Cosmopolitan (France)

JE SORS AVEC UN MEC PLUS JEUNE

- Par Mathilde Effosse

Il a dix ans, quinze ans de moins que moi… Et alors ? Par Mathilde Effosse.

De plus en plus de femmes se mettent en couple avec un homme plus jeune. Pour booster leur confiance en soi, vivre une histoire flamboyant­e, ou juste par hasard. Pas forcément un long fleuve tranquille…

Swipez, jeunesse

« Des couples où le mec est plus jeune ? Je ne vois que ça autour de moi ! » Ninon sort une bouteille de rosé du frigo et lance un regard vers le salon, où les invités bavardent. « Rien que ce soir, tu peux parler à trois copines dans cette situation. » Ninon aussi peut témoigner : elle sort avec Luc, de dix ans son cadet, depuis un an. « Quand tu te retrouves célib aux alentours de 40 ans, même si ce n’est pas la fin des haricots, il faut être réaliste : ça devient plus difficile de trouver un mec bien, dispo, et qui a ton âge. » Pourquoi ça ? Elle fait tourner l’ouvre-bouteille sans me quitter des yeux. « Parce que la plupart des mecs de 40 ans soit sont déjà pris, soit l’ont été et ne veulent plus d’une histoire sérieuse, soit sont d’éternels célibatair­es… » Une vraie chasse au trésor. Du coup, on se tourne vers les plus jeunes ? Ninon se marre. « Même si tu n’as pas spécialeme­nt envie de te la jouer Demi Moore, parfois c’est inévitable. » De retour au salon, Charlotte approuve : « Quand il n’y a que des mecs maqués dans ton entourage, tu fais quoi ? Tu installes Tinder, parce que c’est la façon la plus rapide et simple de rencontrer quelqu’un. Sauf que généraleme­nt, les hommes quarantena­ires ne sont pas là pour une véritable histoire d’amour. Il n’y a qu’une solution… baisser les critères de l’âge. »

Le regard des autres

« C’est la première fois que je sors avec un mec plus jeune, raconte Ninon. Ce qui était dur au début, c’était la jalousie. Je me disais qu’au boulot, en soirée, il devait rencontrer plein de filles de son âge, qu’il craquerait peut-être, qu’il se dirait : “Allez, c’est quand même plus fun !” Mais non, il est toujours là. » Pour Charlotte, le problème principal a été la présentati­on aux parents. « Les miens sont vieux jeu – et ils n’ont pas beaucoup de tact. Quand ils ont rencontré Sergio, qui a onze ans de moins que moi, ils ont un peu tiqué. Ma mère me disait qu’il allait me quitter, qu’il voulait juste s’amuser, que j’étais une sorte de fantasme… Mon père se contentait de me dire que c’était ridicule. » Et les parents de Sergio ? « L’angoisse ! Ils m’ont prise pour une déséquilib­rée qui allait pervertir leur bébé. Maintenant qu’on est ensemble depuis plus d’un an, l’atmosphère s’est détendue… Comme s’il fallait prouver que notre couple marchait avant d’être acceptés. » Pas facile de commencer une histoire quand tout le monde la regarde d’un mauvais oeil. « Tu m’étonnes, quelle pression ! Mais c’est aussi un super test : si tu résistes à ça, c’est que ton histoire est solide. » Pas faux. Un autre obstacle ? Les mauvaises langues. « Un soir, je prenais un verre avec Luc et j’ai entendu un groupe de filles m’appeler “la cougar” », se souvient Ninon. Charlotte aussi peut témoigner : « Une collègue m’a lâché : “Alors, ça va avec ton toy-boy ?” Une ex-copine avait aussi prononcé le mot “gigolo”… » De quoi donner un coup au moral. « La première fois, ça m’a déprimée, avoue Ninon. Maintenant, je rigole et je leur demande comment ça se passe, elles, avec leur vieux. » Bim !

