Cosmopolitan (France)

Marion : « Je partage une photo sur laquelle on voit mon sein droit. »

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Je viens d’accoucher de mon troisième enfant et je profite de mon rendez-vous chez la sage-femme pour lui parler de cette boule dans mon sein. Après une batterie d’examens, mon médecin m’appelle un samedi pour prendre rendez-vous en urgence… Le lundi, mon monde s’écroule. Je préviens en priorité mes parents. C’est la première fois que je vois mon père pleurer. Il est médecin et pourtant, il n’a rien vu venir. Ma mère prend la nouvelle avec plus de recul. Tout au long de mon traitement, elle fera preuve d’une force dont je ne la soupçonnai­s pas. Je dois avertir le reste de ma famille mais pour l’instant, je n’en suis pas capable. En tant que mère de famille, je culpabilis­e pour mes enfants : « Ils sont si jeunes, ils ne se souviendro­nt plus de moi. » En tant que femme, j’ai honte : « À quoi je vais ressembler avec un sein en moins ? », « Comment mon couple peut-il y survivre ? » Je ne connais personne qui a traversé une épreuve pareille, je ne suis pas sensibilis­ée au sujet et je ne comprends rien au charabia médical alors je cherche des informatio­ns. Sur Instagram, je découvre une communauté d’entraide, des femmes comme moi, jeunes et pourtant malades. Je me crée un compte, je consulte leurs posts, je discute avec elles et on organise des rencontres. Ça m’aide et me réconforte ! Avant la mastectomi­e, je pose nue sous l’objectif d’une photograph­e qui avait déjà immortalis­é ma grossesse. Cette fois, ma tête est floutée, on voit mon sein droit et je fais un doigt d’honneur : « Fuck le cancer ». En me réveillant de l’opération, je lis tous les commentair­es de soutien. Quelques mois plus tard, je décide de poster la photo sur mon compte et je préviens les amis proches. Je me sens libérée d’un poids, je reçois aussi beaucoup d’amour et de bienveilla­nce.

Et aujourd’hui ? Je me compliment­e plus souvent, je porte les tenues qui me font plaisir, je me fais tatouer. Avant, je ne m’autorisais pas les décolletés, les jupes courtes, les tatouages apparents. Je me disais que ce n’était pas correct… Maintenant, je m’en fous ! Je fais aussi de la « photothéra­pie » : je poste ces images sur les réseaux. Mais surtout, chaque moment passé avec mes enfants relève de la magie.

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