J’ÉCOUTE MON INTUITION
Notre petite voix intérieure peut beaucoup pour nous… à condition de savoir la suivre. Par Camille Anseaume.
1 Je prends conscience que j’ai de l’intuition
L’intuition, c’est un peu comme la chance : si je considère que je n’en ai pas, je suis sûre de passer à côté. Première étape, donc : réaliser qu’on a toutes en nous un sixième sens et qu’on l’utilise déjà sans s’en apercevoir… « Dans le domaine amoureux, on pense que je suis une nana hyper cartésienne, à l’opposé du côté sensible, émotif ou intuitif, explique Élodie. C’est vrai que je ne suis jamais tombée sur le genre de tocard que me décrivent mes copines. Mais en parlant avec elles, j’ai compris que l’image que je renvoie n’est pas la bonne : ce qui guide mes choix, c’est justement l’intuition ! Et c’est peut-être cette petite voix que mes potes prennent le risque d’ignorer. Parce que moi, quand je ne sens pas un mec ou que mon petit doigt me dit qu’il est compliqué ou maqué, je ne le revois pas, point. » Mon exercice
Par écrit, je me remémore les situations où j’ai eu des petits flashs intuitifs : j’ai pensé à quelqu’un juste avant d’avoir son appel, je n’ai pas senti une personne, j’ai pris la bonne route alors que j’étais paumée dans la campagne… Bingo ! J’ai la preuve sous les yeux que je suis déjà intuitive et que je n’ai plus qu’à développer ce précieux outil.
2 Je reconnais la petite voix
Cette petite voix qui connaît souvent la bonne réponse, je l’écoute parfois sans même m’en rendre compte. Mais le hic, c’est quand elle s’égosille et que je ne l’entends pas… Car pour écouter mon intuition, encore faut-il que je l’identifie. Un discernement qui a manqué à Fanny : « Quand une pote m’a proposé de m’aider à monter mon projet de podcast, j’ai tout de suite senti un truc se raidir en moi, comme si je pilais en voiture. J’essayais de me raisonner, de me dire que c’était une super opportunité, et j’ai accepté. Ça ne s’est pas bien passé. Je portais ce projet depuis trop longtemps pour pouvoir le partager, et c’est exactement ça que j’avais pressenti au début…
On a arrêté la collaboration avant de s’engueuler, mais ça a été une belle leçon : mon sixième sens à moi passe par le corps, et je le saurai la prochaine fois… » Mon exercice
Pour identifier comment se manifeste mon intuition, je reprends la liste des situations détaillées dans l’exercice précédent, et je me demande pour chacune d’elles : – Qu’est-ce que j’ai ressenti ? Une émotion ? Une sensation physique ? – Quelle forme a pris mon pressentiment ? Celle d’une voix ? D’une image ? – Est-ce que c’était fulgurant ? Plutôt étalé ? À partir de mes réponses, je peux établir le portrait-robot de mon intuition, et la reconnaître tout de suite la prochaine fois qu’elle se pointera !
3 Je visualise mon troisième oeil
Je le sais si je n’ai pas séché tous mes cours de yoga : les chakras sont des centres d’énergie dans notre corps, qui en compte sept principaux. Le sixième, appelé troisième oeil, est situé au milieu du front entre les deux yeux. C’est l’oeil intérieur ou oeil de l’âme, qui permet de regarder en soi. Et c’est celui que s’arrachent (au sens figuré) les voyants et ceux qui souhaitent développer leur sixième sens. Si je ne suis pas très branchée chakras, pas de panique : je peux le considérer simplement comme un radar à vibrations qui m’aidera à booster mon intuition si je l’exerce, un peu comme un muscle. Et c’est plus facile à faire si je me le représente. Mon exercice Je me concentre pour visualiser mentalement mon troisième oeil au niveau de la peau du front, à l’extérieur de la tête. Puis je ferme les yeux et j’imagine une petite boule blanche et lumineuse qui entre dans ce troisième oeil et progresse dans ma tête. Des sensations d’inconfort dans les yeux peuvent se faire sentir, mais elles finiront par disparaître en pratiquant l’exercice quelques minutes par jour.
