MÊME EN COUPLE, JE PENSE À MOI
Pour ne pas laisser notre identité se diluer dans notre tandem, on reste connectée à ce qui nous définit. Sept façons d’y parvenir.
Pour ne pas laisser notre identité se diluer dans notre tandem, on reste connectée à ce qui nous définit. Sept façons d’y parvenir. Par Mathilde Effosse.
Je dis ce que je pense
Son poster de Bob Marley dans les toilettes, son incroyable talent pour recevoir un appel au moment de faire la vaisselle, ça va un moment. Et ça vaut aussi pour les sujets plus importants : si on n’en peut plus d’aller déjeuner tous les dimanches chez sa mère, s’il est H24 sur son portable… Certes, savoir prendre sur soi pour des détails, ça a du bon, mais si ça commence à peser, on réagit. Et on ne laisse pas la peur de la confrontation nous empêcher de dire ce qu’on a sur le coeur : si notre couple n’est pas aussi bancal qu’une étagère montée par un manchot, ce n’est pas une petite dispute qui nous séparera. L’avis de la psy : « Dire que quelque chose ne nous plaît pas, c’est s’affirmer dans la relation. Le garder pour soi, c’est prendre le risque que l’autre nous aime pour ce qu’on lui montre et pas pour ce qu’on est… De plus, le conflit est sou- vent positif : il nous permet de régler les choses, de comprendre l’autre, de se connaître mieux pour s’accorder le mieux possible. »
Je ne perds pas mes passions de vue
Pianiste ou écrivaine à nos heures perdues, amatrice de maquettes en allumettes… Ce n’est pas parce qu’on est en couple qu’on doit sacrifier notre passion ! Tant que notre but n’est pas de déménager au fin fond de l’Alaska pour étudier les saumons sauvages, tout est possible. Et quoi de mieux que de réaliser son rêve aux côtés d’une personne qui nous aime et nous soutient ? L’avis de la psy : « Si une chose nous fait vibrer et nous reconnecte à nous-même, il faut absolument la garder. L’autre sera toujours gagnant, parce qu’on sera heureuse, épanouie, de meilleure humeur : c’est un cercle vertueux qui alimente l’individualité dans le couple. De plus,
nos objectifs évoluent avec le temps. Notre conjoint peut devenir notre moteur, notre partenaire, alimenter notre rêve. Peut-être qu’il est plus organisé que nous, plus calé dans un domaine qui peut nous aider… Un objectif personnel peut même devenir un objectif de couple. »
Je vois mes amis sans lui
On en fait un rituel : toutes les semaines ou les quinze jours, on retrouve nos amis « à nous » autour d’un déjeuner, d’une soirée ou juste d’un café. Pour rester à jour sur leur vie et parce qu’ils étaient probablement là avant notre mec et qu’ils seront aussi là après, si notre couple prend l’eau. L’avis de la psy : « On ne partage pas de la même manière avec nos amis et notre partenaire. On développe plus les choses, on s’ouvre l’esprit… Les moments passés entre amis sont hyper importants. Les liens tissés avant de le rencontrer ne doivent pas être grignotés par le couple. »
Je dis « non »
Être en couple, c’est faire des compromis. Mais il faut poser nos priorités : certes, on était OK pour dîner au resto avec ses collègues samedi, mais on est crevée, ils ne parlent que boulot, et on se verrait bien mater des séries sous la couette. Une relation épanouie et saine, c’est une relation où on se sent libre de faire ce qu’on veut… sans oublier ce qui compte pour chacun. Alors oui, si l’anniversaire du chat tombe le jour du mariage de sa soeur, on peut s’arranger. Mais si on a quelque chose de prévu, très important pour nous, et qu’il ne nous propose pas un événement qui lui tient encore plus à coeur, on dit non. Niet. Nope. L’avis de la psy : « En disant non, on pose nos limites, nous comme lui. En couple, les concessions sont inévitables, mais il ne faut pas que ça soit toujours la même personne qui en fasse. La limite à une concession : elle ne doit pas alimenter des disputes durant des années. Nos actions doivent être équitables sur la durée, ne pas rester en travers de la gorge et on ne doit rien attendre en retour, autant que possible. »
Je m’inscris à un cours… de quelque chose
Pâtisserie, poterie, allemand, yoga : on se trouve un hobby qui nous permettra d’aiguiser notre imagination et nos neurones, et de rencontrer de nouvelles personnes ; bref, de nous nourrir hors du couple. Avoir une activité seule renforce l’estime de soi et nous ouvre sur le monde. On pourra même lui en faire profiter si le sujet l’intéresse. L’avis de la psy : « Tout ce qui stimule notre créativité nous épanouit : c’est un bénéfice pour nous et notre couple, parce que ça nous rend heureuse, zen… C’est enrichissant pour tout le monde. La limite, c’est quand une activité prend trop de temps au couple. Si par exemple notre mec part faire du golf tous les week-ends, ce n’est pas bénéfique. Tout est une question de dosage. »
Je me caresse
Ce n’est pas parce qu’on se prépare une pizza maison qu’on n’aime plus Pizza Hut. C’est juste qu’on aime bien faire à notre façon de temps en temps. Ça nous apprend à mieux nous connaître pour prendre encore plus de plaisir avec lui. L’avis de la psy : « La masturbation et le rapport sexuel sont complémentaires : l’un alimente l’autre. L’important, c’est d’avoir une sexualité épanouie. Si on se masturbe tout le temps et qu’on n’a plus de rapports sexuels avec lui, là, c’est un problème. Mais si on le fait par envie, par plaisir, on sera encore plus excitée quand il sera là, en partageant. »
Je garde mon jardin secret
Si on ne lui dit pas tout, ça ne veut pas dire qu’on lui cache des choses. On n’est pas obligée de rendre des comptes tout le temps, sur tout et n’importe quoi… L’avis de la psy : « Trouver l’équilibre entre ce qu’on dit et ce qu’on ne dit pas, c’est un peu comme la fidélité : chacun en a sa propre définition selon son histoire. Il est donc très important de la partager, afin de comprendre ce qui correspond à l’autre, lui exposer ce qui nous convient, et nous ajuster. Ce n’est pas évident de lâcher “Tiens, chéri, ça te dit qu’on définisse la fidélité samedi soir ?” Alors on profite d’un moment de complicité pour lui en parler, pendant un dîner en tête à tête, au lit avant d’éteindre la lumière… Il faut aussi garder une certaine cohérence : si on a l’habitude de tout lui dire et que d’un coup on arrête, il trouvera ça bizarre. »
Un grand merci à Dolores Fernandez, psychologue-psychanalyste à BoulogneBillancourt, pour sa participation.