Cosmopolitan (France)

ENSEMBLE, ON EST PLUS FORTES !

Mieux vaut être bien accompagné­e que seule : à deux, trois, ou plus, l’union fait la force, surtout au féminin.

- Par Camille Anseaume

À deux, à trois, ou plus, l’union fait la force, surtout au féminin. Par Camille Anseaume.

Il y aura toujours des râleurs pour détester les groupes, les rassemblem­ents, les manifs. Dans une ambiance « moi d’abord » et « chacun pour soi », choisir de s’entourer est vu comme une fragilité. Laura, 31 ans, le confirme : « Je ne sais pas si c’est parce que j’ai été fille unique, mais j’ai longtemps cru que la vraie force, c’était de se débrouille­r seule, sans demander de l’aide. Ce n’est que plus tard que j’ai compris à quel point s’entourer, à condition de choisir son groupe, et de ne pas le subir, est une force. » La preuve.

Ensemble, on se motive

Être prête à 9 heures quand on pourrait rester au lit une heure de plus, c’est possible seulement parce qu’on nous attend en bas, prête, et motivée. C’est cet « engagement de groupe » qui a permis à Céline de se mettre au sport : « J’ai passé cinq ans à dire que je devais le faire, et à me trouver des excuses. Jusqu’au jour où, à une fête des voisins, j’en ai parlé avec un couple de nanas d’un immeuble pas loin. On a pris un coach running pour nous trois, une heure par semaine. Ça permet de diviser les coûts – on paye 17 euros chacune –,

et surtout, pour moi, de ne pas rater une séance. C’est un pari personnel, mais aussi un engagement vis-à-vis d’elles, alors je mets un point d’honneur à être là à tous les cours. » Conseils pour réussir le partage - Rejoindre un groupe qui a le même objectif que nous. Pour le vérifier, on demande aux autres « membres » ce qui est le plus important : la régularité ? Le fun ? La progressio­n ? La solidarité ? - Se mettre d’accord sur les miniobject­ifs à l’intérieur de l’objectif final : une heure de sport par semaine pour courir cinq kilomètres dans deux mois… - Profiter de son envie de faire des choses en groupe pour élargir : une sortie culturelle par mois, quatre heures de révision par jour, un rendez-vous à l’auto-école pour passer le code d’ici juin. - Choisir des réseaux d’entraide pour un partage d’expérience avec les membres d’une communauté, que ce soit pour arrêter de fumer (ce que proposent l’applicatio­n QuitNow ! et le groupe « Je ne fume plus » sur Facebook), ou pour commencer un régime (http://copinedere­gime.com/ groupe/).

Ensemble, on apprend à bien s’entourer

Être plus fortes ensemble, c’est surtout une question de casting. C’est ce qu’a réalisé Solène, après deux étés passés avec ses anciennes copines de collège : « La première année, on est parties à Lourmarin, dans le Vaucluse. J’ai fait le mont Ventoux pendant qu’elles étaient à la piscine du camping. La deuxième année, elles avaient booké un club en Italie, j’ai dû suivre ! Alors l’année suivante, j’ai réservé toute seule une rando aquatique à La Réunion, j’ai rencontré trois Anglaises, on a descendu le mont Maïdo en VTT, et ça a été un déclic. Mes copines de 5e B, il n’y a qu’à elles que j’ai envie de racons’ interroger ter mon date Tinder. Mais désormais c’est avec les Anglaises que je pars en vacances : on a beau ne pas se voir le reste de l’année, ça colle parce qu’on a la même conception des vacances. » Conseils pour réussir sa team - Procéder par touches : pour des vacances, par exemple, on commence par un week-end avant de savoir si ça collera pour quinze jours. - Élargir ses horizons : saisir les opportunit­és de faire de nouvelles connaissan­ces, de rejoindre de nouveaux groupes. Télécharge­r l’appli Copines de sortie pour rencontrer de nouvelles têtes avec qui faire une rando, un ciné, un musée… Ou aller voir du côté de Copines de Voyage (copinesdev­oyage.com) qui propose des voyages thématique­s entre filles pour barouder bien accompagné­e.

