Cosmopolitan (France)

LE CHOUCHOU : GAËL FAYE

Chanteur et rappeur, il a vendu un million d’exemplaire­s de son bouleversa­nt roman « Petit Pays ». Et revient, comme une fleur, nous offrir une brassée de nouvelles chansons.

- Par Florence Trédez

« Il faut voir la vie comme un poème. » Il fait gris sur Paris, on traîne un rhume interminab­le, et la phrase de Gaël Faye apporte l’exquise douceur requise. Ce géant – 1,93 m – au corps mince et au sourire accueillan­t ajoute : « Je suis en train de lire une biographie de Brel. Eh bien, à chaque tournant de son existence, il a toujours fait les choses telles qu’il les ressentait. » Le chanteurra­ppeur-écrivain francorwan­dais de 36 ans sait de quoi il parle. Plus jeune, après cinq ans d’études dans la finance et une école de commerce, il a quitté brusquemen­t son job dans un fonds d’investisse­ment à Londres pour se lancer dans la musique. « J’étais bête et discipliné. Puis je me suis aperçu que ce n’était pas la vie dont je rêvais. » Les morceaux de son premier album solo, sorti en 2013, panseront ses blessures à l’âme. Celles dont il parle dans « Petit Pays », son premier roman (2016) : l’exil, la séparation de ses parents, les guerres au Rwanda et au Burundi, où il est né. Et ce premier ouvrage, vendu à un million d’exemplaire­s, couronné de nombreux prix littéraire­s, traduit dans trente-cinq pays, le fait, depuis deux ans, voyager dans le monde entier. « Là, je reviens de Sibérie, dit-il. Jamais aucun auteur du Burundi n’y avait présenté de livre. J’ai été très touché par les réflexions d’une dame. Elle n’avait jamais entendu parler du Rwanda et trouvait pourtant que son enfance ressemblai­t à la mienne. » Si le chouchou écrit « un nouveau roman qui parlera de musique », sa priorité, c’est cet EP tout neuf, « Des fleurs », qui clôt le cycle végétal entamé avec « Rythmes et Botanique », sorti l’année dernière. Cinq chansons métissées et mélodieuse­s écrites au Rwanda, où il a vécu quelques années avec sa femme et ses deux filles de 5 et 8 ans, Isimbi et Ikirezi, avant de revenir s’installer à Paris. « J’y parle de fleurs parce que, lorsque j’habitais au Rwanda, j’avais un grand jardin avec de luxuriante­s plantes tropicales. Pour moi qui avais vécu dans le béton pendant longtemps et écrivais du rap urbain, c’était bizarre. » Ces morceaux évoquent aussi sa joie de vivre. « J’avais quitté l’Afrique à cause de la guerre. Y revenir en famille m’a enlevé le traumatism­e. Ç’a été comme un nouveau départ », dit-il, arborant un sourire aussi beau qu’un quatrain.

Son style : « J’apprécie les marques de pays nordiques, adaptées aux grands. Car on ne pense pas assez aux grands. Et j’aime bien les chemises Scotch & Soda même si je porte trop de chemises à mon goût. » Sa femme idéale : « La mienne. On s’est mariés sur une île, il y a deux ans, alors qu’on est ensemble depuis des années. Le couple, c’est se lancer des défis, craindre le confort, garder sa part de mystère. » Son objet fétiche : « Mes carnets Moleskine que je trimballe partout, et où j’écris des textes. Lorsque je suis dans un café, à attendre quelqu’un qui est en retard, je décris ce que je vois. » Son actu : EP « Des fleurs » (Believe). En concert le 5 décembre à l’Olympia, à Paris.

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