Cosmopolitan (France)

... LES JEUX-CONCOURS

Je gratte des tickets, je coche des cases, je remplis des coupons, je m’affiche sur les réseaux et je perds. À chaque fois.

- Par Manon Pibouleau

MMon initiation aux grands jeux de la fortune et du hasard a commencé très tôt. Tous les midis, en direct de la télé familiale, Jean-Pierre Foucault (ndlr, l’ancêtre de Cyril Hanouna), nous proposait un deal juteux : « Chers téléspecta­teurs, vous pouvez gagner jusqu’à dix mille euros. J’ai bien dit dix mille euros ! ! Pour tenter votre chance, répondez à la question qui s’affiche en bas de votre écran en appelant le 3612, code “pigeon” après le bip. » Ladite question était d’une simplicité qui frôlait l’indécence : « Qui est l’interprète de “Noir c’est noir” ? A. Johnny Halliday, B. Gilbert Montagné. » et toute la famille s’égosillait : « Réponse A ! Faut quand même pas être neuneu. » Nous n’avons jamais décroché le pactole. Et pour cause : nous n’avons jamais appelé le standard. Selon mes parents, l’argent, on le gagne, mais en travaillan­t.

Les jeux me font perdre les pédales

En grandissan­t, j’ai découvert de nouveaux formats de jeux-concours. Il y en a qui promettent de changer ma vie (10 millions d’euros à la clé), d’autres de la rendre un chouia plus confortabl­e (1 million), ou alors de m’envoyer en vacances. Certains se révèlent plus modestes mais utiles : en participan­t à un concours organisé par Charal, j’aurais peut-être la chance de gagner un kit pour barbecue et une paire de chipolatas. Adolescent­e, alors que je faisais mes courses au rayon sucettes et Dragibus chez le buraliste, un magazine retient mon attention. En couverture, la possibilit­é de réaliser mon rêve : décrocher une rencontre avec ma chanteuse préférée – dont je tairai le nom par souci de crédibilit­é. Je l’ai d’abord joué fairplay. J’ai acheté le journal, découpé le coupon, payé le timbre, prononcé une incantatio­n et puis je l’ai posté. De retour chez moi, j’ai mesuré ma chance de victoire : ridicule. Alors je me suis laissé emporter par le tourbillon de la gagne… Après avoir siphonné mes économies et épuisé la patience de mes parents, j’ai triché. D’abord, je me suis planquée entre les rayons pour arracher discretos les bulletins de jeu dans la revue, puis je les ai photocopié­s par dizaine, histoire de filer un coup de pied au destin. Mais si la fin justifie les moyens, elle ne mène pas forcément à la victoire. J’y ai cru et j’ai perdu : ma morale, tout mon pognon et l’espoir de partager un tête-à-tête avec Mylène Farm… Oups.

Les jeux m’apprennent la patience

Aujourd’hui, je mets moins de sentiments quand je participe aux jeuxconcou­rs. Peut-être parce qu’ils sont dématérial­isés, peut-être parce qu’il y en a trop. La plupart du temps, je provoque la chance via les réseaux sociaux. Sur Instagram, ce sont les influenceu­rs qui m’invitent à décrocher le gros lot. À leurs pieds ou sur leurs épaules, ils paradent avec l’objet de mon désir. Les modalités de participat­ion sont les suivantes : « Pour gagner, explique tes motivation­s en commentair­e. » Mes motivation­s ? « Bonjour, j’ai beaucoup d’expérience en shopping, j’admire votre ego et je pense être la candidate idéale pour me la péter avec ces nouvelles baskets. Bien à vous. » Mais il existe aussi des alternativ­es. Par exemple, je peux tenter ma chance en taguant des amis. Ça, j’évite. Les pauvres, ils risquent d’être déçus en découvrant le contenu de leur notificati­on, « Eh merde, j’ai cru qu’on m’avait liké ». En résumé, voilà ce que j’ai retenu : ma famille avait tort. Cet argent, si jamais un jour je le gagne, il sera mérité. À chaque fois, je travaille ma persévéran­ce et j’astique ma bonne étoile… Je suis certaine que le grand loto de l’univers me le rendra.

P-S : Il y a un jeu-concours que je n’ai jamais fait : celui qui me propose de gagner une rencontre avec mon âme soeur. Oui, oui, rien que ça ! Ça se passe à la soirée Love Is In The Car, le 11 juillet à l’Atelier Renault, 53, avenue des Champs-Élysées, infos sur atelier.renault.com.

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