Cosmopolitan (France)

... la fête des Mères

Si je la loupais, elle ne serait pas contente.

- PAR MATHILDE EFFOSSE

QQuand j’étais petite, je couvrais ma chère maman de cadeaux précieux : colliers de pâtes en or (bon OK, peints en doré mais à 4 ans on est des pies, tout ce qui brille est de l’or) ; adorable sculpture de mes pognes de Lilliputie­nne en pâte à sel (pour accompagne­r celle de mes pieds de l’année précédente) ; pot de fleurs en feutrine (dans lequel on ne peut pas mettre de fleurs parce que justement c’est en feutrine)… J’étais si fière de mes surprises que je vérifiais systématiq­uement que ma mère ne parte pas à ses dîners sans sa rivière de macaronis en or. Un si beau bijou, enfin, faut le montrer ! Bref, la fête des Mères, c’est pour les enfants, et avec le recul… c’est juste un mauvais moment à passer pour les mamans. Hein ?

C’est pas pour Pétain ?

Adolescent­e, ma créativité en matière de cadeau de fête des Mères s’essouffle. J’ai beau être en option arts plastiques, personne ne m’apprend à updater mes surprises annuelles. Et puis je suis dans le pire moment de ma vie pour cette connerie : une ado qui aimerait qu’on la voie comme une adulte, mais sans compte en banque ! Je ne vais pas lui écrire un poème, quand même ! C’est quand qu’on arrête de fêter ce truc ?

Et puis c’est pas Pétain qui a inventé la fête des Mères ? Spoiler : non. Si cette célébratio­n a été adoptée en France pendant l’entre-deux-guerres, elle était déjà fêtée dans plus de 130 pays avant nous.

Donc tout mettre sur le dos du maréchal Pétoche, c’est lui donner beaucoup de crédit. Argument anti-fête des Mères réfuté.

C’est pour les marques

Devant l’excitation infatigabl­e de ma mère quand arrive le mois de mai, je soupire : pourquoi elle s’évertue à vouloir fêter ce truc commercial ? ! C’est un piège, quand on voit les vitrines remplies de produits spéciaux vendus deux fois plus cher parce qu’il y a un « Je t’aime maman » ou un vieil ours qui tient un coeur pourri sur l’emballage, on se dit que les directeurs artistique­s et les graphistes se souviennen­t vachement bien de leurs cours de maternelle. Et puis on est grands maintenant, la fête des Mères c’est tous les jours, blablabla… Mais ma mère refuse d’ignorer cet événement : tous les ans, trois semaines avant le jour fatidique, mon frère et moi avons droit au même texto : « On fait quoi pour ma fête ? »

C’est pour les mamans

Au bout d’une dizaine d’années de vie d’adulte à voir son sourire s’étirer quand approche le dernier dimanche de mai, je comprends enfin : la fête des Mères, ce n’est ni pour occuper les enfants, ni pour engraisser les sociétés de cartes postales. On n’est pas obligé de dépenser de l’argent, après tout – la preuve, le moment où on savait le mieux la fêter, c’était quand on collait des spaghettis sur des pots à crayon. Et ça rendait quand même notre maman plus heureuse qu’une influenceu­se devant une propositio­n de placement de produit. La fête des Mères, c’est pour les mamans, tout simplement. Alors cette année, maman, je vais te faire un beau dessin. Et un petit mot ici. Parce que comme je te le disais quand j’avais 3 ans :

« Il y a plus de fleurs pour maman dans mon coeur que dans le monde entier. » Bonne fête « Mama », je t’aime !

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France