#(dé)connectée

Je dois avoir les yeux dans le vague car tout à coup, au milieu du dîner, sous la tonnelle près du vieux figuier, j’entends mon amoureux me lancer : « Ohé, tu es en présentiel là ou tu préfères qu’on se fasse un WhatsApp ? » Non, non, bien sûr, je suis là, peut-être un peu dans mes pensées, mais j’écoute. En tout cas j’entends. J’entends parfaitement l’adjectif qu’on nous a servi à toutes les sauces ces dernières semaines et pour la première fois, il me fait sourire. Il me rappelle la température « ressentie », « l’exécutif » ou les « problématiques » qui ont remplacé les problèmes : il résonne comme tous ces mots sortis d’on ne sait où, qui soudain envahissent l’espace, les ondes, les conversations. Accessoirement, il me rappelle surtout que là, tout de suite, ma présence est requise. Que je ferais bien de savourer l’instant (p. 71). De temps en temps, quand mes pensées s’affolent, je pratique une vieille méthode de relaxation, le « training autogène du Dr Schulz ». Un exercice ultra simple mis au point dans les années 1930 par un médecin allemand, le Dr Schulz donc, qui permet de ralentir et de se recentrer en quelques minutes. C’est génial. Même si, à mon avis, avec tout ce qu’on vous a concocté dans ce Spécial Sexe, vous n’en aurez pas besoin : vous allez plonger dans l’instant présent en moins de deux (p. 90). D’ici là, profitez de votre soirée, de votre nuit et surtout d’un bel été.