Cosmopolitan (France)

MÈRE, MEC, COLLÈGUE… J’AI TROUVÉ LEUR MODE D’EMPLOI !

On dépense du temps et de l’énergie à ne pas se comprendre, jusqu’au moment où on saisit ce petit rien qui change tout… et qui rend la relation plus apaisée et la vie plus zen.

- PAR CAMILLE ANSEAUME.

Comment saisir ce petit rien qui va tout changer… Par Camille Anseaume.

« Mon frère abuse de ma gentilless­e »

« Filer un coup de main pour son déménageme­nt avec sa nana ? OK, je serai là à l’aube. Garder leur fils Lubin le week-end prochain ? Pas de souci, j’irai au cinéma une autre fois. Aller squatter chez ma cousine pour laisser mon appart à leur couple d’amis qui débarque à Paris ? Bien sûr, et j’ai même mis des draps tout propres. Car j’adore mon frère, alors j’adore aussi le dépanner. Et il n’a aucun mal à me demander. Moi, c’est beaucoup plus rare. Le jour où j’ai besoin de lui pour me déposer à la gare un samedi midi, il me répond : “Ça m’arrange pas, on aime bien faire le marché le samedi.” Ce n’est pas la première fois, et je le prends super mal. Quand je lui balance qu’il est égoïste, avec tout ce que je fais pour lui, il a l’air de tomber des nues : “Mais tu m’as dit que ça ne te dérangeait pas !” Et c’est vrai que ça a toujours été ma réponse, parce que pour moi, ajouter “ça ne me dérange pas”, c’est presque une question de politesse. » Lydie, 27 ans

Mode d’emploi de mon frère : « Il est cash, si quelque chose le gêne, il le dit. Et ça marche aussi dans l’autre sens : il ne tient pas rigueur à ceux qui lui refusent des services. Ça me renvoie à un truc en moi : pourquoi j’ai autant de mal à dire non ? Parce que dans mon esprit, aider, c’est une façon de me faire aimer. Lui, il a un fonctionne­ment beaucoup plus simple, et maintenant je le garde à l’esprit : si je peux faire l’entrée et la sortie de ses locataires sur Airbnb ? Non, je ne peux pas, parce que je vais peut-être partir en last minute. “OK ma poule, bon week-end ! ” Il trouvera une autre solution, et surtout, si j’essuie un refus la prochaine fois que je lui demande un truc, je ne le prendrai pas mal comme avant. »

Note Cosmo : On a souvent un truc à apprendre de la notice des autres. Repérer et décrypter la façon dont ils fonctionne­nt, ce n’est pas se soumettre à leurs désirs, c’est aussi en prendre de la graine.

« Ma collègue se prend pour ma boss »

« Dans ce nouveau boulot, ma collègue surveille tout ce que je fais, récupère les dossiers que je commence, et essaye de me refiler les tâches ingrates. Pourtant, on est au même niveau hiérarchiq­ue, et on n’est pas censées travailler sur les mêmes dossiers. Mon diagnostic est clair : elle est incapable de déléguer, elle ne me fait pas confiance et veut ramasser les lauriers. Et puis cette façon qu’elle a de rendre compte de tout ce qu’elle fait, ça m’agace… C’est presque pour être ironique que je décide de faire comme elle sur le prochain événement. Je lui envoie un mail pour l’informer que je suis en attente de deux devis. En la croisant à la pause, je la préviens que je pars en repérage sur un lieu. En revenant, un petit mail pour lui signifier que ça ne va pas aller au niveau des normes de sécurité. Magie : elle me lâche la grappe. » Rose, 31 ans Mode d’emploi de ma collègue : « Elle a besoin d’être rassurée. Moi, je sors de trois années de freelance, j’ai perdu l’habitude de rendre des comptes. Je sais que je suis compétente dans mon boulot et que je mène à terme les projets, mais elle ne le sait pas encore, et si ça doit passer par des petits mails réguliers, ça ne me coûte pas grandchose de le faire. Après tout, tenir les autres au courant, ça s’appelle travailler en équipe, et c’est aussi pour ça que j’ai accepté ce job salarié. »

Note Cosmo : On ne se lance pas sans instructio­ns dans le montage d’un meuble Ikéa (sinon on se retrouve forcément avec une vis en trop)… C’est pareil pour les autres : le danger, quand on refuse de se pencher sur la question, c’est de laisser une trop grande place aux interpréta­tions, souvent erronées, et de passer à côté de la solution qui simplifie tout !

« Ma mère m’infantilis­e »

« Je suis fille unique, mes parents sont divorcés, on a vécu de nombreuses années toutes les deux. Nos rapports sont loin de la relation “copine” que je vois parfois ailleurs, et s’apaisent seulement quand je pars pour mes études à Lyon. On s’appelle souvent, on retrouve de la complicité, mais on s’engueule à nouveau chaque fois que je rentre à Annecy. Idem quand c’est elle qui vient me voir dans mon petit appartemen­t. On s’agace mutuelleme­nt. Ce ne sont pas des engueulade­s, plutôt des tensions : elle lève les yeux au ciel quand j’ai le malheur de laisser une tasse dans l’évier, je soupire quand elle décide du programme alors qu’on est chez moi. Je finis par croire que notre relation se limitera aux conversati­ons téléphoniq­ues et ça me peine. On passe presque quatre mois sans se voir, un record pour nous. Aux vacances de février, on décide de louer un petit studio à la montagne. J’appréhende, et pourtant ça se passe hyper bien. » Astrid, 25 ans

