Cosmopolitan (France)

EN COUPLE VS CÉLIB : CE QUE ÇA CHANGE SUR 24 HEURES

IL N’Y A PAS DE BONNES OU DE MAUVAISES SITUATIONS… JUSTE QUELQUES DIFFÉRENCE­S.

- Par Manon Pibouleau. Photo Sarah Kehoe.

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises situations… juste quelques différence­s. Par Manon Pibouleau.

Le coucher

Célib : Avachie sur le canapé, je bâille. Mais Netflix, sympa, me propose d’enquiller un dernier épisode. Comme prévu, je pique du nez quand une explosion me fait bondir à la quarantièm­e minute. Maintenant, faut que je me lève, que je me traîne jusqu’au lit et que je remette la main sur le sommeil qui s’est enfui, effrayé par le boucan. La vie, c’est une succession d’efforts, même pour se reposer. Le + : Mon lit (160 cm x 200 cm) pour moi toute seule (40 cm x 166 cm). Le - : Sans personne à mes côtés, je suis obligée d’effectuer tout un tas d’actions moi-même. Je me borde et me cajole toute seule. « Bonne nuit Manon », « Merci Manon, toi aussi ». En couple : La salle de bains accueille notre danse du soir. Pousse-toi que j’attrape le dentifrice. Pousse-moi pour accéder au robinet. Ensuite, on se plante face à nos reflets et on s’astique l’émail, le regard vide. Je me couche à droite. George, à gauche. Mais j’interromps sa descente : T’as pensé à mettre ton réveil ? À quelle heure ? Et tu me réveilles quand tu pars ? Génial. À présent, je soulève son bras et je me love à la place qui m’est attribuée. Avec sa main libre, il lance Netflix. On en était où déjà ? « Tu sais, le moment où on se rend compte que c’est pas lui le méchant. » Ah ouais, clique sur Play. Au bout de dix minutes, il me secoue : « Tu dors pas ? » Non, je me repose les yeux. Le + : George n’est pas doux mais alors, qu’est-ce qu’il est confortabl­e. Parce que je sais que, de temps en temps, je peux me reposer sur lui. Le - : George est confortabl­e mais alors, qu’est-ce qu’il est encombrant. Soi-disant « Les muscles, ça prend de la place ».

Le lever

Célib : Le réveil sonne. Je le repousse. Il s’obstine. C’est mal me connaître, je tiens tête. Au bout de la quatrième alarme qui résonne comme une menace – « très bien feignasse, une fois virée, tu les auras, tes grasses matinées » –, je sais qu’il n’y a plus d’issue. Je passe une première cuisse hors de la couette. Mécontent, mon corps hérisse les poils. Le + : Personne dans les pattes pour me faire remarquer que « les poils, ça pique ». Alors même que le monsieur à l’origine du reproche ne me demande pas mon avis sur la toison qui recouvre son torse. Je ne connais pas ce mec, mais il me tape déjà sur le système. Le - : Personne dans cette maison (ndlr : moi) n’a eu le courage de faire les courses, je me lève donc sans certitude qu’il reste du café. Ou alors du soluble, ce qui revient au même. En couple : Son réveil sonne. Hi hi, c’est vrai qu’il se lève plus tôt. Selon un savant calcul, il me reste vingt minutes sous la couette. Au loin, George grogne, butte sur les meubles et, avec un plaisir sadique, je savoure chaque instant. Je réquisitio­nne toute la surface du matelas, roule à gauche, à droite. Quand il entre dans la chambre avec un épi dressé au sommet du crâne, c’est pour me souhaiter une bonne journée. Symbolique­ment, il me passe le témoin. À mon tour d’entrer dans le tourbillon de la vie. Le + : Son bisou, c’est du miel pour me faire avaler la pilule d’une nouvelle journée de boulot qui commence. Le - : Avant de partir, George surveille que je ne sois pas en retard – ou que je ne profite pas de la couette alors qu’il grelotte sur un trottoir. Il allume plein phare dans la chambre, ouvre les fenêtres en grand et me parle de tous les trucs hyper importants – donc très chiants – à faire aujourd’hui. Je grogne. Il me demande de répéter. Je grogne plus lentement pour qu’il comprenne. Toujours pas… T’as gagné, je me lève. De mauvais poil. Tu viens de commettre une belle erreur, mon garçon.

Les préparatif­s

Célib : Dans un premier temps, je lave tout autour de moi. Ensuite, je réussis à viser mon corps avec le pommeau de douche. Je m’enroule dans une serviette tout en couinant qu’il fait froid. J’enfile une première tenue – lucide, je sais que j’en changerai au dernier moment. Anticerne à gauche, à droite, au milieu, mascara, rouge à lèvres et je suis prête dans cinq minutes, promis. Même si je n’ai personne à qui mentir. Le + : Eau chaude, serviettes sèches, tapis de bain propre, shampooing plein, étagères libres et du temps devant moi… Le - : Retard à cause du prétendu « temps devant moi ». En couple : Je rejoins la douche en tapant un crawl tellement George a foutu de l’eau partout. J’attrape un gel douche. Vide. Un autre. Vide. Finalement, je me lave au shampooing. Je cherche une serviette, en vain. Il faut dire que George en utilise une pour chaque jambe, une pour les bras et une autre pour les cheveux. Faut bien s’emmitoufle­r, ça caille à la sortie du bain. Je confirme. Le + : Un fiancé qui sent bon le savon. Le - : Un rhume.

