AU FAIT…

T’es là, plongée dans le dernier Bernard Werber. À fond avec René Toledano, son héros, et l’exploration de ses vies antérieures. Rien ne pourrait te faire décrocher si ce n’est ton amoureux qui fait la poussière autour du canapé. Toutes tes copines te l’envient, ce mec aussi familier avec le chiffon que Nabilla avec le shampooing. Ce qu’elles ne voient pas, c’est que Roméo ne se contente pas de nettoyer en sifflotant… « Ce magazine, je peux le jeter ? », « T’as vu que t’as un courrier des impôts ? », « Tu tiens vraiment à ces livres ésotériques ? » Si au début, tu réponds : « Un magazine avec l’astro de l’année dedans, ça ne se jette pas ! », bientôt tu râles : « Ça peut attendre la fin de mon chapitre ? » Il explose : « Ça te pose un problème que je range ? » Ben, c’est juste que là, René Toledano s’apprête à visiter l’Atlantide… « Mais si tu triais ton bordel, je n’aurais pas besoin de m’y coller… » Ce qu’il nomme bordel, toi tu appelles ça un espace de liberté et de rêve. Ce courrier pas ouvert, même avec un tampon du Trésor public, ça peut encore être une bonne nouvelle ; ce livre « Devenez médium » pourrait bien faire effet dès l’ouverture ; et grâce à ce Post-it avec les coordonnées d’une super prof de yoga, tu es à un coup de fil du corps de Jessica Alba. Tant que ces objets sont là, à portée de main, tout est possible. Les ranger, c’est renoncer. Roméo lève les yeux au ciel : « C’est fou le temps que tu perds à te justifier ! » Tu t’emportes : « C’est fou d’être aussi matériali… » La sonnerie de ton téléphone vous interrompt : « C’est papa, je suis dans le quartier, je peux passer ? » Tu as à peine raccroché que tu arraches le chiffon des mains de Roméo : « Vite chéri, aide-moi à ranger ce bordel ! »