Bilal Hassani
Youtubeur à succès et charmant garçon, il sort son premier album et s’apprête à représenter la France à l’Eurovision.
Il déboule dans le studio photo accompagné de Stormy, la perruque blonde qu’il porte sur la pochette d’un premier album de pop solaire et dansante. Intelligent, aimable, drôle, bien élevé. Pas vraiment le portraitrobot du youtubeur hystérique tel qu’on l’imagine. Mais Bilal Hassani, 19 ans, 700 000 abonnés à sa chaîne YouTube, n’est à l’évidence pas un garçon ordinaire. Conspué par les haters et homophobes de tout poil, l’ado queer leur tient la dragée haute avec panache. Son single « Roi », dont le clip, à sa sortie, a totalisé un million de vues en deux jours, est son portedrapeau. « Je l’ai écrite avec Madame Monsieur, dit-il, c’est une chanson qui parle d’acceptation de soi. Elle m’aide beaucoup, c’est limite thérapeutique. Lorsque je vais mal, je me dis : voilà, c’est ça, il faut toujours écouter son coeur parce que c’est notre propre personne qui naît, qui meurt, et entre les deux, il faut être le plus authentique possible. »
Sa mère, Amina, « une maman ++ », informaticienne d’origine marocaine, l’a aidé, depuis toujours, à tenir le cap. En prévenant toute réflexion acerbe lorsque le petit jouait avec ses Bratz et ses Barbie aux réunions familiales. En le changeant de lycée lorsque le harcèlement scolaire devenait trop pesant. « En sixième, on m’a volé mes chaussures et on les a jetées sur une voie ferrée. J’ai dû rentrer chez moi en chaussettes. » Et surtout, en se saignant aux quatre veines pour lui offrir une formation de chant et danse digne de ce nom. « À 5 ans, j’ai fait une crise dans un resto. Je pleurais, je disais à ma mère que j’en avais assez de l’école, que je voulais chanter et danser et devenir une star interplanétaire. » La même Amina sera évidemment présente lorsque Bilal concourt à « The Voice Kids », et reçoit trois « oui » des jurés présents. « Ma mère me soutient quoi qu’il arrive, dit-il. Même lorsque j’étais paumé, et que je voulais devenir chanteur-chirurgien esthétique. Si demain je lui dis que j’arrête tout pour faire plombier, elle me suivra aussi. »
Ce jour-là n’est pas près d’arriver, car en fait de tuyaux à réparer, Bilal Hassani a plutôt des tubes. À l’Eurovision, le 18 mai, à Tel Aviv, son show devrait être royal. « L’Eurovision, j’en rêve depuis tout petit. Je veux apporter à la France la meilleure performance qu’elle n’ait jamais eue. Un truc grandiose. » Pour ça, on peut faire confiance au chouchou et à sa perruque Stormy.
Son style : « À la fois comfy, street et chic. Je porte les costumes de Djelloudi, et des platform shoes Buffalo. Je suis fan de Urban Outfitters, Dior Hommes, Saint Laurent, Jacquemus. »
Son homme idéal : « Mon boyfriend. Il a le teint caramel, des yeux noisette. Il est très calme : avec mon excentricité, ça fait un équilibre. Entre nous, on se parle de tout, il me fait grandir. »
Son anecdote : « En 2013, Ariana Grande vient à Paris. Un millier de fans l’attend. Dans la bousculade, je trébuche et je me rattrape… à la queue-decheval d’Ariana. Elle a eu très peur et elle est partie en courant. »
Son actu : Son premier album « Kingdom » (Scopitone). Le Concours de l’Eurovision en Israël le 18 mai. En concert à l’Olympia à Paris le 21 octobre.