Chéri, tu valides ?
T’es là, face à ton dressing plus bourré que Depardieu après minuit, répétant le même sketch pour la millième fois : « Je sais pas quoi mettre… » C’était plus simple enfant, quand tu avais le choix entre deux pulls Chipie et trois caleçons (ndlr : l’ancêtre des leggings, pour les lectrices nées après Justin Bieber). La vérité, c’est que ça n’a pas changé depuis : tu fais tourner trois jeans et cinq sweats, toujours les mêmes. Mais les dizaines de fringues qui gravitent autour de tes basiques te foutent la pression et chuchotent : « Et moi ? Non ? Comme d’hab… On ne prend pas de risque… On n’assume pas son style… » Hey ho, on t’a pas sonnée, la combi jaune ! Et toi, le crop top en crochet, la ramène pas trop non plus ! Toutes ces tenues dans lesquelles tu t’es projetée, depuis une cabine d’essayage, foulant le bitume parisien avec la désinvolture d’une star de ciné en pleine paparazzade… Toutes ces tenues sont crucifiées sur leur cintre depuis la date d’achat. Ce jaune fluo ne s’accorde avec rien ; cette robe, tu attends un tapis rouge pour la porter ; quant à ce haut en dentelle, si c’est pour le planquer sous un sweat… Mais ce matin, tous tes jeans sont au sale, tu te lances : tu enfiles ton dernier shopping devant le miroir. Waouh, la bombe ! Sûre de toi, tu défiles tête haute jusqu’au placard à chaussures de l’entrée et là… tu croises le regard de Roméo. Ton enthousiasme retombe comme Shy’m dans la fosse. « J’ai rien dit ! » se défend ton amoureux. Mais sa moue parle pour lui, tu exploses : « T’es chiant à me refiler tes doutes, Monsieur jeanchemise-baskets ! » Tu balances rageusement ta veste à poils orange sur le banc de l’entrée et tu retires à coups de pieds ton pattes d’ef XXL. Vénère, tu tires un jean du bac à linge sale, chopes un sweat, enfiles ton uniforme de miss lambda et pars en claquant la porte alors que ton amoureux insiste : « Mais j’ai rien dit… » Eh ben puisque c’est comme ça : shopping !