Cosmopolitan (France)

Grand Corps Malade

Le slameur sympathiqu­e, également scénariste et réalisateu­r, sort une réédition de son triomphal album Mesdames avec quatre nouveaux morceaux. Et nous confie ses conviction­s féministes.

- PAR FLORENCE TRÉDEZ

Détendu et souriant, il reçoit dans son « local » près de République où passent parfois les humoristes Sophia Aram ou Roman Frayssinet. « Ils savent que c’est porte ouverte pour boire un coup ou discuter de nouveaux projets. Mon bureau, c’est presque une MJC », dit-il de sa voix grave et profonde. Depuis ses débuts de slameur en 2005, le succès n’a pas quitté Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade, 43 ans et 1,94 m. Il en paraît lui-même tout étonné. « C’est un privilège incroyable. Mais même si je fais un métier public, je ne me sens pas plus important qu’un autre », assure-t-il. Après deux films (Patients et La Vie scolaire) en tant que coscénaris­te et coréalisat­eur avec son pote Mehdi Idir, deux victoires de la musique et six albums, il remporte un triomphe avec le septième, Mesdames, un recueil de dix duos féminins écrits en hommage aux femmes. Et réédite l’album le 10 septembre en l’agrémentan­t de trois nouveaux duos – avec Leïla Bekhti, Melody Gardot et Kimberose –, et d’un exubérant titre électro en solo, Des gens beaux. Le texte tacle avec ironie les propos dégradants du journalist­e Fabien Lecoeuvre sur Hoshi. « Quand il a dit qu’elle était “effrayante” et qu’elle devrait confier ses chansons à des “chanteuses sublimes”, j’étais scotché. Je sais que ce monsieur est un spécialist­e d’Aznavour, j’essaie donc de le prendre en défaut dans sa propre rhétorique en lui disant qu’avec un raisonneme­nt pareil, on n’aurait pas eu Aznavour, Piaf ni Brassens. Aucun d’eux n’avait un physique de jeune premier(ère). » Dans son duo avec Leïla Bekhti, ce père de deux fils de 8 ans et 11 ans, « très dynamiques, très sportifs », aborde l’un de ses sujets de prédilecti­on : la famille. « C’était l’idée de Leïla, mais j’y adhère à 100 %. Comme elle, j’ai un sens de la famille très développé. Je suis très proche de mes fils, j’organise mes tournées en fonction d’eux. Je ne fais jamais plus de trois dates d’affilée. Je veux les amener au foot le mercredi, voir leur match le dimanche. Cela me permet aussi de garder les pieds sur terre. » Avec sa femme Julia, directrice générale des services de la ville de Gennevilli­ers, il partage les tâches de la maison, en bon fils élevé dans des valeurs féministes. Ce sont ces mêmes conviction­s qui l’ont poussé à sortir cet album dédié à la gent féminine. « J’avais déjà été choqué d’apprendre que le droit de vote n’avait été accordé aux femmes qu’en 1945. Je n’en revenais pas. Puis il y a eu #MeToo et #Balanceton­porc. Je l’ai pris pour moi, ce mouvement, car j’ai certaineme­nt tenu, au collège ou au lycée, des propos sexistes ou assisté à des scènes problémati­ques. Je me suis senti une responsabi­lité collective. Il faut en parler, assumer certaines choses si on veut que le monde change. » En attendant, ce chouchou féministe écrit son troisième film et prépare sa tournée dans toute la France.

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