Ensemble, on mêle nos qualités

Loin de se diluer dans le groupe, on cherche sa place et on discerne mieux le rôle qu’on a à jouer, cela permet de dépasser ses propres limites : « Avec quatre copines, on a organisé nos 150 ans, raconte Chloé. 30 ans chacune, qu’on a fêtés dans un ancien moulin canon loué dans la Nièvre. Forcément, on a dû se répartir les tâches : être ensemble, ça amène à sur ce qu’on sait le mieux faire. J’ai adoré les préparatif­s, c’était hyper intéressan­t de voir qu’on se complétait. Il y en a une qui a géré la recherche du lieu et l’aspect budget, l’autre qui s’est chargée de la musique et de l’organisati­on des olympiades, la troisième qui s’est occupée de la logistique (envoyer les mails communs, trouver des tentes pour la nuit, organiser les covoiturag­es), et moi j’ai pris le dossier cuisine. Méchoui et salades maison pour le soir, viennoiser­ies de la petite boulangeri­e du village le lendemain… J’ai toujours adoré cuisiner mais relever ce challenge, c’était super valorisant personnell­ement. J’ai adoré me voir dans les yeux des autres comme “celle qui assure en cuisine”. » Conseils pour réussir à trouver sa place dans un groupe - Établir une « liste de ses fiertés » qui répertorie les petites et grandes choses qu’on a réalisées dans sa vie, pour y voir plus clair sur ses qualités et ses domaines de compétence­s. - Répondre au test de Myers-Briggs (disponible gratuiteme­nt sur 16 per son alities.com/fr/t est-de-pers on na li te ), pour établir mon caractère dominant de personnali­té. - Et parce que la perception des autres a beaucoup à nous apprendre, on l’envoie à trois personnes de notre entourage en leur demandant d’y répondre comme s’ils étaient à notre place, afin de comparer la vision qu’on a de nous-même, et celle que les autres ont de nous.

DANS LE GROUPE, LOIN DE SE DILUER DANS LA MASSE, ON CHERCHE SA PLACE ET ON Y VOIT PLUS CLAIR SUR LE RÔLE QU’ON A À JOUER.

Ensemble, on bosse mieux

Ce n’est pas Eva, pourtant allergique aux cantines d’entreprise et autres N+1, qui dira le contraire : « Ce job de rédactrice, je l’ai choisi pour être à mon compte. Mais au bout de quelques années, j’avais moins d’allant, moins d’idées. Seule, il y a toujours un moment où on a fait le tour. » Pas de budget dispo pour un espace de coworking, alors ça a été système D : une copine d’école,

rédactrice comme elle et une annonce sur Facebook pour trouver deux autres volontaire­s. « On se retrouve toutes les quatre, chez l’une ou l’autre, à tour de rôle. On s’est réparti les jours. Sans la moindre obligation de se rendre chez la copine si on a envie de rester en pyjama à la maison. Mais maintenant j’aurais du mal à me passer du brainstorm­ing-café du matin, et de celui d’après le déjeuner. On se raconte des anecdotes, souvent ça part dans tous les sens et c’est là que les bonnes idées émergent. C’est fou comme ça débloque les choses de ne plus être seule face à un ordi. » Conseils pour réussir le collectif - Formuler clairement ce qu’on cherche : OK pour le brainstorm­ing, mais il ne faut pas que ce soit une perte de temps. - Appliquer les règles suivantes : on ne juge pas (toutes les propositio­ns sont bonnes à prendre), on encourage les idées folles (plus ça semble déraper, plus il y a de chances de voir émerger la nouveauté), on construit sur les idées des autres (rebondir pour essayer d’aller plus loin, à chaque fois), et on privilégie la quantité (c’est en accumulant qu’on explorera le mieux la situation). On limite le temps de ces échanges, et surtout on stoppe celle qui nous prend pour son psy.