Mode d’emploi de ma mère : « Elle a besoin de driver. De me montrer qu’elle est la mère, de se sentir mère, même depuis que je suis une adulte. Chez elle, je me sens infantilis­ée, et quand on est chez moi, elle est mal à l’aise avec l’idée d’être reçue chez sa fille. Ce qui nous convient, c’est de nous voir dans des lieux neutres. Parce que, derrière la notion de territoire, il y a celle de la place qu’on occupe, et celle qui nous va, être mère et fille, mais surtout deux adultes. Cette place-là, on la trouve plus facilement quand on est au resto, en shopping, en location, bref dans n’importe quel endroit qui n’est ni chez elle, ni chez moi. »

Note Cosmo : Trouver le mode d’emploi de quelqu’un, c’est aussi trouver le type de relation qui nous fait du bien avec cette personne. Tout bénéf !

« Mon mec se fiche de ce qui compte pour moi »

« C’est le mec le plus gentil et attentionn­é du monde. Quand je n’ai pas le moral, il débarque avec un bouquet d’aneth en fleurs (mes préférées), et m’emmène boire une mini-bouteille de champagne au Belvédère de Belleville. Je suis enfin sereine et heureuse dans une relation, j’ai hâte de le présenter à ceux qui ne le connaissen­t pas encore. Pourtant, au mariage civil de ma soeur, six mois après notre rencontre, il brille par… son absence. OK, c’est en tout petit comité, et la vraie teuf se déroulera cet été. OK, il n’avait pas l’air très confiant sur l’horaire mais je ne me suis pas inquiétée : quel mec pourrait rater un événement comme ça ? Réponse : un mec comme lui, pour qui le mariage ne veut rien dire, qui n’a ni frère ni soeur, et qui, lorsqu’il débarque enfin, offre à ma soeur un gâteau de bonbons parce qu’elle lui a dit, une fois, que petite, elle en rêvait. J’ai encore les yeux rouges d’avoir pleuré aux toilettes, et il est hyper mal : évidemment que s’il avait compris l’importance pour moi, il se serait arrangé pour être là à la mairie. Pour moi, c’est la fin d’un mythe : je pensais que quand on s’aimait, on devinait ce dont l’autre avait besoin. » Coralie, 31 ans

Mode d’emploi de mon mec : « Le truc de mon mec, c’est l’attention portée à l’autre. C’est se souvenir de tous les prénoms, demander des nouvelles de tout le monde, retenir des détails de conversati­on. En revanche, les dates, il s’en fout, et le côté “meute ” de ma famille, il ne connaît pas. Avec le temps, il comprend mon propre fonctionne­ment, et il anticipe certains trucs : “C’est nos trois ans le

week-end prochain, j’imagine que ce n’est pas le moment de proposer à mon pote de venir à Paris ?” Oui, il imagine bien. En revanche, si je veux qu’il vienne au moins trois jours dans ma famille cet été, c’est à moi de lui dire que j’en ai vraiment envie, et que ça fait partie des choses essentiell­es pour moi, dans mon couple. » Note Cosmo : On n’est pas obligés d’avoir les mêmes attentes en amour. Le principal, c’est que chacun des deux partenaire­s s’intéresse au fonctionne­ment de l’autre, et prenne soin de le respecter.

« Ma voisine ne supporte pas le moindre bruit »

« En s’installant dans notre nouvel appartemen­t, on apprend par des voisins que les anciens locataires sont partis à cause de la voisine, une femme d’une soixantain­e d’années qui ne supporte pas le bruit. Ça tombe mal, nous, on aime bien la teuf, et déjà hier, on a commencé très tôt l’emménageme­nt… Ça ne loupe pas, elle vient sonner à la porte pour nous dire qu’elle espère que c’était exceptionn­el parce qu’elle a de gros problèmes de sommeil. Spontanéme­nt, je l’aurais envoyée bouler, mais là je m’y attendais et je ne veux pas d’histoires. Je la plains, je m’excuse, et le lendemain je dépose devant sa porte une boîte de Larmes de Jeanne d’Arc, « les » chocolats de Rouen, notre ville natale. Quand elle frappe pour nous remercier, j’en profite pour lui glisser qu’on fait un petit dîner ce soir, et qu’on fera de notre mieux pour limiter le bruit. Régulièrem­ent, je dépose des biscuits faits maison, du thé rapporté d’un week-end au Maroc, et quand on la croise, on ne manque jamais de lui demander si elle a bien dormi. » Laetitia, 35 ans

Mode d’emploi de ma voisine : « Elle est très seule, elle a besoin de se plaindre à quelqu’un. Le bruit, c’est sans doute un prétexte facile pour râler. Mais au fond, ce qu’elle recherche, c’est de l’écoute et des petites attentions. Alors oui, en trouvant son point sensible, on achète un peu notre tranquilli­té. Mais si ça lui fait du bien aussi, tout le monde est content ! »

Note Cosmo : Dans la vie, il y a aussi des relations d’intérêt, et il n’y a pas de honte à être un peu stratège. L’idée, c’est de mettre de côté son ego, et de chercher à avoir la paix plutôt que de perdre son énergie à vouloir prouver qu’on a raison.

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