Cosmopolitan (France)

Anaïs : « Je n’en parle pas à beaucoup de personnes. J’ai besoin de me sentir en confiance. »

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J’habite en Angleterre, et à la tête du médecin qui me fait l’échographi­e, je comprends que les résultats sont mauvais. Mon mari est présent durant l’annonce, il me serre la main. Je suis en pleurs. C’est peut-être égoïste mais une question tourne en boucle dans ma tête : « Pourquoi moi ? » Pour mon conjoint, c’est un choc émotionnel. Depuis ce jour, il a des migraines et tout le temps froid. Comme si quelque chose dans son corps s’était cassé. Je prends le parti de ne pas prévenir mes parents tout de suite. Ils s’apprêtent à faire un trek en Himalaya. Là-bas, il n’y a aucun réseau, nous ne pourrons pas communique­r. Je sais aussi que la santé est un sujet sensible et je ne veux pas les stresser. En attendant, j’appelle ma petite soeur en FaceTime. Les sanglots montent, je ne peux pas parler. Mon mari prend le relais et se charge de lui annoncer. Je pense également à sa fille… Ce cancer est peut-être génétique et je me dois de faire un test pour elles, pour dissiper le doute. Il s’avère que nos gènes ne sont pas porteurs de la maladie. C’est déjà un soulagemen­t ! Quand mes parents rentrent de voyage, je leur conseille de s’asseoir : « Voilà, j’ai été opérée d’un cancer du sein, tout s’est bien passé, je n’ai pas besoin de chimiothér­apie et ne vous inquiétez pas, je viens toujours à Noël. » Mon père ne réagit pas. En revanche, ma mère accepte mal que j’aie attendu autant de temps pour les tenir au courant. Mon cancer, je n’en parle pas à beaucoup de personnes.

J’ai besoin de m’écouter, de me sentir prête et en confiance.

Et aujourd’hui ? Nous sommes rentrés en France, nous avons acheté une maison en Normandie et j’ai repris le boulot. J’ai également revu le sens de mes priorités : je ne vis plus pour travailler, je travaille pour vivre.

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