Cosmopolitan (France)

ON OUBLIE NOS VIEUX RÉFLEXES

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Pour Bénédicte Ann, autrice du livre Arrêtez de vous saboter, vous êtes exceptionn­el, il faut d’abord identifier honnêtemen­t les raisons qui nous poussent à laisser tomber nos projets. OK, on peut toujours invoquer le manque de temps, d’argent, la fatigue… Mais en réalité, c’est souvent nous-mêmes qui érigeons nos propres barrières. Comme Morgane, 30 ans : « Je me suis donnée à fond pour obtenir mon diplôme en marketing et devenir cadre, alors que ça ne me faisait pas vibrer. Mais je n’ai même pas utilisé 10 % de cette énergie pour essayer d’atteindre mon rêve : devenir danseuse. » À 18 ans, inscrite dans une école de danse, à Lyon, elle se classe parmi les meilleurs élèves. « Un casting pour le ballet Casse-Noisette est programmé. D’un côté, mes profs me répètent que le premier rôle est pour moi, de l’autre mes parents me supplient de ne pas lâcher les études. Je suis pétrifiée, et le jour J, je ne me présente pas à l’audition. Honteuse, j’abandonne la danse en me persuadant que ça ne comptait pas tant que ça. Et j’évacue ma frustratio­n en travaillan­t d’arrache-pied. Dix ans plus tard, une copine me demande de l’accompagne­r à un cours de classique. Je retrouve la barre, les étirements, la musique… J’ai de beaux restes ! À la fin de la séance, portée par l’endorphine, je m’inscris à l’année. Pendant longtemps, je me suis privée de ma passion et j’ai vécu en apnée. Je ne suis pas devenue danseuse, mais j’ai enfin retrouvé mon souffle. » Pour gagner du temps et redorer notre estime personnell­e, on fait face et on détermine les (vraies) raisons qui nous poussent à l’abandon :

On est victime du syndrome de l’imposteur. Selon Bénédicte Ann, « nous délaissons souvent nos projets parce que nous ne sentons pas légitime. On ne s’autorise pas à occuper la première place, à prendre la lumière ». On se dévalorise en pensant qu’on n’est pas à la hauteur. Bref, on anticipe l’échec et on fait tout capoter en évitant de se confronter à la réalité. À la place, on parle de nos projets au bar, on rêve en fixant le plafond, on se persuade que tout est encore possible, « un jour ». Et ce jour, si c’était maintenant ?

On est conditionn­ée par notre environnem­ent. Parfois, ce sont des petites phrases répétées par un parent : « Ne fais jamais confiance. À personne ! » ; « Trouve un bon boulot, c’est la crise » ; « Redescends sur terre, la vie, c’est pas un conte de fées. » De façon impercepti­ble, le lavage de crâne opère. On se reprend et on reste lucide : ce que les autres expriment, c’est leur propre angoisse. Pas la nôtre.

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