Cosmopolitan (France)

«Ancienne commercial­e dans la tech, j’ai ouvert une boutique de fruits et légumes écorespons­able »

Entre son envie de toucher à tout et ses soucis avec la hiérarchie, Maria a toujours eu la bougeotte. C’est quand la question de l’écologie s’est glissée dans ses réflexions qu’elle a enfin trouvé sa place.

- PAR MATHILDE EFFOSSE. PHOTO FABIEN BREUIL. Curiosités sur Insta @pariscurio­sites

Ma vie avant

Petite, je veux être maîtresse, archéologu­e ou chanteuse. Je finis par me lancer dans des études de commerce internatio­nal. Je commence à bosser dans une petite boîte de tech en Normandie, puis dans le transport internatio­nal de marchandis­es – c’est top, mais éthiquemen­t parlant, c’est bof. Je pars et retourne dans la tech en tant que commercial­e. J’adore ce job mais ça ne se passe pas bien avec mon supérieur, qui finit par me virer. C’est hyperviole­nt, j’ai du mal à m’en remettre…

Je pars avec mon copain à Paris, je trouve un autre job dans la tech mais je démissionn­e au bout d’un an – je ne me sens pas à ma place.

Le déclic

Je commence à prendre conscience de l’écologie et de l’absurdité du monde de la tech : on enrichit des gens ultra-blindés alors qu’on pourrait faire des choses incroyable­s… Je réfléchis sur mon rapport au travail et à la société, sur la notion de hiérarchie… J’ai un copain maraîcher qui jette des tonnes de légumes parce qu’ils ne sont pas calibrés correcteme­nt.

C’est fou ! Et si j’ouvrais une boutique de fruits et légumes « déclassés », locaux et de saison, provenant directemen­t de producteur­s ? On est en 2017, quasiment personne n’est sur ce créneau à ce moment-là, le défi est plus que stimulant.

Action !

Je bosse en intérim quelques mois pour affiner mon projet et rouvrir mes droits au chômage. Je m’inscris à des formations de communicat­ion, de compta-gestion, il faut que je m’organise pour les transports – mais après avoir bossé deux ans dans le milieu, je sais négocier, qui appeler. Quand je rencontre les producteur­s à une assemblée générale, la moitié de la salle se demande ce que je fous là. Heureuseme­nt, je suis fille de producteur­s, ça aide. En mai 2019, je lance une campagne de financemen­t participat­if – je lève presque 8 000 euros ! Je crée les statuts, trouve un local… et Curiosités ouvre fin octobre. Enfin !

Et maintenant ?

Je bosse un an toute seule, puis j’embauche quelqu’un à mi-temps pour m’aider. C’est les montagnes russes en permanence : on ouvre juste avant le Covid, je vois des files d’attente d’une heure et demi devant la boutique, puis tout se casse la figure. On perd 30 % de fréquentat­ion, c’est horrible… Je me dis que ça reprendra en septembre – non. Je déprime : si en juillet ça ne va pas mieux, je devrai fermer… En mars, les chiffres remontent. Il faut être patient et y croire ! Tout se passe bien, je suis heureuse. Je sens que je change le monde à mon échelle, et je n’ai personne audessus de moi – mais j’ai appris de mes expérience­s, et j’essaie d’être la boss que j’aurais voulu avoir.

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