Ensemble, on se challenge

Dès qu’on est en groupe, naturellem­ent se met en place le « cap ou pas cap » de notre enfance. Il y a une façon de réunir nos forces, qui nous rend plus audacieuse­s. « J’ai décroché mon permis à 18 ans, parce que dans ma famille, c’est le cadeau de la majorité… Cadeau empoisonné pour moi qui déteste ça. Et ma copine Camille est comme moi, flippée de la conduite. On peut très bien s’en passer… Jusqu’au jour où sa tante nous prête un chalet à La Plagne, et sa voiture sur place pour rejoindre les pistes. On ne peut pas passer à côté de cette belle opportunit­é. À deux mois des vacances, on décide de se remettre à conduire. On reprend mollo, sur le parking d’une zone industriel­le. “T’es pas plus bête que ta collègue, qui, elle, prend la place de l’Étoile tous les jours”, me dit Camille en référence au fou rire qu’on vient d’avoir quand je lui ai raconté les dernières perles de cette fille. Et moi de la rassurer : “Le fait que tu aies la trouille, ça te rend hyper prudente et vigilante”, alors que c’est à elle de prendre le volant sur une petite route. On s’est rendu compte que ce qu’on disait à l’autre, c’était ce qu’on avait besoin d’entendre pour se réconforte­r. » Conseils pour réussir à se dépasser - Choisir le bon challenge : un peu effrayant/déroutant/audacieux, sans pour autant s’ajouter à la liste des résolution­s impossible­s à tenir. - Lister par écrit et partager les actions dont on est fières, ça permet de s’auto-gratifier, et d’encourager les autres à ressentir la même chose. Le meilleur moment ? À la fin de la journée, avant de se coucher, pour s’endormir sur des pensées positives. - Télécharge­r des applis qui permettent, grâce à une communauté, de lancer ou relever des challenges en groupe : défis sportifs et déjantés (Teeyu), running en équipe (SquadRunne­r). Ou rejoindre Just Dare (justdareap­p.com), le réseau social de défis drôles, utiles ou incongrus pour défier ses potes et followers.

Ensemble, on se fait mieux entendre

À plusieurs, chacun doit préciser sa place, son identité, ses valeurs. Et l’effet vertueux du groupe, c’est aussi qu’on se fait beaucoup plus entendre, et qu’alors, on est plus efficaces dans nos actions : en pleine « crise des migrants », c’est dans les camps de réfugiés du nord de Paris que naît l’idée de l’associatio­n Kali (associatio­nkali.org). Marion et six autres femmes décident de se regrouper pour venir en aide aux femmes étrangères en situation de vulnérabil­ité. « Se lancer ensemble était une évidence. Quand on s’engage, on ne part pas de ce qu’on sait faire individuel­lement, on se concentre sur l’objectif et on se demande comment réunir assez de compétence­s pour servir ce projet. » C’est donc rassembler des savoir-faire, mais pas seulement : « Exister aux côtés d’autres assoces, dont certaines sont subvention­nées, obtenir des locaux par la mairie ou une consultati­on avec un député à l’Assemblée nationale, ça n’est possible que parce qu’ensemble, on a assez de poids pour se faire entendre. » Conseils pour réussir à s’engager avec d’autres - Si on redoute de s’engager sur le long terme auprès d’une assoce, commencer par des missions ponctuelle­s : sur la plateforme des défis solidaires diffuz.com, on trouve des actions près de chez soi à mener pour une heure ou une journée. - Participer à une cause qui nous tient à coeur, en allant voir du côté des défis sportifs solidaires, comme la Course des héros (coursedesh­eros. com) ou le Trophée Roses des sables (trophee-roses-des-sables.com), un raid solidaire 100 % féminin.

ON SE RETROUVE TOUS LES JOURS, ON SE RACONTE DES ANECDOTES, ÇA PART DANS TOUS LES SENS ET C’EST LÀ QUE LES IDÉES ÉMERGENT.

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