couvre les mollets, et des croquenots aux pieds. Peu rompue à l’exercice de l’interview, elle n’a rien préparé, parce que la beauté, c’est « un truc naturel ». On tente donc d’aller puiser l’info à la source.
FILLE DE FAMILLE
Elle ressemble à sa mère : la peau transparente, les yeux qui font une ligne quand elle les plisse, le sourire gracieux. Margaret est née dans le Montana, cet État américain où on parle à l’oreille des chevaux. Son père, ex-mannequin, en élevait dans un ranch, où la famille se réfugiait souvent. Elle a gardé l’amour du grand air et des grands espaces. Elle se lave le visage au savon bio et à l’eau filtrée. C’est sa grande soeur Rainey qui lui apprend les gestes basiques. Grande soeur qui revient en boucle dans l’interview, comme le référent maternel… Exit Andie ! Margaret a trop de talent pour être seulement une fille de… On le confirme.
FILLE DU SÉRAIL
Après quelques années à l’American Ballet Theater, le temps de se faire un corps de ballerine, elle prend conscience des sacrifices exigés pour devenir danseuse étoile, et abandonne. Elle se dirige vers les cours de comédie. Et alors qu’on l’a protégée des paparazzis toute son enfance, la voilà épinglée sur la Toile : fille de…, copine de Gia Coppola (la petite-fille du maître), et récemment « fiancée » à Cary Fukunaga, le réalisateur de « True Detective » saison 1.
FILLE NATURE
Kenzo World conduit Margaret chez Spike Jonze pour décrocher le rôle d’une mutante. Elle s’est donnée à fond, parce qu’elle voulait travailler avec le réalisateur de « Dans la peau de John Malkovich », mais aussi parce qu’elle adore le jus, signé par la star des parfumeurs Francis Kurkdjian, et le concept : « Le flacon, c’est un oeil, celui du cyclope ou de Caïn… C’est très ésotérique. » Elle aime ce qui est compliqué, elle note tout dans de très beaux carnets. Mais dans la vie, elle va vers le plus simple. Elle fuit les nail bars et se lime les ongles seule au carré. Elle ne se maquille pas, elle attend qu’un make-up artist sur un plateau le fasse pour elle. Elle se met du baume aux lèvres pour les hydrater. De la crème corps pour avoir la peau douce. De l’huile fortifiante pour les cheveux qu’elle laisse poser toute la nuit. Le fait-elle vraiment ? Parce que si c’est le cas, on attend qu’elle évoque la cata sur les oreillers. Euh, non, en fait, c’est encore sa soeur qui lui a soufflé cette idée ! Et elle éclate de rire. Enfin.