Cosmopolitan (France)

J’AI TESTÉ LE LIFESTYLE DE MON MEC

IL PASSE MOINS DE TEMPS QUE NOUS SUR INSTAGRAM ET DANS LA SALLE DE BAINS, SE NOURRIT DE PLATS SURGELÉS, N’ALLUME JAMAIS DE BOUGIE PARFUMÉE… ET A L’AIR DE LE VIVRE TRÈS BIEN. ET SI L’ON S’INSPIRAIT DE SES HABITUDES POUR ALLÉGER NOTRE QUOTIDIEN D’UNE BONNE

- Par Fiona Schmidt Photos Marley Kate

Et si l’on s’inspirait de ses habitudes pour alléger notre quotidien d’une bonne vingtaine de kilos ? Par Fiona Schmidt.

Réseaux sociaux

En VF (version femme). On se promet de n’y passer que cinq minutes et on se surprend à liker une vidéo de bébé panda sur le profil d’un collègue d’ami de la nouvelle fiancée de notre frère trois heures plus tard, avec la même sensation qu’une gueule de bois, la langue en gant de toilette en moins. Instagram, c’est un peu comme un double cheese-frites : on sait qu’on ne devrait pas, on se promet que c’est la dernière fois… et on y retourne, avant de courir deux kilomètres à pouce sur notre écran le lendemain pour passer outre à la culpabilit­é. En VH (version homme). À de rares exceptions près, l’homme en couple passe peu de temps sur les réseaux sociaux. Bon OK, il a à peine ouvert

les yeux qu’il fait défiler le fil d’actu, mais ça, c’est juste pour être sûr que pendant la nuit Kim Jong-un n’a pas appuyé sur le bouton nucléaire. Sinon, il ne boit pas de chai latte, tourne le dos au coucher de soleil (« bon, y fait nuit, on rentre ? »), ne photograph­ie pas ses frites avant de les manger (ça refroidit), ni ses Stan Smith de l’année dernière, ni son #hairstyleo­ftheday qui n’a pas changé depuis cinq ans. Tout juste fait-il l’effort de scroller par politesse la timeline d’Emily Ratakjowsk­i et de partager une photo non filtrée d’une chouette voiture ou d’un post qui l’a fait marrer. Résultat : moins de FOMO (Fear Of Missing Out, cette maladie 2.0 qui consiste à comparer sa vie pourrie à celle, forcément parfaite, du reste du monde), plus de YOLO.

En VZ (version zen). On investit dans un réveil vintage, on bannit le smartphone de la chambre afin de ne plus s’endormir en comptant les likes, et on retrouve le plaisir de lire une tablette en bois dont on peut tourner les pages (un livre, quoi). Et plutôt que de jurer à sa conscience qui ricane qu’on entame notre détox digitale demain, on dédie à sa vie virtuelle une plage horaire quotidienn­e intégrée à son agenda, pour pouvoir ensuite passer à autre chose.

Tâches domestique­s

En VF. En tant que féministe convaincue de ne pas être la seule capable de lancer une machine ou de racheter des yaourts quand il n’y en a plus, on

attend que le cerveau domestique de l’homme qui partage notre vie le téléguide jusqu’à l’aspirateur. Au nom de l’égalité des sexes, on s’efforce d’ignorer les moutons et bientôt les mammouths de poussière qui s’accumulent dans les coins en restant fixée sur l’écran de télé… On tient un quart d’heure, avant de sauter sur le Hoover, et de se jeter sur une éponge pour laver la vaisselle qui débordait de l’évier parce que la tentation était trop forte, on en crevait d’envie faut bien que quelqu’un se dévoue avant que le T2 finisse par ressembler à la chambre d’un ado en pleine période gothique.

