ALORS ON TRINQUE EMMA DE CAUNES ON TRINQUE À QUOI ?

★ Un livre de chevet ? En ce moment, la biographie de Jane Fonda. Mais Poésie, de Raymond Carver, ne quitte jamais ma table de nuit.

★ Une réplique préférée ? « Nobody’s perfect », prononcée par Joe E. Brown dans le film Certains l’aiment chaud.

★ Un autre métier ? Un travail où je serais entourée d’enfants… On a beaucoup à apprendre d’eux.

« À la diffusion de ma mini-série Neuf Meufs, sur Canal+ » ! Au téléphone, confinée en pleine deuxième vague de pandémie, Emma de Caunes garde la patate. À 44 ans, elle vient de concrétiser un rêve : passer de l’autre côté de la caméra pour réaliser une série qui met les femmes à l’honneur. Voix pétillante, éternelle énergie d’adolescente, Emma baigne depuis toujours dans le monde du cinéma et de la télévision. À 16 ans, elle fait ses premières apparitions dans des pubs, puis développe un style bien à elle, se fait un prénom et devient une vraie touche-à-tout, à la fois comédienne, réalisatrice, scénariste, animatrice. Pas facile de lui coller une étiquette… Et ça ne la dérange pas, au contraire. « J’aime être là où on ne m’attend pas », confie celle qui a été révélée au grand public à 20 ans, lorsqu’elle reçoit le césar du meilleur espoir féminin pour son rôle dans

Un frère, de Sylvie Verheyde. Depuis, elle a enchaîné films d’auteur et superproductions, pièces de théâtre et émissions cultes comme La Musicale sur Canal+, qu’elle a animée pendant dix ans, « un pur bonheur ». La mise en scène, elle y pense depuis longtemps. Il y a onze ans, elle a réalisé son premier court-métrage, Le Nombril de l’univers. Mais l’expérience tourne court, ses projets tombent à l’eau à la dernière minute. Peu importe, Emma est une passionnée. Elle aime diriger et ressentir l’énergie du travail d’équipe, cette émotion qui transporte. « C’est un instant magique, tout le monde essaie d’exaucer vos voeux. » Avec la série Neuf Meufs (le 15 février sur Cana+ Premium), elle transforme enfin l’essai. « Des années que j’essaie de monter mon propre projet, et aujourd’hui, ça arrive ! » Son ambition ? Offrir des rôles consistants aux comédiennes. « J’en avais marre de recevoir des scénarios qui nous limitent à jouer les “femmes de”. » Elle qui se serait bien vue interpréter James Bond prend les choses en main, aidée par son ami, le scénariste et réalisateur Diastème. Dans ces neuf épisodes de dix minutes chacun, qui se déroulent sur une même journée, elle met en lumière des femmes d’âges différents, habitant le même immeuble sans forcément se connaître. « Elles sont pleines de contradictions et de folie, prises à des moments charnière de leur existence. » Incarnées par des comédiennes que la réalisatrice entend bien faire connaître, ces femmes osent, doutent, nous font rire et nous touchent. Le fil directeur ? Le désir. Assumé, refoulé, inassouvi, fantasmé. Un sujet qui lui tient à coeur, dans la série comme dans la vie. Mère d’une ado de 17 ans – qu’elle a eue avec le chanteur Sinclair –, mariée depuis dix ans avec le dessinateur britannique Jamie Hewlett, pour elle, « tout est une question de désir ». Y compris la carrière d’une actrice, chahutée par l’intérêt que lui porte le public, du creux de la vague au haut de l’affiche. « On peut passer des années à attendre, et tout à coup le succès débarque en trombe », confie-t-elle. Nous, on lui souhaite de porter ses neuf meufs au sommet. Emma espère aussi que l’histoire parlera aux mecs… On croise les doigts.