Petit mantra à accrocher au-dessus du miroir pour le voir tous les matins : « Je te l’avais dit. Cordialement, ton intuition. »
4 J’aiguise mes cinq sens « J’ai quitté un boulot stable pour me mettre à mon compte, ce qui est passé pour un coup de tête, explique Marianne. Mais ce n’est pas si simple : pendant plusieurs mois, j’ai écouté, observé, réfléchi… Et puis, un jour, c’est comme si toutes les pièces du puzzle étaient en place : quelque chose me soufflait que c’était le bon moment. » Ce « quelque chose », pas besoin d’avoir un master de psychologie pour comprendre qu’il s’agissait d’une intuition. Or, celle-ci n’est pas une pensée magique qui tombe du ciel, mais une sorte de raccourci que prend le cerveau. Concrètement, il collecte des infos dans notre dos et un jour il nous les balance en bloc. Une intuition se nourrit donc de plein d’éléments que je peux recueillir en aiguisant mes sens. Mon exercice Dans les transports en commun, je prends le temps de détailler mes perceptions en gardant en tête l’interrogation « comment ? » : comment est cette odeur ? Comment je me sens, assise sur ce siège ? Comment semble cette femme devant moi ? Cet adverbe m’oblige à me creuser la tête pour isoler mes sensations et mieux les interpréter.
5 Je développe mon empathie
Me mettre à la place de l’autre, appréhender ce qu’il ressent, c’est en même temps faire grandir mon sixième sens. Car si je capte comment les autres fonctionnent, je développe ma capacité à percevoir ce que disent les corps, les intonations de voix, les silences… Et lire entre les lignes des gens, c’est un entraînement idéal pour sentir aussi les lieux, les objets… et tout le reste. Mon exercice
Lors de la prochaine discussion avec un ami ou un collègue, je tourne sept fois ma langue dans ma bouche (et pas dans la sienne) avant de dire ce que j’en pense. En mettant mon jugement sur « off », j’apprends à écouter vraiment et à accueillir ses émotions pour développer mon flair et mon panel de sensations.
6 Je laisse mon cerveau droit s’exprimer
C’est l’hémisphère de la créativité et de l’intuition, et les deux sont très liées. C’est d’ailleurs « au feeling » que Léonard de Vinci aurait travaillé sur les premières machines volantes et que Steve Jobs prétend avoir fondé Apple. Grâce à son flair, Angèle n’a ni inventé la montgolfière ni amassé une fortune de 7 milliards de dollars, mais elle se sent bien dans ses pompes, et ça n’a (presque) pas de prix : « Ça peut paraître superficiel, mais pendant longtemps, m’habiller a été un cassetête. La découverte des fripes avec une amie, ça a été une petite révolution dans mon style et ma confiance en moi. Dans cet univers plein de couleurs et de formes bizarres, j’ai accepté
de m’amuser. J’y suis allée au feeling, sans réfléchir, en prenant les vêtements qui me “faisaient oui”. C’est une expression que je trouve parlante : quand je suis attirée par une matière, une couleur, une finition, je prends, sans me poser de questions. Après, j’assemble en fonction de ce que j’ai, et ça marche, parce que c’est vraiment moi. » Mon exercice Je m’entraîne aux « gribouillis de téléphone », ces espèces de spirales, labyrinthes ou flèches bizarres que je dessine sans y penser sur un Post-it quand je suis en pleine discussion téléphonique. Ces dessins spontanés et instinctifs m’aident à laisser parler ma créativité. Pour bousculer les automatismes, je peux utiliser la main avec laquelle je n’écris pas, et entraîner ainsi la partie de mon cerveau qui loge l’intuition à s’exprimer plus souvent.
7 Je définis ma question
Je peux me servir de ma petite voix au quotidien pour des événements de rien du tout : trouver une place de stationnement, choisir un resto… Mais j’ai aussi la possibilité de l’utiliser pour une situation qui coince ou une décision à prendre. À condition d’avoir mentalement formulé la question. « Par un concours de circonstances, j’apprends que le mec d’une de mes meilleures amies l’a trompée, une fois. Je ne sais pas quoi faire. Moi, je voudrais qu’on me le dise dans cette situation. Oui, mais je ne l’ai jamais vue aussi heureuse, c’est arrivé une seule fois et il regrette. Je suis son amie, je lui dois la vérité. Oui, mais si elle l’apprend, elle le quittera. Je fais du surplace jusqu’à ce que ma mère me dise : “C’est quoi ta priorité ?” Bonne question. Être une amie sincère ? La préserver ? Me décharger d’un poids ? Alors j’essaye d’y voir plus clair, et je me pose la question plus simplement : “Comment je dois réagir pour son bonheur à elle ?” La réponse s’est imposée. Elle ne venait pas de la tête mais du coeur. Je ne sais pas si me taire était le “bon” choix, mais c’est celui que me dictait mon intuition. » Mon exercice J’écris une lettre à mon intuition. Au calme, avec un carnet et un stylo, ou un ordi, je réfléchis à mon problème et je note la question précise que j’aimerais lui poser. Je la dirige intérieurement, en imaginant que je l’adresse à mon coeur ou à mon ventre (en général, une de ces deux zones est beaucoup plus « parlante » que l’autre). Puis, en fermant les yeux, j’observe et j’écoute, comme si j’étais dans une forêt, ce qui se passe dans ma tête, et je note les dix mots qui me viennent.