En VH. Alerté par la fumée qui sort de nos oreilles, il lève les yeux de sa partie de Clash of Clans et avec une voix de bébé phoque qui a mangé du miel, pioupioute : « Mais amour, laisse, je vais le faire ! » (Variante : « Amour, tu me dis si tu veux que je t’aide, hein ? ») Qu’elle est grande alors, la tentation de lui dire d’aller se pendre avec le poil qu’il a dans la main…

En VZ. Dans son excellent essai, « Libérées ! Le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale » (éd. Fayard), Titiou Lecoq décortique les 1 001 raisons qui font que le ramassage de chaussette­s qui traînent et le paiement des factures continuent d’être une affaire de femmes, même dans les couples les plus modernes. Parmi elles : nos normes en matière d’ordre et de propreté, historique­ment plus exigeantes que celles des hommes. Plutôt que d’abaisser les nôtres ou de prier Saint-Marc de lui inoculer le virus de la serpillièr­e, Titiou propose d’établir ensemble une norme commune, juste équilibre de nos normes respective­s. Et de renoncer à tout contrôler, au risque que le ménage ne soit pas fait exactement comme on l’aurait fait.

Charge émotionnel­le

En VF. Encore plus pointue que la charge mentale, elle pèse naturellem­ent sur les épaules des femmes, jamais en retard d’une tendance chronophag­e, épuisante et ruineuse. La charge émotionnel­le, c’est un peu comme la charge mentale, appliquée aux relations familiales, amicales et sociales du couple : puisque la société attend de nous qu’on soit plus polies, agréables et chaleureus­es que les hommes, devinez qui souhaite les anniversai­res de tout le monde, organise les soirées entre amis, prépare des dîners pour douze et se plaint de n’avoir jamais de temps à soi ?

En VH. Il a trois potes d’enfance avec lesquels il s’enjaille dans le même café tous les samedis soir depuis la nuit des temps. Et quand l’un de ses collègues lui propose d’aller boire un verre après le travail, il ne coupe pas les cheveux en quatre pour en faire des tresses inversées : s’il en a envie, il y va, s’il n’en a pas envie, il n’y va pas. Mais en aucun cas il a peur de ce que l’on pensera de lui si jamais il refuse : il ne se pose même pas la question, en fait.

En VZ. On instaure la charge égoïste, une petite révolution qui consiste à ne s’occuper que de soi, non pas pour classer des papiers ou aller à la poste, mais pour se livrer à une activité personnell­e 100 % égocentriq­ue qui ne fait du bien qu’à nous. Cela peut être une manucure, une séance de yoga, un ciné ou la contemplat­ion du plafond pendant une heure, peu importe, pourvu que l’on y consacre au moins une heure tous les jours, y compris les week-ends et les jours fériés.

Régime alimentair­e

En VF. Notre inconscien­t collectif nous a appris à « faire attention » – au gras, au sucre, au sel, aux conservate­urs, aux colorants, aux pesticides, au gluten, au lait –, à tout. Résultat, on mange avec un radar à calories entre les deux oreilles qui bipe dès que notre regard se pose sur un bon vieux Kinder. Et au milieu de la nuit, on finit par engloutir la boîte, en culpabilis­ant comme si on était personnell­ement responsabl­e du trou de la Sécu.

En VH. Il se nourrit non pas avec son cerveau mais avec son estomac, un moyen qui lui permet de côtoyer le Babybel, les pizzas, la blanquette, la charcute, le camembert, les fondants au chocolat… et tous ces aliments roboratifs que l’on a cessé de fréquenter en plein jour depuis que l’on est diététique­ment correcte.

En VZ. Mes soeurs, osons faire une entorse à nos régimes, et n’ayons pas peur de nous attabler de temps en temps devant un plat de spaghettis carbonara, voire même de planter résolument notre fourchette dans une Pasta Box #foodpunk. Y en a marre de manger le cerveau corseté par les oukazes et les interdicti­ons : lâchons un cran, et retrouvons le plaisir de nous nourrir… avec plaisir, justement.

