3 questions à Robert Neuburger, psychiatre, psychanalyste et thérapeute de couple*
Comment ne pas se focaliser sur les petits défauts de l’autre ?
En fait ces petits défauts sont souvent les qualités qui nous ont fait craquer au début ! Cela peut paraître paradoxal, mais ce qui nous a poussé dans les bras de quelqu’un est très fréquemment ce qui nous rebute quelques années plus tard… Par exemple, cet homme vous a plu car il était l’antithèse du macho qui veut tout contrôler. Plutôt passif, un peu timide, rêveur… Vous trouviez ça charmant. Mais cela s’estompe lorsque le couple est confronté à des obligations pratiques. Le côté tête en l’air quand le frigo est vide depuis trois jours, ou quand il oublie de racheter des couches pour le bébé, ça fait moins rêver. Et peu à peu, ce que vous trouviez tellement mignon devient énervant…
Mais pourquoi ne s’adapte-il pas ?
On ne peut pas avoir tout et son contraire ! Vous avez l’impression que votre conjoint ne fait pas d’effort, mais ce n’est pas forcément de la mauvaise volonté. Il peut penser que s’il change, vous ne l’aimerez plus comme avant… Ce qui constitue sa personnalité, ce pour quoi vous l’avez choisi, vous ne pourrez pas le changer – et heureusement. En revanche, on peut raisonnablement demander à quelqu’un de modifier un comportement. Il est très romantique et ne supporte pas de faire la vaisselle ? Qu’il fasse la vaisselle de manière romantique ! Avec de la musique, en sifflotant, en partageant un verre tout en vous racontant sa journée…
Est-ce que, au fond, on attend trop de l’autre ?
Se rendre compte que cette personne ne pourra jamais nous combler entièrement, c’est une prise de conscience nécessaire – et c’est le début du véritable couple. Oui, il a des défauts, et alors ? Le plus important, c’est de le laisser faire à sa manière. L’accepter en tant qu’« autre », différent de nous. Et toujours garder à l’esprit ce qui nous a fait chavirer le coeur au début de notre histoire. *Auteur de « On arrête ? On continue ? Faire son bilan de couple », éd. Payot.