LÀ, IL NE FAUT PAS LES DÉRANGER…
La marque au sol, là, c’est la ligne rouge de leur espace vital. OK ?
La marque au sol, là, c’est la ligne rouge de leur espace vital.
Quand j’ouvre la porte du frigo à 3 heures du matin : je prends une fourchette et j’attaque les restes. Si Maria entrait dans la pièce à ce moment-là, je pense que j’aurais une crise cardiaque. Clément, 27 ans
Quand je suis debout sur notre lit, la nuit, un magazine roulé dans la main, à l’affût du moustique qui nous tourne autour depuis deux heures. Marlo, 31 ans
Pendant une réunions sur Zoom. J’assume moyen ma personnalité de boulot (« on va faire une prez un peu disruptive »), alors depuis qu’on est tous les deux en télétravail, je baisse d’un ton pour faire mes calls. Julien, 34 ans
Franchement ? Quand je me masturbe. Les gens qui répondent autre chose ne sont pas honnêtes. Gustav, 30 ans
Quand j’écoute de la musique inavouable. J’ai rencontré Jeanne sur Tinder – j’ai fait mon malin en vantant mes goûts électro pointus. Du coup, quand je mets du Pierre Bachelet, c’est avec mes écouteurs et en cachette. À l’air qu’elle chantonnait l’autre jour, je la soupçonne de faire exactement la même chose. Louis, 32 ans
Quand je rédige ma thèse, c’est un travail de très longue haleine, j’ai besoin de silence et de concentration. La recherche, c’est comme la plongée en apnée. Charles, 29 ans
Quand je vote. Je trouve ça génial qu’on appelle ça un « isoloir » : pour moi c’est un moment privilégié (je vis dans une famille nombreuse). Je pourrais y passer des heures. Alexandre, 35 ans
Quand je guette le hérisson qui vient tous les soirs dans mon jardin. Le moindre bruit et il déguerpit. Benjamin, 36 ans
Quand je regarde mes séries.
On n’a pas du tout les mêmes goûts ; quand je mate Downton Abbey, elle se moque, elle trouve que c’est cucul et à l’eau de rose. Oui, et donc ? Paolo, 35 ans
Quand je rentre dans ma famille. On a un fonctionnement assez clanique, on passe nos repas à faire des traits d’esprit, des sous-entendus, des blagues sur notre galerie de personnages familiale… Juliette s’entend bien avec ma soeur, mon frère, mes parents, pris individuellement ; mais jusqu’ici j’ai réussi à la préserver du dîner avec tout le monde. Gabriel, 26 ans
Dans les transports en commun : je préfère faire les trajets tout seul. J’y passe du temps tous les jours, alors j’en profite pour regarder mes mails, je lis un bouquin, j’actualise ma to-do list… Je finis par en avoir besoin : c’est ma bulle d’air. Yann, 34 ans
Quand j’ai mon casque sur les oreilles. Heureusement c’est un gros casque de chantier méga antibruit, donc de toute façon je n’entends rien. Jean-Baptiste, 35 ans
Il ne faut pas hésiter à me déranger. Généralement je suis en train de procrastiner, donc ça me fait plaisir. Jérôme, 33 ans
En soirée, quand je me ressource dans la cuisine ou dans une chambre vide. En bon introverti, j’ai besoin de faire des pauses de conversation de temps en temps. Sacha, 26 ans
Quand je lis ma petite BD au soleil. Laurent, 30 ans
Juste après le coucher des enfants. Après l’enchaînement minuté : dîner, bain, pyjama, temps calme, histoire, encore une histoire, au lit, j’ai alors moi-même besoin d’un temps calme. Craig, 35 ans
C’est plutôt elle qui n’aime pas être
dérangée quand je rentre ivre alors qu’elle dort. Pourtant je suis rempli d’amour : je me glisse dans les draps, je la prends dans mes bras, j’ai des révélations sur la vie que je veux partager avec elle, l’haleine chargée de gin tonic. Je ne comprends pas pourquoi elle n’aime pas ces moments. Alexis, 31 ans
Quand je fais la sieste. Une sieste gâchée et je suis de mauvaise humeur le reste de la journée. Marc, 35 ans
Quand je suis au téléphone avec
mes parents. Je redeviens un peu ado, je me fais plaindre, c’est confortable.
Nicolas, 28 ans
Quand je tombe enfin sur une
bonne chanson à la radio, après 200 km de route et un zapping habile d’une station à l’autre. Balavoine ! Je chante à tue-tête, il n’y a plus que ça qui compte. Wilfried, 36 ans
Quand j’assemble mes paires de chaussettes après une lessive.
Toutes ces chaussettes noires qui se ressemblent, ça exige vigilance et précision. Matthieu, 34 ans
Quand je monte un meuble Ikea.
Putain, elle est où la vis A14 ?
Jonathan, 27 ans
Souvent j’écoute un podcast quand
je fais le ménage ou la cuisine. Ce n’est pas qu’elle me dérange, juste elle me fait sursauter. Guillaume, 31 ans
Quand je fais une promenade en
forêt. Oui, j’aime prendre les arbres dans mes bras, ça me recentre. Laissezmoi tranquille avec ça. Anthony, 25 ans
Le dimanche matin, après le
marché, quand je pouvais me poser à une terrasse de bistro avec un café, unVittel citron et le journal frais du matin. Frédéric, 34 ans
L’année dernière, quand je suivais les matchs du Toulouse Football
Club. Trop de suspense avec le passage de Ligue 2 en Ligue 1 – comme je lui ai expliqué, ce n’était pas un bon moment pour moi, donc je savais que ce ne serait pas un bon moment pour elle. Surtout qu’elle soutenait l’OM, la fourbasse.
Olivier, 29 ans
Quand je parle à mon chat.
Antoine, 30 ans
C’est plutôt l’inverse : j’adore quand elle me dérange au bureau.
Je décroche, tout prêt à parler au gestionnaire RH du RIB que je n’ai pas envoyé… et non : c’est la voix fraîche de la femme que j’aime.
Hicham, 35 ans
Quand je brosse, caresse et nourris Iphicrate, mon cheval de Red Dead
Redemption II. Vincent, 33 ans
Quand je prie à l’église. J’essaie d’entrer en contact avec Dieu, bordel !
Grégoire, 33 ans
Quand je fais mon yoga. D’habitude je vais au centre, mais avec le Covid, j’ai dû me mettre aux vidéos, dans le studio que je partage avec Camille. Je n’ai pas adoré. Quand je suis en « chien tête en bas », les épaules dans les oreilles, le visage rouge, je préfère être avec des gens que je ne connais pas. Florent, 27 ans ■