Cosmopolitan (France)

Théo Christine

C’est le jeune acteur qui monte. Dans Suprêmes, le film qui raconte les débuts de NTM, cet ancien champion junior de surf est aussi charismati­que que bouleversa­nt.

- PAR FLORENCE TRÉDEZ

Sur le tournage, JoeyStarr l’appelait son « mini-moi ». Un mini-moi solaire, serein et souriant, habillé d’un sweat Gucci. À 25 ans, Théo Christine crève l’écran dans le rôle du cador de NTM, aux côtés de Sandor Funtek, alias Kool Shen, dans Suprêmes, qui retrace les débuts du groupe de Saint-Denis de 1988 à 1992 et pour lequel il a monté les marches à Cannes. Relation toxique avec son père, concerts explosifs, tchatche haute en couleur, tout y est. Pour ce rôle écrasant, le jeune acteur a tenu à « s’abîmer » un peu. « J’étais très lisse. Alors j’ai beaucoup expériment­é cette solitude que JoeyStarrD­idier a pu vivre lorsque son père le mettait à la porte de chez lui. J’ai fait la fête. J’ai fait la manche. J’ai dormi sur un banc dans la rue. » Lui qui a été élevé entre la Vendée, d’où vient sa mère, femme de ménage, et la Martinique, où son père, qui travaille aux impôts, est né, a plutôt grandi sur une planche de surf. Soleil, plage, ligue pro junior et voyages à Bali ou à Hawaï pour s’entraîner. Le rap, il n’en écoute pas vraiment, NTM encore moins. « Pour le rôle, j’avais deux appréhensi­ons. Un, je n’ai pas été élevé en cité, je n’ai pas l’habitude de chambrer, et il fallait improviser des vannes. Deux, les scènes de concert. » Au casting, s’affrontent cinq JoeyStarr et cinq Kool Shen. Il est engagé et enchaîne avec une préparatio­n longue de trois mois, où il se forme au breakdance et au smurf, prend des cours d’attitude scénique et de rap. « Au début, avec Sandor, on était dans l’imitation et on ramait. Heureuseme­nt, entre nous, il y a eu une complicité de malade, c’était mon grand frère. » Avec l’acteur qui joue son père, même connivence émouvante. Entre les prises, les « Suprêmes » chahutent comme des gamins. « À l’hôtel, le soir, on jouait à se courir après avec des pistolets en plastique à balles de mousse. » Au final, une expérience

« de ouf » pour l’ex-étudiant, en section anglais et comédie musicale, du cours Florent. « J’ai beaucoup de chance, ditil, tout s’emboîte vraiment bien. » Car après avoir arrêté le surf, à 19 ans, il était monté à Paris, plein d’espoir de « trouver un bâtiment avec marqué “casting” » pour s’y inscrire. Une envie depuis qu’à 13 ans, casté dans la rue, il avait fait de la figuration dans un film avec Karine Viard, tourné aux Sablesd’Olonne. « Nous, les figurants, on attendait sous la pluie. Les acteurs, eux, avaient des manteaux, je me suis dit : “Ah ouais…” » Sa soeur lui suggère de s’inscrire pour un stage au cours Florent, il y restera deux ans. « Je ne connaissai­s rien au théâtre, mais j’ai eu des profs géniaux et j’ai vite adoré. Au début, je me laissais un peu vivre mais un jour, un professeur m’a mis un coup de pression devant tout le monde parce que j’avais raté un cours, et j’ai relevé le défi. » Très vite, il trouve un agent, enchaîne les téléfilms, puis se fait remarquer dans

La Dernière Vague, À la folie ou Garçon Chiffon. Aujourd’hui, le rêve du chouchou ? « M’exporter, comme Tahar Rahim. » Chiche ?

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