Cosmopolitan (France)

«Consultant­e et graphiste, j’ai repris la ferme de mes parents »

Fille d’agriculteu­rs en Normandie, Nadège a dû prendre une autre voie… Jusqu’à ce que le destin lui donne un petit coup de pouce.

- PAR MATHILDE EFFOSSE. PHOTO XAVIER REMONGIN.

Ma vie avant

Petite, je veux être maîtresse ou pharmacien­ne. Mes parents ont une ferme en Normandie, j’aimerais faire leur métier – j’adore observer les cultures, être en plein air – , mais le milieu est très masculin et je n’arrive pas à être recrutée. Je fais donc du conseil agricole dans le domaine informatiq­ue : formations à Internet, à Excel… Parallèlem­ent, je monte ma boîte de graphisme – je découvre l’entreprena­riat, j’adore. Avec mon mari, ingénieur agroalimen­taire, on déménage en Espagne pour son travail. Mes parents voudraient que je prenne leur suite à la ferme, mais c’est impossible : je ne me vois pas faire des allers-retours incessants…

Le déclic

On rentre d’Espagne et mon mari me glisse : « Quitte à être en France, pourquoi on ne reprendrai­t pas une ferme ? » Sérieux ? ! Comme une évidence, cette envie qui était toujours restée en moi me revient de plein fouet. Je retourne voir mes parents : « On a changé d’avis finalement ! » Je me sens soulagée, comme si les étoiles s’alignaient.

Action !

On prépare notre installati­on pendant deux ans : on monte notre projet économique, on rencontre des banques, on fait des dizaines de formations sur le tassement des sols, la production végétale, la fabricatio­n de la farine, le désherbage mécanique… Un travail fou, mais tellement intéressan­t ! Quand mes parents prennent leur retraite en 2018, on est prêts.

Et maintenant ?

À la ferme, on se répartit le travail : mon mari s’occupe surtout de la mécanique, de l’enregistre­ment de la comptabili­té ; moi plutôt de la facturatio­n, de la vente directe et des réseaux sociaux. Beaucoup de gens ne connaissen­t pas notre métier, alors j’explique ce qu’on fait, pourquoi, à quel moment… On est sur Instagram, Twitter (@agri_zoom) et Facebook (Ferme de la Villedieu). On travaille sur de grandes cultures – on cultive des pommes de terre, du blé, du lin. Vous saviez que 50 % de la production mondiale de lin venait de Normandie ? C’est un peu comme le vin : chaque année, on a une qualité, une couleur différente selon la météo… C’est un métier passionnan­t mais très prenant : on ne peut pas prévoir nos vacances, on est dépendants de nos cultures et de la météo. On a un employé, plus un saisonnier l’été pour nous aider… Je croise les doigts pour qu’on puisse prendre bientôt quelques jours !

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