CET ÉTÉ, JE BRONZE TRANQUILLE
Comment démêler le vrai du faux pour être en paix avec les UV, notre peau et les coraux ! Par Emmanuelle Lannes.
Il n’y a pas si longtemps, les vacancières se divisaient en deux clans : celles qui écoutaient leur dermato au SPF près, et celles qui vivaient à fond leurs quinze jours en mode sea, sex & sun. Aujourd’hui, entre vraies infos et fausses rumeurs, difficile de s’y retrouver. Alors, vrai ou fake ? On vous dit tout.
« Réappliquer sa crème solaire toutes les deux heures… Encore un argument pour nous faire dépenser plus ! »
Faux. C’est plutôt la façon de nous signaler que nous n’appliquons jamais un solaire de manière parfaite. Sous microscope, on réalise qu’on l’étale façon « passoire », avec plein de petits trous qui laissent passer les rayons ! En renouvelant l’application toutes les deux heures, voire toutes les trente minutes si on joue dans les vagues, on augmente les chances d’une application homogène sur la durée.
« Les filtres des soins solaires ont une durée limitée.»
Vrai. Leur job consistant à « absorber » les UVA et les UVB pour protéger l’épiderme, on estime qu’au bout de deux à six heures de plein soleil, ils perdent en efficacité.
« Les SPF ne font pas ce qu’ils promettent. »
Ni vrai, ni faux. On peut attraper un coup de soleil avec un SPF 50 et revenir indemne de la plage avec un gentil SPF 20, simplement parce que toutes les formules, même si elles sont testées in vivo, ne correspondent jamais à 100 % à la vie réelle. Tout dépend ce qu’on fait sur la plage : dans l’eau non-stop ou scotchée au parasol, en tee-shirt ou topless, accro au terrain de volley ou à la lecture avec chapeau sur la tête… En clair, nous sommes responsables de notre SPF et de la quantité à déposer sur la peau pour être bien protégée.
« Une étude australienne déclare qu’un écran solaire SPF15 devrait suffire à nous protéger. »
Pas si faux. Le plus important, c’est de mettre la bonne dose, au bon moment. Le chiffre 2 est à retenir absolument : 2 mg par cm2 de peau, 2 heures avant de filer sur le sable, et 2 heures maximum entre chaque ré-application. Pour la quantité :
En tube : l’équivalent de 1 cuillère à soupe pour le visage + 3 pour le corps + 2 pour chaque bras.
En spray : 3 pulvérisations sur le visage + 12 sur le corps.
En stick : 7 allers-retours sur la zone à protéger. Dans ces conditions, un solaire de 150 ml devrait durer entre trois et cinq jours. Quand on sait que le chiffre officiel est d’un tube pour toute la famille et l’ensemble des vacances, on est loin du compte.
« Peu importe le SPF, l’essentiel c’est la texture.»
Vrai. D’après une étude « Solaire et Sport » élaborée par Uriage et le Pr Jean-Luc Schmutz (Nancy) sur plus de 400 personnes, 25 % de vacanciers n’appliquent pas de soin solaire parce que « ce n’est pas agréable ». D’où l’importance d’une texture sur mesure pour nous motiver ! Qu’elle soit huileuse, crémeuse ou en brume, parfum vanille ou jasmin… Il y a suffisamment de choix pour trouver « la » texture faite pour nous, qui supprimera l’impression de « corvée », voire fera de l’application un moment sensuel.
«Sans UVB, pas de vitamine D. Et sans vitamine D, on risque la déprime, des os moins solides… »
OK, mais ce n’est pas une raison pour zapper la protection ! De toute façon, un SPF laisse toujours passer quelques UVB : environ 4 % pour un SPF 30, et 2 % pour un SPF 50 – d’ailleurs le label « écran total » n’existe plus pour cette raison. Ensuite, il suffit de peu pour synthétiser la vitamine D et refaire son stock d’énergie. Mode d’emploi : on expose nos avant-bras (sans crème solaire, bien sûr) pendant cinq à dix minutes (selon la nature de sa peau), aux heures où les UVB sont en force, soit entre 13 heures et 15 heures, et on alterne un jour sur deux avec les jambes. On peut compléter avec une alimentation riche en « bons gras ».
« Les crèmes solaires polluent les océans. »
Malheureusement vrai. La question de l’environnement est de plus en plus au coeur des préoccupations des laboratoires. Contre le blanchissement corallien et sa « déforestation », certains cosmétiques s’engagent,
comme Caudalie, membre du 1 % For The Planet & Coral Guardian, qui « adopte » des coraux sur l’île d’Hatamin en Indonésie. Clarins développe du mécénat avec l’Institut océanographique de Monaco. Avène s’engage aux côtés du collectif Pur Projet, qui oeuvre pour la régénération des coraux. Des initiatives formidables… qui ne riment à rien sans la reformulation des produits solaires. Les marques y travaillent ! Sur le banc de touche : l’oxybenzone, l’octocrylène (c’est lui qui pique les yeux), l’octinoxate ou les silicones, à remplacer par des formules biodégradables et résistantes à l’eau.
« À 17 heures, ce n’est pas le coup de soleil que je risque, mais le coup de vieux.»
Vrai de vrai. On parle toujours du danger des heures chaudes, et de la douceur de la fin de journée. Oui, mais c’est justement là qu’on s’expose sans protection. Or, si les UVB ont disparu, les UVA, eux, restent combatifs, avec promesse de taches et de ridules. Alors même après 17 heures, on se crème !
« Arriver bronzée, même pour de faux, c’est éviter les brûlures des premiers jours. »
Vrai. Dermatos et cosmétos sont unanimes : ce sont les premiers jours, quand on est livide sur le sable, qui favorisent les conduites à risque et sont à l’origine des futurs cancers de la peau. Si on est déjà bronzée, on sera moins tentée de faire la crêpe toute la journée. Deux solutions au choix, à adopter quinze jours avant le départ : – appliquer un autobronzant très léger, jour après jour, jusqu’à obtenir la teinte brugnon, pêche ou pain d’épice qu’on aime. Bonne nouvelle : cette année, ils s’enrichissent d’activateur des mélanocytes, les cellules de la peau qui synthétisent la mélanine. – s’offrir une « gym » de la mélanogénèse : matin et soir, on pulvérise puis on masse l’épiderme à coup de spray blindé d’actifs boosters de couleur. Avantage ? On bronze plus vite et de manière plus uniforme, et on augmente en même temps notre résistance au soleil.
Merci à Virginie Couturaud, directrice scientifique Esthederm, et à Cyrille Telinge, créateur de la marque Novexpert.