Cosmopolitan (France)

Il n’aime que la campagne

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« J’ai toujours vécu en ville. Pendant mes études à Rennes, j’avais pris un appart à 5 km du centre. Deux mois plus tard, je déménageai­s. Ce que j’aime, c’est prendre mon café en terrasse quand la ville se réveille, tout faire à pied, aller au ciné, improviser un musée ou une expo le samedi, dîner au resto quand j’ai la flemme de cuisiner. Et c’est ça aussi que j’avais envie de partager avec mon futur mec. Pendant des vacances dans le Sud-Ouest, je rencontre Martin dans une fête de village. Il a grandi à Bozouls, étudié à Onetle-Château, et est retourné vivre à Bozouls, parce qu’à “Onet-leChâteau, il y a trop de monde ”, à savoir 12 000 habitants. Il habite à deux heures de Toulouse mais il n’y va jamais et il passe ses week-ends à faire de la spéléo et de la randonnée. Notre histoire est censée être une aventure de vacances, mais on reste en contact : six mois après, je m’installe chez lui le temps de mon stage. Mes copines et mes proches me disent que je ne vais pas tenir quinze jours : ça fait un an que je vis là-bas. » Pour Jeanne, le critère n’était pas de trouver « un mec de la ville », mais de partager des rituels, et d’avoir les mêmes plaisirs et repères. Et ça n’était pas vraiment le cas : « Cette différence de mode de vie, ça se répercute dans plein d’aspects : quand je lui parle de Lars von Trier, je le perds, quand il évoque les tourbières ou les causses, c’est du chinois pour moi. Mais on se fait découvrir mutuelleme­nt des choses. Je l’ai emmené au Millau Jazz Festival, à une heure de route de chez lui, alors qu’il n’y était jamais allé. Il m’a installé l’appli PlantNet, une sorte de Shazam des plantes. » Les différence­s enrichisse­nt, mais pas besoin pour autant de se fondre l’un dans l’autre : « Le week-end, il a envie de partir camper avec ses potes, moi de retrouver les miens pour leur faire découvrir Toulouse. Alors, on fait nos trucs chacun de notre côté. » En sortant de son mode de vie habituel, Jeanne est sortie aussi d’un fonctionne­ment qu’elle connaissai­t par coeur : « Avec Martin, j’entrevois un autre type de relation, où l’autre n’est pas mon tout. J’ai mes amis, mes copines, mes plaisirs, et je l’ai, lui. C’est comme ça que je me sens vraiment moimême, et libre. »

Ce qu’on peut retenir : C’est rassurant d’aller vers ce qu’on connaît, et donc ce qui nous ressemble. Mais on risque de passer à côté de personnes géniales… et d’une relation où chacun est propriétai­re de son « jardin secret » et évolue dans le couple de façon autonome.

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