Cosmopolitan (France)

“IL FAUT SOUFFRIR POUR ÊTRE BELLE”

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On ne se rappelle plus exactement à quel âge on a entendu cette phrase pour la première fois. Sûrement qu’on portait des couettes et que notre sac à dos creusait des sillons dans le sol. Matin et soir, notre mère nous coinçait la tête pour démêler nos cheveux pendant qu’on se débattait. Depuis ce rituel douloureux, nous avons grandi avec la souffrance et l’avons entièremen­t intégrée. On « fait avec » parce qu’être une femme « c’est avoir mal ». Au moins une fois par mois, au moment des règles. Le reste du temps, nous blessons notre ego, et parfois notre santé, pour répondre aux canons de beauté : jeune + mince + souriante = avalanche de likes, commentair­es élogieux et pluie de followers qui valident notre physique presque #sansfiltre. Le genre féminin est conditionn­é à douiller pour embellir et à se déprécier si ces objectifs ne sont pas atteints. Toutes les époques ont connu un « idéal de beauté » auquel les femmes ont essayé de se conformer. Le corset qui étouffait, le régime à l’arsenic ou le fard au plomb qui empoisonna­it. Aujourd’hui, on n’a plus envie d’avoir mal. STOP ! Entourage proche ou lointain, vous n’avez pas à dire ou à laisser entendre à votre fille que la souffrance est l’unique façon d’être considérée par le monde qui l’entoure. Cette course à la beauté, à la jeunesse, à la reconnaiss­ance, lui pompera son temps, son énergie, ses économies, et entamera son moral. Elle qui était insouciant­e et décomplexé­e deviendra avec le temps et à force de remarques une adulte hésitante et lisse. Apprenez-lui la confiance en soi comme vous lui apprenez à marcher. Se tenir debout, c’est se tenir droite, le menton relevé, fière d’être née comme ça.

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