Cosmopolitan (France)

... MON HOROSCOPE

Je suis comme Angelina Jolie, Natalie Portman ou Lana Del Rey. Célèbre ? Riche ? Gaulée de la mort ? Non. Gémeaux.

- Par Manon Pibouleau

DDans la vie, quand on me parle, j’écoute à moitié. Et pas n’importe quelle moitié. Mon oreille n’entend que le positif. Ainsi, quand ma chef m’informe « Il est super ton article mais… », la communicat­ion est coupée, ça me suffit. Pour mon horoscope, c’est pareil : mon oeil s’arrête en priorité sur les bonnes nouvelles. Je suis donc ravie d’apprendre que le 17, Mars en Saturne me prépare une rencontre exceptionn­elle : « Ouvrez l’oeil, l’amour se cache peut-être au prochain coin de rue ! » Quand je lis mes prévisions astro, mon coeur l’emporte toujours sur ma raison, même si j’ai du mal à imaginer tous les Gémeaux du monde se cogner un rhume, un découvert ou une demande en mariage à la même date. Pourtant, j’ai très envie d’y croire. J’écarquille les yeux, je marche lentement pour ne pas semer mon potentiel fiancé et je fais gaffe en traversant la rue. Si l’amour me tombe dessus, évitons que ce soit au pied de la lettre.

Un moyen de parler de moi

Le 17 au soir, personne ne m’est rentré dedans. En tout cas, pas en bien. L’astrologue s’est planté, j’en étais sûre, de toute façon c’est du pipeau, un bel attrape-couillon, j’y ai jamais cru à leur salade. Déçue moi ? ? Pas du tout ! La preuve, le lendemain, rebelote. Je consulte à nouveau mes prévisions parce que l’horoscope est devenu une habitude narcissiqu­e. L’équivalent d’une chaîne d’info en continu qui ne s’intéresse qu’à un seul sujet : moi. Ce qui est bien, c’est qu’il explore toutes les facettes de ma vie. Si les nouvelles amoureuses manquent d’optimisme, je me rabats sur les prévisions boulot. Il suffit d’une phrase, « Si vous avez un projet à vendre, c’est maintenant », pour que je bombe le torse et explique à ma chef mon envie d’évolution. Idem pour les recommanda­tions santé, bien moins moralisatr­ices que celles des parents. Si les étoiles me conseillen­t de me détendre, même si je me sentais en pleine forme après une nuit de dix heures, tout compte fait, c’est vrai que mes trapèzes sont un peu noués. L’horoscope exerce une force de persuasion à laquelle je me plie volontiers. Il a raison, ce serait con de s’épuiser : « Garçon ? Un mojito, s’il vous plaît ! » Bien sûr, je suis la seule à actionner les bons leviers de mon existence mais l’horoscope me motive, me donne le courage d’oser et me fournit de fabuleux prétextes pour buller en terrasse. Pourtant, ils ne sont pas tous aux petits soins. Certains ont l’indélicate­sse de me parler finances. Ils me mettent en garde, comme quoi je jetterais l’argent par la fenêtre Asos de mon ordi… Ceux-là, je n’attends pas que la Lune fasse trois fois le tour de la Terre pour les bannir de ma revue quotidienn­e. Je me suis également fixé une règle : ne jamais consulter l’horoscope annuel. Le pari est trop grand. S’il m’informe que l’année promet d’être merdique, je risque de mal le vivre. Non, vraiment, il vaut mieux découvrir les douze prochains mois au jour le jour.

Un moyen de rassembler

La plupart du temps, je consomme mon horoscope toute seule. Mais ce que je préfère, c’est le partager entre copines, voire entre collègues. C’est joyeux et bon enfant. Toutes réunies autour du magazine, on se questionne : «T’es quel signe, toi ? » Et souvent, on se découvre des affinités : « Poissons ? Comme mon père. Je les adore. » Ensuite, on analyse chaque phrase et on la fait correspond­re à notre quotidien. C’est pour ça que les horoscopes sont bien faits. Ils emploient des termes très techniques pour débiter une vague de généralité­s dans lesquelles chacun s’identifie. Ainsi, Camille, la copine, m’annonce à voix haute que j’ai une nouvelle chance de me dégoter un fiancé aux alentours du 27. En fait, j’aime l’horoscope parce qu’on se ressemble : lui non plus, il ne baisse jamais les bras.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France