Cosmopolitan (France)

Jeanne Friot

- Par Sophie Billaud

Son discours est militant et engagé. Ses collection­s créatives avec un esprit punk. On la classerait volontiers dans la famille des rebelles, aux côtés d’Alexander McQueen et de Vivienne Westwood. À contre-courant de l’ultra fast fashion, Jeanne propose une mode 100 % écorespons­able, made in France et surtout non-genrée. Des valeurs qu’elle défend depuis qu’elle est étudiante. Après être passée par l’école Duperré, l’IFM et les maisons

Balenciaga ou Kitsuné, elle décide de lancer sa marque. Une évidence. On la rencontre à La Caserne, un incubateur de mode green à Paris, où se situe son atelier.

Pourquoi la mode ?

Je veux créer des vêtements depuis que je suis enfant, j’adore ça. Je suis aussi une grande passionnée de peinture, de cinéma, de sculpture et de littératur­e. Pour moi, la mode a ce pouvoir de réunir tous ces arts.

Si tu pouvais changer quelque chose dans ce domaine ?

C’est l’une des industries les plus polluantes au monde et mon rêve serait qu’on travaille tous avec des matières recyclées et en favorisant le made in France. Ça a un coût, c’est souvent difficile mais il faut se forcer pour ne pas perdre nos savoir-faire.

Où sont les femmes dans la mode ?

Dans les écoles, il y a environ 90 % de femmes et 10 % d’hommes. Ces derniers se retrouvent vite aux postes de dirigeants ou de directeurs artistique­s alors que les femmes sont reléguées dans les ateliers ou au stylisme. C’est pour cette raison que je voulais monter ma marque : une façon de montrer que nous les femmes, on peut être présentes aux postes de pouvoir. Il faut véhiculer de nouveaux modèles pour les jeunes génération­s.

La mode, dans dix ans, tu l’imagines comment ?

J’espère que tout sera décloisonn­é et qu’il n’y aura plus de Fashion Week ou de boutiques hommes ou femmes.

Le meilleur souvenir de ta carrière ?

Quand on m’a appelée pour me dire que Madonna voulait une reproducti­on de ma robe ceinture. J’ai bossé toute la nuit à l’atelier avec mes proches pour l’envoyer dans les temps. J’étais hyper stressée mais quand elle l’a finalement portée pour son anniversai­re, ça a été ma plus belle récompense !

Une femme qui a révolution­né la mode ?

Vivienne Westwood ! C’est la première à avoir créé un mouvement de musique par la mode. Sans elle, pas de punk. C’était aussi une écologiste très engagée jusqu’à la fin de sa vie.

Une musique que tu écoutes en boucle quand tu crées ?

Le premier album solo de Romy Madley Croft (du groupe The XX) qui s’appelle Mid Air. Je suis fan ! À ton dîner parfait pour présenter ta collection, tu inviterais qui ?

John Water car j’ai lu sa bio cet été et j’ai adoré – tout comme ses films –, il comprend vraiment les enjeux de notre époque ; le journalist­e Luke Leitch, qui me soutient depuis mes débuts ; et Virginie Despentes, car sans son travail je n’aurais peut-être pas eu le courage de porter ma voix de femme lesbienne dans la mode.

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