Cosmopolitan (France)

HÉ CHÉRI, C’EST LE MOMENT, J’OVULE !

Faire l’amour pour fabriquer un bébé, c’est excitant les trois premiers mois, après, il faut de l’imaginatio­n…

- PAR CHLOÉ PLANCOULAI­NE. PHOTO CHRIS CRAYMER.

Faire l’amour pour fabriquer un bébé, c’est excitant les trois premiers mois, après… Par Chloé Plancoulai­ne.

Eléna est tombée enceinte au bout de cinq mois

Le déclic… En vacances dans le Verdon, on fait l’amour dans notre chambre d’hôtes quand je lui dis :

« Et si on oubliait la capote ? » Adrien est tout ému. Ça fait plusieurs mois qu’on en parle, sans oser se lancer. C’est tellement beau, les yeux dans les yeux tout le long, que j’en suis sûre : ça va marcher du premier coup ! J’arrête même le rosé, persuadée de sentir une lourdeur dans mes seins. Quelle déception quand mes règles arrivent. Le coup de mou… On se remet vite en selle après ce premier échec.

« J’ai très envie de te faire des bébés », me glisse Adrien. Cela n’a ébranlé ni notre complicité, ni notre désir. Tous les soirs, on essaie de nouvelles positions. La plongée dans l’automne et mes règles pour la troisième fois depuis les premiers essais nous plombent. En octobre, on ne fait l’amour que deux fois.

L’idée qui relance la machine… J’achète des tests d’ovulation. J’ai besoin de me rassurer, d’être certaine que j’ovule et qu’on ne loupe pas le coche. Le jour où il est positif, je le mets bien en vue sur la table de l’entrée le matin avant de partir. Quand Adrien rentre du boulot, il est prévenu. Je l’attends avec ma nouvelle panoplie… Il hallucine : il ne connaît que mes brassières sportives et mes culottes Petit Bateau. Là, j’ai fait des emplettes au rayon lingerie fine du supermarch­é : une bombe. La fois suivante, il rentre avant moi, découvre le test et sort acheter du prosecco. Il m’accueille en costard avec une coupe et de la musique classique. J’ai l’impression d’être sortie d’un James Bond quand je le déshabille… Notre petit jeu fonctionne. La seule condition ? Faire l’amour d’abord, parler de notre journée et du boulot ensuite, pour ne pas perdre le mojo.

La bonne nouvelle… Un soir, Adrien rentre à la maison et découvre un nouveau test dans l’entrée. De grossesse cette fois. Après avoir pleuré de joie, sa première phrase est : « Rassuremoi, on continuera à faire l’amour ? » Je lui saute dessus : « OK, mais tout doucement, hein ! » Adrien se moque tendrement : « On ne sait jamais, si notre enfant était en porcelaine. »

Julie est tombée enceinte au bout de sept mois

Le déclic… En couple depuis huit ans avec Anton, on attend d’avoir un appart à nous, un CDI et le début de la trentaine pour se lancer. J’arrête la pilule à la signature de notre premier achat. On est prêts. Et on met un maximum de chances de notre côté : missionnai­re, culbuto, tout y passe ! Le coup de mou… La plupart de mes copines sont tombées enceintes au bout de trois à quatre mois, je suis donc prête à patienter… Un peu. Quand j’ai mes règles le cinquième mois, je me fais les pires films : ça ne marchera jamais, l’un de nous doit être stérile. Rien de plus flippant que tous ceux qui essaient de me rassurer :

« Mais c’est rien, cinq mois. » Quand tu espères une grossesse, c’est une éternité. Et une leçon aussi : jusqu’ici, j’ai toujours à peu près maîtrisé les événements de ma vie et obtenu ce que je voulais. Là, non. Alors je multiplie les examens pour vérifier que tout va bien. Ça me pompe une énergie de dingue, et je n’en ai plus pour faire l’amour.

L’idée qui relance la machine… Les tests confirment que tout va bien, je me détends. De nouveau disposée à jouer les sirènes auprès d’Anton, je tombe sur un nouvel obstacle : son corps est en grève, et Anton traduit : « J’ai l’impression d’être un réservoir à sperme, et quand tu me sollicites, je sais que c’est parce que tu ovules, ça me bloque. » Il a raison, ce n’est pas facile de conditionn­er son désir d’autant que j’ai tendance à refuser ses avances en dehors des pics d’ovulation, pour préserver mon énergie… Ce projet de bébé ne doit pas me faire oublier mon couple. Le mois suivant, on se tire au bord de la mer. Déconnecté­s, l’envie revient. Pour le plaisir d’abord. On fait des gros câlins dans la mer, tant pis pour les spermatozo­ïdes perdus dans la Méditerran­ée. C’est tellement chouette qu’on remet ça le mois suivant, et celui d’après. Ça nous coûte une fortune, mais on en a besoin.

La bonne nouvelle… Le soir de notre anniversai­re de rencontre, dès le premier verre, j’ai envie de vomir. Ça ne m’est jamais arrivé et il y a une bonne raison à cette nausée !

Ulricha est tombée enceinte au bout d’un an et demi.

Le déclic… On lance les essais dès notre lune de miel au Portugal. Des enfants, j’en rêve depuis toujours, et j’ai enfin trouvé le mec en or pour me suivre dans cette aventure. Je suis loin d’imaginer les longs mois qui me séparent de mon premier enfant. Là tout de suite, je suis en levrette, et Karl derrière moi se lâche : « Tu le sens mon sperme toutpuissa­nt ? » Si on avait pu garder cette légèreté les mois suivants.

Le coup de mou… Il y en a beaucoup. Pendant plusieurs mois, chaque tache de sang sonne comme un échec. Pas grave, on se remotive. Mais les annonces de grossesse se succèdent chez mes copines proches – trois en un an ! À chaque fois, c’est un petit pincement au coeur, ajouté à la culpabilit­é de ne pas me réjouir complèteme­nt pour elles. Voir la tristesse de Karl aussi, c’est dur, même s’il trouve toujours la force de me relever, et de nouvelles idées pour m’entraîner au lit… Comme faire l’amour en brouette, pour que la petite graine glisse comme sur un toboggan (on tient 10 secondes). Le jour où le médecin nous déclare qu’il n’y a pas de raisons particuliè­res pour que ça ne fonctionne pas, donc aucun traitement à envisager, c’est le coup de massue. On fait quoi du coup, au bout d’un an ?

« Si ça continue de bloquer, on peut tenter l’inséminati­on artificiel­le, avant d’envisager la FIV. » Mon rêve de grossesse simple et joyeuse s’effondre. En même temps que ma libido. Quand Karl tente une approche, je lui réponds : « À quoi bon… » L’idée qui relance la machine… Un weekend, on parle à coeur ouvert, comme on ne l’avait pas fait depuis plus d’un an : si on est ensemble, c’est d’abord parce qu’on s’aime. Ce projet d’enfants vient après. Il faut préserver cette jolie base. Pendant deux jours, j’oublie le vide dans mon ventre et on s’éclate comme les amants d’une nuit : on fait l’amour du matin au soir, et je retrouve la petite étincelle. C’est ça le secret ! Les mois qui suivent, je soigne mon corps et mon esprit. Je m’inscris à des cours de yoga kundalini, je me fais masser, je vais chez le coiffeur… Je renoue avec ma féminité et l’envie de séduire. On redécouvre la joie d’être un jeune couple libre. La bonne nouvelle… La première inséminati­on est la bonne. Cette fois, c’est nous les chanceux des statistiqu­es !

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