JE SUIS UNE STALKEUSE, ET ALORS ?
Que celle qui ne s’est jamais prise pour Élise Lucet sur les réseaux sociaux me jette la première pierre.
Que celle qui ne s’est jamais prise pour Élise Lucet sur les réseaux sociaux me jette la première pierre. Par Manon Bealu.
Je harcèle, moi ? Je traque seulement sur Internet, et sans jamais entrer en contact avec ma cible. Google, Facebook, Twitter et Instagram sont devenus mes terrains de chasse privilégiés. D’après le compteur de mon iPhone, j’y passe… gloups… 35 heures par semaine. Un vrai job à temps plein. Mais je ne suis pas la seule. Selon un sondage perso – réalisé auprès de ma communauté Insta –, près de 72 % de mon panel avoue stalker régulièrement, et 82 % le fait pour nourrir sa curiosité. Certains vont plus loin. Ombeline a téléchargé l’appli Reports+, qui lui permet de voir tous les passages sur son compte Insta, pour mieux stalker les stalkers. Ma pote Mathilde, elle, a créé un faux compte pour espionner l’ex de son mec. Moi, c’est différent… J’ai des raisons tout à fait honorables de m’intéresser à la vie des autres.
L’info, c’est mon métier
La curiosité est un vilain défaut, sauf dans mon job. Comme toute bonne journaliste, je cherche plutôt à l’aiguiser. Mon dernier cas pratique ? Le « Secret Santa », organisé par des amis. Le principe : sur tirokdo.com, on rentre les prénoms de toute la bande, et le site décide qui sera le Père Noël secret de qui. Ensuite, à chacun de trouver THE cadeau. Heureusement, on peut échanger des messages avec son bienfaiteur anonyme pour le guider. Perso, ce n’est pas le présent qui m’intéresse, mais plutôt de découvrir qui est mon Père Noël.
À la fin de ses textes, il conclut d’un « Flocon et pain d’épices, je te fais des poutous. » Je relis tous mes anciens messages. Margot signe toujours « gros bisous », Marine écrit « besos » depuis son voyage au Chili… Je slide, je slide, et bam, je la tiens ! « Grillée, Madame Poutous ! Alors, c’est quoi mon cadeau ? », j’envoie à Marie. Réponse le jour J : un livre de Philippe Poutou, « pour ton acharnement à me retrouver ». Ça m’apprendra.
Je me fais un devoir de rassurer les people
Les célébrités sont des gens sensibles. Si elles passent autant de temps à se mettre en scène, c’est qu’elles ont un besoin d’amour gros comme ça, et moi, ça me touche. J’ai le coeur sur la main, alors mettre un petit émoji sur cette vidéo de Chris Hemsworth avec ses proches ou sur la photo du power couple Beyoncé/Jay-Z, c’est tout naturel. C’est un peu comme s’ils faisaient partie de ma famille. Les enfants de stars, c’est pareil : je manque verser ma larmichette quand je vois que Noé, le fils de Gad Elmaleh, est devenu cet immense et beau jeune homme. Je me renseigne un peu sur ses petites amies, sa soeur… Et bientôt, j’arrive dans les tréfonds d’Insta, je découvre le cousin du neveu de l’ex-femme de Gad Elmaleh, je m’abonne et j’en parle autour de moi. Je fais un peu le boulot d’un community manager au fond. Allez, j’ajoute « CM » dans la case « expériences » de mon CV.
Je m’inquiète pour mon ex
Trois ans avec moi et puis plus rien, ça doit lui faire bizarre quand même… Je ne suis pas du genre envahissante à lui envoyer des messages tous les jours pour savoir comment il va.
Il m’a exclue de sa vie digitale ? OK, je respecte, je laisse une distance de sécurité. Mais je passe par le compte de ma meilleure amie pour vérifier discrètement que tout va bien. Et je suis vite rassurée : il pose avec une grande blonde sur une plage de Malaga, là où on a passé nos dernières vacances ensemble. C’est qui cette meuf ? Non, parce que je voudrais être sûre qu’elle est assez bien pour lui… Et depuis quand il apparaît sur son profil à elle ? Non, parce que je voudrais être sûre qu’il n’a pas été triste trop longtemps… Les preuves sont accablantes : ils se sont rencontrés à la soirée de Maxime, l’un de ses super potes, et apparemment deux jours après mon texto d’adieu. « T’es rassurée maintenant ? » me demande ma meilleure amie, qui aimerait bien récupérer ses comptes. Ah euh, oui, très contente… d’être une enquêtrice du tonnerre. D’ailleurs, si la DRH d’Envoyé spécial passe par là… ■