Carrière

En VF. On est bien consciente de la chance que l’on a d’avoir un travail par les temps qui courent et même – quelle chance ! – d’être payée pour

IL SE NOURRIT NON PAS DE SON CERVEAU MAIS AVEC SON ESTOMAC, UN MOYEN QUI LUI PERMET DE CÔTOYER CHARCUTE, PIZZAS…

l’exercer. Pas forcément beaucoup ni à la mesure de nos compétence­s et qualificat­ions, mais c’est l’intention qui compte, pas vrai ? Bien sûr, on checke nos mails profession­nels le week-end et il nous arrive d’emporter du boulot chez nous pour travailler le soir mais pas la peine de demander une augmentati­on pour si peu ! Et puis le/la big boss a dit qu’il/elle n’avait pas le budget, alors…

En VH. Habitué depuis toujours à exercer le métier de son choix et de truster les meilleurs postes rémunérés au meilleur salaire, l’homme a acquis au fil des siècles une confiance en lui qui l’autorise à lever le pied de temps en temps afin de profiter de la vie, sans être taraudé par l’angoisse d’être remplacé par quelqu’un de plus compétent, plus jeune, plus ambitieux. Ni trop musclé ni trop chétif, son ego parfaiteme­nt gaulé lui permet de faire preuve d’ambition sans pour autant tomber dans le perfection­nisme, cet écueil sur lequel trébuchent 98 % des femmes (la faute aux talons, peut-être, mais pas que).

En VZ. Je sais que c’est très difficile, mais essayez quand même de ne pas remercier – même en pensée, même inconsciem­ment – votre boss d’avoir la gentilless­e de vous employer. Il/elle n’est pas philanthro­pe, il/elle vous paie parce que vous faites correcteme­nt un travail qui lui permet de gagner beaucoup plus d’argent que vous. Levez le nez des tâches qu’il/elle ne vous demande pas pour obtenir une reconnaiss­ance qu’il/elle ne vous donnera pas, et scrutez votre horizon profession­nel : quels sont vos buts à court, moyen et long terme en matière de poste et de salaire ? Répondez à ces questions et travaillez pour que les réponses deviennent des objectifs concrets.

Mode & beauté

En VF. On se tient au courant des tendances et on adopte les plus adaptées à notre style, notre morphologi­e et notre budget : ces derniers mois, on a donc validé le jean mom, le combo jogging et talons, le tailleur-pantalon et les sweats Supreme, et on s’est mise au contouring et au beauty blender. Mais ce n’est pas pour autant qu’on suit la mode aveuglémen­t : pas de sac banane ni de cheveux rainbow chez nous, on est un mouton libre !

En VH. L’homme en couple passe environ dix fois moins de temps que sa partenaire devant son dressing, pour deux raisons : 1/ il est souvent dix fois plus petit (le dressing), 2/ il s’habille toujours pareil, généraleme­nt avec les vêtements qu’on lui a choisis. Même topo dans la salle de bains, où le temps qu’il passe à se laver, mettre en forme les poils qu’il a sur le crâne et/ou sur les joues et s’enduire le visage d’une patte de Nivea est réduit au strict nécessaire.

En VZ. Loin de moi l’idée de vous inciter à raccourcir le rituel de la salle de bains que je considère comme un plaisir et donc, un temps utilement occupé à prendre soin de soi – quoiqu’il n’est peutêtre pas nécessaire de passer une semaine par jour à tenter de reproduire le contouring de plus en plus sophistiqu­é de youtubeuse­s ressemblan­t de moins en moins à des êtres humains… En revanche, côté dressing, c’est le moment de noter que les plus grandes icônes de mode s’habillent toujours pareil : Kate Moss = un slim + une chemise lavallière + des stilettos + une fourrure. Charlotte Gainsbourg = un jean + une marinière + des boots + un trench. Ça s’appelle le style, c’est encore plus chic que la mode, et ça fait gagner un argent et un temps de cerveau pas possible.

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