«Consultante et graphiste, j’ai repris la ferme de mes parents »
Fille d’agriculteurs en Normandie, Nadège a dû prendre une autre voie… Jusqu’à ce que le destin lui donne un petit coup de pouce.
Ma vie avant
Petite, je veux être maîtresse ou pharmacienne. Mes parents ont une ferme en Normandie, j’aimerais faire leur métier – j’adore observer les cultures, être en plein air – , mais le milieu est très masculin et je n’arrive pas à être recrutée. Je fais donc du conseil agricole dans le domaine informatique : formations à Internet, à Excel… Parallèlement, je monte ma boîte de graphisme – je découvre l’entreprenariat, j’adore. Avec mon mari, ingénieur agroalimentaire, on déménage en Espagne pour son travail. Mes parents voudraient que je prenne leur suite à la ferme, mais c’est impossible : je ne me vois pas faire des allers-retours incessants…
Le déclic
On rentre d’Espagne et mon mari me glisse : « Quitte à être en France, pourquoi on ne reprendrait pas une ferme ? » Sérieux ? ! Comme une évidence, cette envie qui était toujours restée en moi me revient de plein fouet. Je retourne voir mes parents : « On a changé d’avis finalement ! » Je me sens soulagée, comme si les étoiles s’alignaient.
Action !
On prépare notre installation pendant deux ans : on monte notre projet économique, on rencontre des banques, on fait des dizaines de formations sur le tassement des sols, la production végétale, la fabrication de la farine, le désherbage mécanique… Un travail fou, mais tellement intéressant ! Quand mes parents prennent leur retraite en 2018, on est prêts.
Et maintenant ?
À la ferme, on se répartit le travail : mon mari s’occupe surtout de la mécanique, de l’enregistrement de la comptabilité ; moi plutôt de la facturation, de la vente directe et des réseaux sociaux. Beaucoup de gens ne connaissent pas notre métier, alors j’explique ce qu’on fait, pourquoi, à quel moment… On est sur Instagram, Twitter (@agri_zoom) et Facebook (Ferme de la Villedieu). On travaille sur de grandes cultures – on cultive des pommes de terre, du blé, du lin. Vous saviez que 50 % de la production mondiale de lin venait de Normandie ? C’est un peu comme le vin : chaque année, on a une qualité, une couleur différente selon la météo… C’est un métier passionnant mais très prenant : on ne peut pas prévoir nos vacances, on est dépendants de nos cultures et de la météo. On a un employé, plus un saisonnier l’été pour nous aider… Je croise les doigts pour qu’on puisse prendre bientôt quelques jours !