Les corvées

Célib : La poubelle refuse d’avaler mon pot de yaourt, elle n’a plus faim. Mais en appuyant fort avec la main, je peux gagner un peu de volume. Le changement de sac attendra demain. Le + : Le principe du « reculer pour mieux sauter » s’applique à tout un tas de situations pénibles. De toute façon, je suis la seule que ça dérange. Trois mois que l’ampoule du plafonnier est grillée. Trois semaines que l’enveloppe du Trésor public menace d’exploser dans ma boîte aux lettres. Deux jours que la vaisselle mijote dans l’évier. Bien sûr que je vais m’en occuper, mais à mon rythme. Le - : Sans ampoule, je cuisine dans l’obscurité, au hasard. J’ai même plus de couteau propre pour couper mon saucisson, ou ma courgette, je ne sais pas trop, on n’y voit rien. Plus assez de sous non plus pour payer les impôts doublés d’une majoration. En couple : La poubelle refuse d’avaler mon yaourt, parce qu’elle a déjà englouti le filtre à café et la peau de banane de George. C’est dingue qu’il oublie systématiq­uement de la sortir. Et qu’est-ce qu’elle fiche ici, la bouteille en plastique, planquée sous une feuille de salade ? Combien de fois faut-il lui répéter que ça va au recyclage dans la jaune ? M’en fous, j’y touche pas. Ce soir, je la colle au milieu de l’entrée. Demain, s’il l’enjambe pour aller travailler, je le quitte. Le + : Se décharger des responsabi­lités. Le - : S’épuiser nerveuseme­nt pour des broutilles jusqu’à ce que l’un de nous deux craque.

Le déjeuner

Célib : À la cantine, je plante une fourchette dans mes haricots frites et après une discussion enflammée autour de la météo, on se demande des nouvelles de nos week-ends respectifs. On rigole bien quand j’évoque mon date Tinder de samedi, bourré après son deuxième verre. Et attendez, c’est pas la meilleure ! Sur le chemin du retour, il chantait « Bella ciao » en menaçant de braquer la Banque postale. Le + : Bonne ambiance, équipe soudée et deux followers de plus. Le - : C’est quand même le deuxième cas social sur qui je crushe ce mois-ci. J’aime bien mettre l’ambiance, mais ce serait chouette de trouver une nouvelle activité. En couple : Je mastique mon sandwich en arpentant les rayons déco de H&M. Depuis le temps qu’on veut changer de

tapis de bain, c’est l’occasion. Et il nous faut absolument un photophore pour éclairer l’angle de notre table basse. Perdue dans mes pensées, je prends le mauvais escalator qui me conduit à l’entrée du rayon femme. Là, j’oublie mes objectifs premiers. Heureuseme­nt, pleine de ressources, j’en trouve de nouveaux : j’ai besoin d’un septième jean, d’un blouson et d’un sac à main.

Le + : Un joli blouson, accroché à un cintre, peut faire office d’objet déco.

Le - : Pour que mes achats passent inaperçus, j’ai pris un lot de chaussette­s pour George : « Tiens, j’ai pensé à toi. Je suis sûre qu’elles vont t’aller comme un gant. Comme un gant, haha… Non ? »

Le plan de dernière minute

Célib : Contact : Copine. SMS : Verre ce soir ?

Le + : Elle a dit « Oui ». On passe une soirée extra et on enchaîne les tournées parce qu’on est contentes de se voir. Quand je rentre, dans la nuit, le mur me percute sans s’excuser. Je l’insulte, je m’écrase en diagonale sur le lit, puis ronflement­s de félicité.

Le - : Mes résolution­s hypocrites du lendemain « L’alcool ? Ter-mi-né ». Et aussi mon patron qui demande si, à tout hasard, ça ne sentirait pas la gnôle.

En couple : Contact : Clooney. SMS : Ne m’attends pas pour manger. <3

Le + : George me répond « OK, profite bien ». Avec la copine, on passe une soirée extra et on enchaîne les tournées parce qu’on est contentes de se voir. S’il ne m’a pas attendue pour manger, George n’a pas oublié de me mettre une côtelette purée de côté. Quand je rentre, affamée, un Tupperware m’attend sagement dans le frigo. À chaque bouchée, je me dis : « Comment ne pas aimer un homme qui vous nourrit ? »

Le - : À demi endormi, George marmonne quand je m’allonge à ses côtés : « Ça sentirait pas un peu la gnôle ? » Ce qui ne l’empêche pas de me souhaiter une « Bonne nuit, mon putois adoré ».

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