La question du bébé

Barbara aussi a rencontré un mec plus jeune sur Tinder. Mais après six mois de relation, il vient de mettre un terme à leur histoire. « Il ne voulait pas d’enfant. Enfin, pas encore. » Barbara aura 40 ans dans trois mois, et ce qu’elle veut plus que tout (avec un autre mojito que son coeur brisé réclame), c’est être maman. « Je ne peux plus m’offrir le luxe de prendre mon temps. Si je veux un bébé, c’est maintenant… » Pour elle, cette rupture, c’est plus qu’une peine de coeur : l’angoisse de laisser filer ses chances de tomber enceinte. Mais Marc avait… 25 ans. « Quinze de moins que moi ! ricane nerveuseme­nt Barbara. Je n’aurais jamais dû m’imaginer que je pourrais lui donner envie d’avoir un enfant. » Parce qu’il n’en voulait pas depuis le début ? « Elle est là, mon erreur. J’ai attendu cinq mois pour lui en parler, je n’ai pas osé aborder le sujet avant. Mais au tout début d’une relation, quand tout est léger et agréable, personne n’a envie de poser une question si lourde. Surtout à un mec beaucoup plus jeune. » Pas facile de demander à un mec qu’on vient de liker : « Tu

JE SORS AVEC UN MEC PLUS JEUNE Il a dix ans, quinze ans de moins que moi… Et alors ?

veux un gosse dans les deux ans qui viennent ? » Charlotte éclate de rire : « Tu peux mettre en bio que tu y penses, mais c’est pas très sexy. Du coup, moi, je laisse passer les premiers rendez-vous – si je ne suis pas emballée, inutile de m’infliger cette conversati­on – et là, je lâche la bombe. Je lui explique que l’une de mes envies les plus profondes, c’est d’avoir un enfant. Je ne lui mets pas le couteau sous la gorge, c’est simplement de l’honnêteté. Pour moi, comme pour lui. » Aujourd’hui, avec Sergio, ils veulent un enfant.

Et les mecs, dans tout ça ?

Je retrouve Romain dans un bar à vins. En costume, son portable dans la main, il fait plus que son âge – 27 ans. Depuis trois ans, il partage sa vie avec Donia, 38 ans, et… Alice, 1 an. « J’ai rencontré Donia sur un site de rencontres, se souvient Romain. On a tout de suite accroché. Contrairem­ent aux filles de mon âge, elle avait confiance en elle, était indépendan­te… Elle m’a fait part de son désir d’enfant au bout de trois mois. » Et ça ne l’a pas fait flipper ? « Non, c’est un beau désir ! Pas plus flippant que si elle m’avait annoncé qu’elle voulait s’installer en Australie… » C’est quand même un projet qui change la vie. « Bien sûr. Quand elle me l’a dit, j’avoue que j’ai un peu balisé, mais pas longtemps. Moi aussi, je savais que je voulais être papa un jour. Alors pourquoi pas avec elle ? Un an et demi plus tard, on accueillai­t Alice. Donia m’a offert le plus beau cadeau de ma vie. Plus tôt que je l’avais imaginé, c’est vrai. Mais finalement j’ai l’impression qu’elle a simplement accéléré cette envie. » Quelques heures plus tard, j’appelle Marc. « Je n’ai jamais eu de type de femmes. J’ai été attiré par des femmes totalement différente­s… Tout est dans le feeling. » Marc est un mec honnête et sympa. Pourtant, c’est lui qui a quitté Barbara. « Ma famille était contre notre relation, mes potes pas super à l’aise quand Barbara venait en soirée. Mais je m’en foutais. Ce qui a stoppé notre relation, c’était quand elle m’a dit qu’elle voulait un bébé. On n’avait jamais eu cette conversati­on, et rien ne laissait penser qu’elle souhaitait un enfant rapidement. Quand elle me l’a dit, j’ai flippé. J’étais profondéme­nt attiré par cette femme, mais j’ai 25 ans et je ne suis pas prêt à être papa. Continuer notre relation aurait été égoïste de ma part. » Si elle avait parlé de ses envies tout de suite, ç’aurait été différent ? « C’est un sujet sans doute difficile à aborder, mais qui doit l’être le plus tôt possible pour éviter déception, peine, gêne… Si tu sors avec quelqu’un que tu apprécies, tu le dois à toimême comme à cette personne. »

Tout est bien…

Cinq mois après notre apéro post-Marc, Barbara me rejoint pour dîner. Elle est radieuse. « J’ai rencontré quelqu’un sur Tinder, souffle-t-elle avec un immense sourire. Il s’appelle Alex, il a 28 ans, et… il veut un bébé. » Le Graal ! « Au début, je n’osais pas lui en parler, et puis je me suis dit : “Merde, ne refais pas la même erreur”. Il m’a juste répondu : “Bah, moi aussi. Mais pour le moment, je veux t’emmener au ciné.” » Barbara éclate de rire, un rire franc, sans souci. Parce que même si ça ne marche pas avec Alex, leur histoire démarre bien.

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