Cosmopolitan (France)

COMMENT SE FAIRE DU FRIC EN REVENDANT SES FRINGUES

Claquer chaque mois un demi-salaire en vêtements, au final, ça peut rapporter ! Six conseils d’une dealeuse de mode expériment­ée.

- PAR CAMILLE ANSEAUME PHOTO PAMELA HANSON

Six conseils d’une dealeuse de mode expériment­ée. Par Camille Anseaume.

CONSEIL N° 1 : NE TE TROMPE PAS DE CRÉMERIE

Le Bon Coin et eBay, c’est bien pour les meubles de jardin et l’électromén­ager. Vendre des vêtements, ça marche mille fois mieux sur les sites spécialisé­s. Mes très belles pièces, je les mets sur Vestiaire Collective et Videdressi­ng, les géants du luxe d’occasion. Je suis sûre d’y trouver des acheteuses blind… ciblées. Le seul bémol, c’est la commission, qui peut aller jusqu’à 20 %. Pour mes autres articles, place à Vinted, aux 21 millions d’utilisateu­rs à travers le monde, à l’affût des occasions Zara, Asos, Claudie Pierlot ou Sézane, l’une des marques les plus convoitées sur la plateforme. En revanche, pour la petite pièce canon dénichée à La Halle ou chez Kiabi et que je vendrais 1 € dans le meilleur des cas, je préfère la donner. Je garde à l’esprit le ratio temps passé/argent, une règle de survie sur Vinted.

CONSEIL N° 2 : TEMPÈRE TES ARDEURS

Avec les premières ventes, l’addiction s’installe doucement. J’ai 3 € dans mon porte-monnaie Vinted, un commentair­e positif, un peu plus de place dans mon placard, et les fringues accrochées dans mon dressing me promettent un avenir radieux. Alors, je recommence et je vire tous les vêtements que je ne porte plus, puis je lorgne bizarremen­t sur ceux que je mets encore souvent… Puis sur les fringues de mon mec… Bientôt, si je n’y prends pas garde, on se retrouvera tous les deux à poil. La faute à Marie Kondo, qui m’a retourné le crâne avec sa manie de ne conserver que ce qui lui procure une « étincelle de bonheur ». Après quelques mois d’expérience, je trouve l’équilibre et les trois questions à me poser avant de vendre : « Est-ce que ce vêtement me va ? Est-ce qu’il me plaît ? Est-ce qu’il me sert ? » Si je réponds au moins une fois « non », banco, j’y vais !

CONSEIL N° 3 : SOIS PRÉVOYANTE ET ORGANISÉE

La première fois que je vends, toute à mon bonheur, je ne vois pas le temps filer. Et je me trouve fort dépourvue quand le délai maximal d’envoi m’a rattrapée. Résultat : j’achète en catastroph­e une cartouche d’encre pour imprimer le bordereau d’expédition (13,99 €), une boîte en carton (1,99 €), du gros scotch marron (2,39 €) et un ticket de bus pour me rendre au point relais le plus proche (2 €). 20,37 € et une demi-journée plus tard, j’ai expédié mon article à 3 €. Pas besoin d’être expert-comptable pour assimiler la balance des pertes et des profits. Mais on apprend de ses erreurs. Depuis, je mets de côté des emballages qui dépannent : un carton vide de céréales, une boîte à chaussures, une enveloppe en kraft, un sac plastique, ou du papier cadeau entouré de gros scotch.

CONSEIL N° 4 : SOIGNE TES VENTES

Grosso modo, le prix du vêtement que je veux céder ne doit pas dépasser 50 % de sa valeur d’achat, sauf s’il est neuf avec étiquette. Je pratique des baisses de tarifs (notifiées aux utilisateu­rs intéressés par mon article) à l’heure de l’apéro et en début de mois, parce qu’un coup dans le nez ou un salaire qui vient de tomber peuvent être d’une aide précieuse pour écouler mes stocks (rire machiavéli­que). Enfin, dès que possible, j’optimise, en activant l’option « lot », qui permet aux acheteuses de me prendre plusieurs articles. Je fais des tirs groupés du type « une jupe + une chemise en jean » (beaucoup plus efficace que les lots « pantalon T40 + pyjama 9 mois »). Dernier point crucial pour boucler une vente avec le sourire : j’évite les remises en main propre. En plus de la contrainte horaire, je ne suis pas à l’abri d’une acheteuse qui se rétracte, d’un rencard déguisé avec Celibdu39 ou d’un lapin.

CONSEIL N° 5 : ÉLOIGNE LES INDÉSIRABL­ES

Le jour où un acheteur me réclame une photo de mes sandales portées, mon radar à fétichiste­s s’allume… Je lui demande si c’est pour lui, il me répond : « Oui, pourquoi ? » Car la photo de profil de Jeanclaude­64 montre un motard chaussé en 47. Alors, certes, une photo de mes pieds pas pédicurés depuis 2008 le ferait sans doute déchanter, mais là n’est pas le sujet. Vite, je clique sur les trois points en haut de son profil, puis sur « signaler » et « bloquer ». Exit aussi cette cliente potentiell­e qui, pour une robe à 2 €, me demande deux baisses de prix, dix photos en plus, la mesure entre le poignet gauche et la hanche droite. Ça n’est pas d’une robe dont elle a besoin, mais d’un psy. La prochaine fois, pour m’éviter 32 échanges inutiles, je jetterai un oeil aux commentair­es avant de répondre. Elle y est décrite comme « acheteuse à la limite du harcèlemen­t ».

CONSEIL N° 6 : NE PRENDS PAS LES CHOSES TROP À COEUR

Il y a peu, une amie a refusé une demande de baisse de prix pour un pull qu’elle vendait. Vexée, l’acheteuse lui a répondu : « Pas de problème, je viens de trouver le même deux fois moins cher. » Mon amie décide alors de marquer son article comme « vendu », juste pour pouvoir lui écrire : « Ça tombe bien, je viens de vendre le mien deux fois le prix demandé. » C’est fou quand même, autant d’ego. Cette amie a les larmes aux yeux quand elle découvre qu’elle est notée 4 étoiles pour une transactio­n. Bon, OK, cette amie, c’est moi. Mais, avec le temps, je me détends. Après tout, on se prend assez la tête pour choisir ses vêtements, on ne va pas se mettre la rate au court-bouillon quand vient l’heure de s’en débarrasse­r.

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