Cosmopolitan (France)

Chéri, tu veux pas faire moins de bruit ?

- Par Chloé Plancoulai­ne. Illustrati­on Marie Perron.

T’es là, épongeant les miettes du dîner, quand CHLING ! BAM ! Kiii ! Une fanfare de casseroles se met à jouer côté cuisine. Tes oreilles se sentent agressées comme Booba devant Kaaris, et la punchline part toute seule : « Purée, mais chut ! » Roméo réplique : « Excuse-moi de faire la vaisselle ! » Réplique ponctuée du plus gros CHLING de tous les temps, quand le couvercle de la cocotte-minute s’écrase sur le carrelage. « Tu vois, quand tu me déconcentr­es… », il ose. T’as pas la force de renchérir, t’es en PLS – position létale de surdité. Vite, tu pars t’allonger avec l’album d’Agnes Obel dans les oreilles… Quand Roméo se laisse tomber sur le lit comme sur un trampoline, tu remets le sujet sur la couette : « Si ça se trouve, t’as des problèmes d’audition ? » Il explose de rire : « Tu préférerai­s me voir avec un sonotone plutôt que de reconnaîtr­e que t’es crevée et irritable ! » Ah… OK. Et il se souvient pourquoi t’es crevée ? Non ?! Parce qu’il t’a réveillée deux fois la nuit précédente pour aller aux toilettes ! C’est simple, quand il tourne une poignée, il égorge un cochon. « Je me retiens toute la nuit, alors ? » Non, mais s’il faisait un petit effort, genre éviter d’allumer la lumière ou de tirer la chasse entre minuit et 6 heures, tu te sentirais plus respectée. Plus aimée… « Bon, bon, OK, je vais essayer ! » Et c’est vrai, trois heures plus tard, Roméo essaye : il avance à pas de fourmi dans le noir jusqu’à ce que… BIM ! il se prenne le petit doigt de pied dans le banc de l’entrée et revienne fissa se rouler contre toi en couinant. Soudain, tu comprends. En fait, il a besoin d’attention… « Non, juste d’arnica, jure-t-il entre deux râles d’agonie. Aaargh, t’es sûre que c’est pas cassé ? Rhâââ, tu veux pas rallumer pour voir ? » La possibilit­é d’une fracture écartée, il te reste deux heures de sommeil. Mais quand le réveil sonne, le karma a fait son travail. «T’as ronflé comme jamais », lâche Roméo sous dix centimètre­s de cernes. Pas rancunier, il t’embrasse bruyamment : « À nous deux, on écrit la mélodie du bonheur. » ●

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