8 Je devine les ambiances
C’est parti pour l’épreuve de vérité. Car c’est bien beau de m’entraîner, mais il est temps de m’offrir un petit bilan de compétences pour progresser et obtenir haut la main mon diplôme d’intuition. C’est ce que fait régulièrement Sonia : « Quand je dois participer à une réunion de boulot ou à une fête de famille, je prends un petit moment avant pour imaginer le plus précisément possible comment va se dérouler l’événement. Ça me met en condition, et c’est un retour immédiat puisque je peux voir très vite si j’ai affiné mon flair ou si j’ai oublié d’envisager certains éléments. » Mon exercice
Avant d’entrer en réunion, j’essaye d’imaginer ce qui se passe derrière la porte. Qui est là ? Quelle est l’ambiance ? Et l’odeur ? Où vais-je m’asseoir ? Quels seront les premiers propos échangés ? Après la réunion, je compare ce qui s’est réellement passé avec ce que j’avais envisagé et j’identifie les points de différence (ambiance, environnement, durée…).
9 J’accepte de bousculer mes habitudes et mes certitudes
Si je pense fugacement à une amie perdue de vue depuis quelque temps et que je décide de lui téléphoner, j’ai une chance d’apprendre qu’elle a une bonne nouvelle à m’annoncer. Si je pense à elle mais que je me dis : « Je ne vais pas l’appeler, ça paraîtrait bizarre après tout ce temps », je n’ai aucune chance de « transformer l’essai » de cette intuition. Car celle-ci a beau sonner à la porte, elle prendra un mur si je ne suis pas prête à bousculer un peu l’ordre normal des choses. « Avec mon mec, illustre Clara, on cherchait depuis des mois un appartement à Paris. Un jour, dans une vitrine, je tombe en amour devant les photos d’un deux-pièces canon… à Bagnolet. C’est juste de l’autre côté du périph, mais on n’a pas du tout prévu de quitter Belleville ni Paris. La nuit qui suit, je rêve de l’appart. J’en parle à Ottis… qui refuse net. Il y a un détail tout bête mais qui me touche, il est situé avenue des Camélias,
et ma grand-mère adorée était fleuriste. Je repasse à l’agence et je demande à le visiter, seule. Il est encore mieux que ce que je pensais. J’ai réussi à convaincre Ottis : c’est l’appart idéal, et depuis qu’on y est, trois couples de potes se sont installés à Bagnolet. » Une coïncidence, un rêve, une intuition profonde : ces indices nous guident, à condition de bien vouloir les suivre… Mon exercice Je fais un « reset » pendant une journée entière pour mettre à plat mes réflexes habituels et accueillir la nouveauté. Pour cela, chaque fois que je sens pointer dans ma tête une idée préconçue (« ce quartier est nul », « ce type est inintéressant », « ce plat est dégueulasse »), je me laisse une chance de modifier mon jugement en posant un tout petit acte (marcher, engager la discussion, goûter) qui me permettra peut-être de changer d’avis.
10 Dernière étape : je n’écoute pas les autres
« Pour prendre une décision, ou même savoir quoi penser, j’ai besoin de m’en remettre à plein de monde, explique Carole. J’interroge mes amis, mon père, mon mec… Jusqu’à ce que je décide d’écrire un livre. Un rêve secret que je n’ai pas eu envie de partager avec qui que ce soit, pour ne pas me coller la pression. Alors il m’a bien fallu me passer des conseils de mon entourage et faire les choses à ma façon. Si je ne suis toujours pas en contact avec un éditeur, je me suis rencontrée, et on s’entend bien, en fait. » Il faut parfois des événements comme celui-là pour être « forcée » de s’écouter. Et quand l’occasion ne fait pas le larron, il faut baisser le volume des voix des autres pour mieux entendre la mienne. Mon exercice Je m’efforce, face à la prochaine situation qui me donnera du fil à retordre, de ne pas en parler. Ni pour m’en plaindre (la plainte appelle souvent un conseil), ni pour demander un avis. Avec les personnes de mon entourage proche, je peux aller plus loin pour éviter qu’ils me donnent un avis que je n’ai pas sollicité : le premier qui commence sa phrase par « tu devrais » ou « à ta place » paye sa tournée (ou le resto, tant qu’à faire). En bonus, je m’épargne des remarques décourageantes du genre « cela semble risqué » ou « c’est de la folie ». Tant mieux d’ailleurs, puisque les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais. Ex aequo avec les décisions que l’on prend parce que notre petite voix nous les a dictées.