Écosse : whiskys, châteaux et fantômes
DANS LES BRUMES D’ÉCOSSE
PARLER D’ÉCOSSE ÉVOQUE AUSSITÔT LES CHÂTEAUX QUI ÉMERGENT DE LA BRUME, LES LANDES SAUVAGES, LES LOCHS, LES CORNEMUSES... ET SON WHISKY QUI RÉCHAUFFE LE CORPS ET L’ESPRIT. PRÊTS À DÉCOUVRIR QUELQUES-UNS DE CES ÉLIXIRS LÉGENDAIRES ?
Encore un whisky, Sir ? C’est dans l’île d’Islay, la plus méridionale d’Écosse, à 150 km de Glasgow, qu’a débuté mon périple. La réputation des whiskys m’avait entraîné dans ce territoire balayé par les vents et les embruns marins. Comment résister au whisky Lagavulin à la grande complexité aromatique ou au Laphroaig à l’arôme de tourbe et d’algues ? Pas de châteaux, mais des paysages côtiers spectaculaires. En 5 min de ferry, me voici dans l’île de Jura, la plus sauvage de l’archipel. Georges Orwell y puisa l’inspiration pour son livre «1994». L‘île est connue pour ses pics montagneux, ses 5000 cerfs, ses légendes et son fameux Jura, un whisky marqué par des notes de fruits et de beurre. Retour sur terre aux Highlands. Après avoir longé le loch Awe et le mont Ben Nevis, le sommet plus haut d’Écosse, je rejoins la vallée du Glen Shiel impressionnante avec ses pics austères qui semblent barrer le ciel. Un arrêt par Eilean Donan Castle s’impose. Le château le plus emblématique et le plus photographié du pays a été construit à la croisée de trois lochs. En tendant l’oreille, on peut entendre les frôlements des fantômes qui hantent les lieux telle Dame Mary avec ses gants blancs face à l’île de Skye. Sur l’île, justement, impossible de ne pas tester The Talisker, un whisky à l’arôme poivré très fort qui réchaufferait un fantôme... Waouh ! c’est fort.
Un crochet par la distillerie de whisky de Glenmoragie, et un stop à Inverness, capitale du kilt, et je file, car j’ai rendez-vous avec Nessie. Mais le mystérieux locataire du Loch Ness n’a pas montré son museau ! Alors, je me suis consolé en flânant dans la vallée de Speyside, le berceau du whisky. Là, pas moins de 43 distilleries se succèdent autour de la Spey et de ses affluents. Difficile de choisir entre l’Aberlour fruité avec sa touche d’épices, le Glenlivet et ses saveurs de poire mûre et orange épicée, le Glenfiddich et sa couleur vieil or, ou le Macallan, surnommé la Rolls Royce des single mat, avec ses saveurs tantôt chocolat noir, agrumes et miel, tantôt caramel et miel. Après les dégustations, avec modération of course, mon esprit a cru apercevoir les fantômes du château de Ballindalloch et le train à vapeur tout gris de Dunphail qui flotte au-dessus des voies par lune noire. Amateurs de frissons, de châteaux hantés et de brumes d’alcool, slàinte (santé), comme disent les Celtes !